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Chers sœurs et frères,

Un des jours du carnaval, le petit de mes voisins est allé faire des courses.  Le monsieur du magasin l’observe et le regarde dans les yeux : « Tu ne vas quand-même pas voler ce jouet ? », dit-il.  Le garçon répond : « Mais monsieur, je suis justement en train de m’empêcher de voler ».

Chaque jour de notre vie la tentation est présente, mais comment y résister ?

Aujourd’hui, nos deux récits bibliques parlent de la tentation par le sens de la bouche d’abord. Chez les Pères de l’Église, la tentation de la bouche voulait dire se rassasier, se remplir, combler nos propres désirs et ne plus laisser suffisamment de place à Dieu.

Au jardin d’Éden, Adam a voulu prendre la place de Dieu en devenant semblable à lui en voulant contrôler la notion du bien et du mal.

Au désert, Jésus est tenté de ne plus honorer Dieu, mais d’honorer Satan.

D’un côté, une tentation de pouvoir divin illusoire. De l’autre côté, une tentation de pouvoir temporaire, sans lendemain.

Ne sommes-nous pas, nous aussi, tentés de sacrifier à tout moment nos principes pour un possible gain à court terme ? Nous avons toujours le choix (entre la « convoitise » ou la volonté de Dieu).

En effet, le mot « tenter » signifie à l’origine tester, éprouver. Dans tout l’Ancien Testament, le Peuple de Dieu est mis à l’épreuve pour voir s’ils vont suivre les commandements du Seigneur et respecter son Alliance. Dans le contexte du Nouveau Testament, le mot tentation a souvent une connotation mauvaise et est rattaché au péché, au mal et veut dire « rater sa cible ».

Mais comment résister au mal ? Comment vaincre ces tentations et faire le bon choix? Au lieu de céder, ne pourrions-nous pas suivre l’exemple de Jésus en surmontant la tentation par la confiance en Dieu à travers sa Parole ? Par moment, nous nous demanderons peut-être si dans nos choix nous avons suffisamment discerné la volonté de Dieu quand les choses tournent mal et même parfois quand tout se passe bien.

Aux trois tentations, Jésus a répliqué par le biais des Écritures :

  1. À la première tentation (combler le manque physique), Jésus réplique : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu» (Dt 8, 3).
  2. Dans la deuxième tentation (celle du paraître), Satan lui-même demande à Jésus de se jeter du haut d’une tour de la ville en citant également les Écritures (Ps 91, 11). Jésus répond par un autre verset du livre du Deutéronome (Dt 6, 16) signifiant combien il respecte humblement la volonté du Père.
  3. Enfin, dans la troisième tentation (celle de l’orgueil), Satan lui offre tous les royaumes en échange de sa soumission. Ce à quoi Jésus réaffirme en quelque sorte le premier commandement « tu aimeras le Seigneur ton Dieu» (Dt 6, 5). La tentation concerne le pouvoir mais prendre le pouvoir rend parfois orgueilleux, et risque de mener à une situation de domination et d’abus.

Rappelons-nous que Jésus venait d’être baptisé et a proclamé son discours sur la justice et le droit. L’Esprit de Dieu était descendu sur lui, et son père avait déclaré qu’il était son fils bien-aimé (Mt 3, 22). Poussé par l’Esprit, il était prêt à se lancer dans son ministère public. (Les 40 jours et 40 nuits sont bien évidemment symboliques pour introduire ce changement.)

Le récit sur la tentation permet d’éprouver la nature de fils de l’homme attribuée à Jésus : comment celui qui est « fils bien aimé » est-il aussi « fils de Dieu » ? (Mt 4, 3.6) Le tentateur propose à Jésus de résorber l’expérience du manque constitutif de l’humanité par la toute-puissance … qui est négation de la réalité. Le tentateur propose de ne plus connaître la faim (Mt 4, 3), la mort (Mt 4, 6) et de recevoir le pouvoir sur les royaumes du monde (Mt 4, 9). Jésus s’oppose à ne plus connaître les épreuves et limites que connaît tout homme.

Jésus a relevé le défi en faisant confiance à son Père.

Puissions-nous également nous abandonner avec confiance dans les mains de notre Dieu, sachant qu’il prendra soin de chacun de ses enfants et nous rappelant que notre véritable nourriture est sa Parole.

Enfin, n’oublions pas que l’Eucharistie, que nous allons célébrer, ne supprimera pas la tentation, mais elle nous aidera, soignera nos blessures et « nous rendra plus forts dans nos faiblesses » (2 Co 12, 10).

Ce sera pour nous un moment de grâce que de nous laisser guider par l’Esprit vers le paradis perdu et retrouvé, lieu de guérison et de repos auprès du Seigneur.

Sr Julianne Day

Lectures de la messe :
Gn 2, 7-9 ; 3, 1-7a
Ps 50 (51), 3-4, 5-6ab, 12-13, 14.17
Rm 5, 12.17-19
Mt 4, 1-11

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