« Sois sans crainte Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils, tu lui donneras le nom de Jésus. »
Imaginez un peu la surprise qu’a dû vivre Marie en accueillant un ange venu lui annoncer un si mystérieux message ! Cette jeune fille n’a d’ailleurs pas laissé repartir le messager si vite. « Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge ? », demanda-t-elle à l’ange. Dans sa lucidité, Marie s’interroge. Pourquoi était-elle choisie, elle, et pas une autre? Dieu ne justifie pas son choix. Il connaissait la liberté et la disponibilité de Marie.
L’annonce à laquelle nous assistons aujourd’hui est un choix d’amour que Dieu vit en pure grâce et gratuité. Et l’amour ne s’explique pas. Comme dans toute expérience amoureuse, ceux qui en sont les bénéficiaires demeurent les premiers étonnés, car personne n’avait imaginé une telle joie. Si cela pouvait s’expliquer rationnellement, il n’y aurait plus d’amour. Dieu aussi ne peut expliquer les raisons de son choix. C’est un coup de coeur de Dieu, un pur acte d’amour.
Marie qui vit toujours les choses d’une manière très cohérente et unifiée voit dans ce geste de Dieu une continuité logique avec l’histoire sainte. Elle sait que Dieu, depuis toujours, prend parti pour le plus faible, le plus petit. « Que tout se fasse pour moi selon ta parole. » dira-t-elle à l’ange.
Son adhésion est formulée dans le même élan d’amour manifesté par Dieu. Marie est restée libre jusqu’au bout de la démarche divine, c’est pour cela que le consentement de Marie, espéré par Dieu, est réel. Sans quoi l’amour serait resté inefficace.
Par ce oui, Marie entre d’un coup et d’une manière active dans l’histoire
sainte, elle sait que la parole de Dieu réalise ce qu’elle prononce. Dire
« je t’aime » à quelqu’un n’est-ce pas vraiment l’aimer ? Marie a entendu
Dieu la reconnaître comblée de grâce et a accepté de se laisser remplir
de cette grâce divine et de méditer sa croissance dans son corps.
Cette adhésion à la grâce est offerte chaque jour à l’Eglise, c’est-à-dire à chacun de nous en particulier. Reconnaître cette grâce qui nous est donnée est une chance dont nous ne mesurons peut-être pas assez les conséquences. Souvent, nous croyons gérer notre vie par nous-mêmes et en tenir toutes les ficelles. Mais en faisant tout dépendre uniquement de nous, alors nous ne pouvons adhérer qu’à nous-mêmes. Tout devient vite compliqué car on ne sait comment sortir d’un cercle qui ne cesse de se refermer. Or la grâce nous vient de Dieu et attend, comme pour Marie, notre consentement, cette grâce vient percer ce cercle pour
nous décentrer de nous-mêmes et rendre le mouvement de notre vie
plus simple et naturel. Encore faut-il que nous soyons ouverts à l’œuvre
de Dieu en nous.
Mystérieusement, cette grâce vient susciter notre désir et rencontrer notre attente profonde. Mais, surtout, la grâce correspond au désir original de Dieu pour nous. Chacun a vécu au moins une annonciation dans son existence où, un
jour, quelqu’un – peut-être un ange – , est venu lui dire secrètement l’amour de Dieu d’une manière unique. Demandons à Dieu qu’il nous remette en mémoire ce moment initial qui détermine notre foi encore aujourd’hui et nous permet de reconnaître les annonciations supplémentaires qui nous poussent en avant.
Sans relâche, Dieu nous annonce personnellement ou communautairement, en famille ou dans tous nos lieux de vie, qu’il vient naître par nous et en nous. Comme Marie, nous sommes surpris par le désir de Dieu, mais pourquoi cela nous arrive-t-il ? Pourquoi à nous ?
Fr. Pierre Gabriel
Lectures du jour :
2 S 7, 1-5.8b-12.14a.16
Ps 88 (89), 2-3, 4-5, 27.29
Rm 16, 25-27
Lc 1, 26-38