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« Allez dire à ses disciples et à Pierre, Il vous précède en Galilée ». Nous pouvons nous demander : pourquoi cette insistance de Jésus sur le choix de la Galilée comme lieu privilégié de sa manifestation pascale ? C’est que l’évènement de la résurrection, aussi incroyable qu’il soit, ne doit pas être perçu comme une rupture entre le présent et le passé, entre la gloire du ressuscité et l’humanité de Jésus de Nazareth. Cet homme de Galilée que les disciples ont connu et ont suivi, c’est bien le même qui se révèle aujourd’hui dans la gloire. Une telle reconnaissance ne pouvait se faire qu’en Galilée, là où se trouve le souvenir de tout ce que Jésus a vécu et partagé avec eux. C’est le Seigneur, mais en même temps il reste notre frère en humanité.

L’inouï de la résurrection risquait, dans l’esprit des disciples, de séparer Jésus de notre humanité et de notre histoire. Aussi était-il très important de relier l’évènement de la résurrection avec tout ce qui a précédé sur les chemins de Galilée, la proximité de Jésus, son amitié. Les disciples devaient savoir que le vainqueur de la mort était cet homme si proche, si merveilleusement humain avec lequel ils avaient partagé durant trois ans. Son retour dans la gloire du Père ne l’éloigne pas de notre humanité et il demeure aussi présent, même plus proche qu’avant. Ses dernières paroles ne laisseront d’ailleurs aucun doute à ce sujet : « sachez que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. »

Mais si le Christ peut désormais être présent à chacun, à chacune, et en même temps à tous et à toutes, c’est que sa résurrection n’est pas un retour dans le monde comme avant. Désormais, il nous précède, comme Dieu l’a fait en ouvrant un chemin dans la mer pour sauver le peuple hébreu. Après avoir traversé les eaux de la mort, le Seigneur Jésus est sur l’autre rive, et il ouvre un chemin à toute l’humanité. Avec patience, bonté et une infinie miséricorde, il nous fait passer un à un, en nous prenant chacun par la main. Ainsi avec le Christ, notre vie devient un passage, devient une pâque.

Il y a bien sûr la pâque de notre mort, notre pâque définitive. Cette traversée de la mort, c’est le passage que nous redoutons. Pourtant, le passage crucial, d’après l’évangile, ce n’est pas la mort, c’est le passage à la foi puisqu’il nous est dit : « celui qui croit, a la vie éternelle ». Si je dis oui à Dieu, j’entre déjà dans la vie divine.

Et puis, il y a toutes les pâques au long de notre existence. Ce sont les passages de l’autonomie à la dépendance, de la possession au dépouillement, de la maîtrise à l’abandon. Nous élaborons des projets, nous voulons continuer à nous rendre utiles, et voilà qu’arrive un temps où nous nous trouvons devoir faire appel aux autres. Ce sont de petites incapacités, des limites matérielles, nerveuses ou psychologiques qui nous obligent à demander de l’aide. C’est la pâque de la maladie, de la vieillesse. Nous étions pleins de vitalité et voilà que les forces nous font défaut. Mais là également, le Seigneur vient à notre rencontre pour nous faire passer le cap, pour nous ouvrir dans nos obscurités, un chemin de lumière.

Mais, il y a tout d’abord la pâque de notre baptême. C’est le premier passage qui annonce tous les autres. C’est notre passage de la Mer Rouge. Jésus nous a pris dans ses bras et nous a fait traverser. C’est un rite par lequel il nous a signifié que nous pouvions traverser toutes les ténèbres du mal ; c’est un sacrement qui nous assure qu’il est à nos côtés pour nous faire passer, dans toute situation, de ce qui est mort à ce qui est vie. C’est un évènement qui oriente toute notre existence et c’est pourquoi, dans un instant, nous allons renouveler notre foi baptismale ; avec en plus la joie, en cette nuit sainte, de célébrer le baptême d’une catéchumène présente parmi nous.

Mener une existence pascale, c’est croire que la puissance du ressuscité peut, malgré des détours inattendus, exaucer notre aspiration la plus profonde, celle d’une vie qui a la promesse de l’éternité. Mener une existence pascale, c’est aussi regarder de temps en temps le chemin déjà parcouru et nous émerveiller, comme les Hébreux passés sur l’autre rive : comme nous avons bien fait de faire confiance au Seigneur, d’avoir osé traverser avec lui ! Tout a été plus facile et nous nous sentons tellement plus libres à partir du moment où nous avons choisi de dire oui au Christ.

Fr. Bernard de Briey

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