07072024

“Jésus se mit à enseigner”. Une fois de plus, les gens sont frappés d’étonnement par la sagesse de ses paroles. Même ses opposants sont surpris par son autorité. D’où tient-il cette autorité ? Voilà la première question que l’évangile de ce dimanche nous pose : d’où lui vient cette sagesse ? Nous connaissons la réponse : son secret c’est sa relation intime avec son Père, son secret c’est qu’il est connecté avec la source de la vie, avec la source de son être. Nous aussi, comme disciples, c’est le témoignage que nous sommes appelés à donner : une parole qui vienne de la profondeur de notre être et soit cohérente avec notre vie.

Malgré la forte impression qu’il produit, Jésus est rejeté par les gens de son pays. Comment comprendre l’attitude des gens de Nazareth ? Ils devraient être fiers qu’un des leurs ait été choisi, heureux que le Messie se trouve parmi eux. Au contraire, ils sont scandalisés parce qu’ils ne peuvent croire que Dieu se soit manifesté dans un individu particulier, et de plus d’origine si modeste, semblable à tant d’autres. Ils ne peuvent accepter l’inouï de l’incarnation. Cette attitude d’incompréhension et de rejet doit nous interpeller parce que bien souvent nous ne mesurons plus le miracle d’un Dieu qui s’est fait l’un de nous.  L’attitude des gens de Nazareth nous met en face de la réalité : nous fondons notre vie sur un homme particulier, fils d’un charpentier, lequel a vécu il y a 2000 ans dans un pays et une culture déterminée. C’est le scandale de l’incarnation, c’est le mystère de l’amour de Dieu qui nous dépasse…

On peut penser aussi que dans ce rejet il y a une réaction de peur et de défense car la parole de Jésus dérange. Ses auditeurs sont frappés par son autorité mais ils se sentent aussi invités à changer, à se convertir. C’est vrai que nous pouvons avoir peur quand le Seigneur s’approche trop. Nous préférons alors que Dieu reste dans son ciel, à distance. C’est bien pourquoi nous avons toujours la tentation de renvoyer Jésus dans un monde virtuel et céleste. Que Dieu se fasse l’un de nous, qu’il frappe à notre porte, qu’il nous parle personnellement, cela nous dérange. En particulier, quand cette proximité prend la forme concrète d’un frère ou d’une sœur qui nous demande de l’aide, quand il prend la forme d’un malade, d’un pauvre, d’un de ces petits auxquels Jésus s’identifie.

« Et là il ne put accomplir aucun miracle ». Si nous ne voulons pas l’accueillir et lui ouvrir la porte, le Seigneur respecte notre liberté, il ne s’impose pas. L’indifférence barre la route aux miracles. Le pouvoir de Dieu dépend de notre foi. Là où il n’y a pas de foi, il ne peut pas y avoir de miracle. Bien souvent Jésus a dit à ceux qu’il avait guéri : « Ta foi t’a sauvé. » C’est dire : ta foi a permis que je puisse agir en toi. La parole du Seigneur, pour qu’elle devienne féconde, a besoin de tomber dans une terre accueillante où elle puisse produire du fruit. Et pourtant, dans ce climat hostile il est écrit que Jésus a pu opérer quand même quelques guérisons. C’est dire que même là dans cette situation il a pu trouver un peu de bonne terre. Nous ne devons pas nécessairement imaginer des miracles physiques mais penser à tous ces miracles cachés opérés secrètement, aujourd’hui comme hier, dans les cœurs par la présence et la parole du Seigneur.

Cet épisode nous avertit que Jésus peut être repoussé par ceux qui croient le connaître le mieux, mais qui sont fermés à la nouveauté de son message et au mystère de sa personne. Demandons-nous : comment accueillons-nous Jésus, nous qui nous considérons comme de sa famille et prétendons le connaître ? Ne courrons-nous pas le risque d’éteindre son Esprit et de manquer de foi en la force transformatrice de sa Parole ? Or, ils sont nombreux les chrétiens pour qui Jésus n’est d’aucune façon l’inspirateur de leur vie. Et pourtant, Jésus, dans la mesure où il est mieux connu et suivi plus fidèlement peut continuer à nous transformer peu à peu à sa ressemblance. Non comme un maître lointain qui aurait légué une sagesse admirable à l’humanité, mais comme quelqu’un de vivant qui se fait proche et nous accompagne avec patience et tendresse.

Jésus nous enseigne une fois encore que la foi peut guérir. La foi en l’amour inconditionnel de Dieu peut nous guérir. Les problèmes ne disparaissent pas pour autant. Mais le fait de savoir qu’au plus intime nous sommes aimés, toujours et en toute circonstance, et non parce que nous sommes bons et saints, mais simplement parce que Dieu nous aime, c’est une expérience qui nous donne une grande sécurité intérieure et une paix profonde.

Puissions-nous découvrir, frères et sœurs, comme saint Paul, que la grâce de Dieu agit dans notre faiblesse, qu’elle peut même donner toute sa mesure quand nous sommes faibles. Une telle révélation peut changer notre existence. Puissions-nous dire un jour en toute vérité cette parole étonnante et mystérieuse : « lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort. »

Frère Bernard

Lectures
Ez 2, 2-5
Ps 122 (123), 1-2ab, 2cdef, 3-4
2 Co 12,7-10
Mc 6, 1-6

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