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Au début de l’Évangile, il y a Jésus, ses disciples et une foule nombreuse. Selon le contexte qui précède, Jésus les amène avec lui vers Jérusalem. Jésus est en mouvement ! Il y a aussi Bartimée, aveugle mendiant, assis au bord du chemin. N’oubliez pas de choisir un personnage et essayez d’entrer dans sa peau en étant attentifs à ce que ce qu’il ressent au profond de lui-même !

Jésus et ses proches ont un but précis en tête. Par contre Bartimée, dépendant du bon vouloir des passants, entend dire que Jésus passe. Sa cécité l’a rendu marginalisé mais il crie: » Fils de David , Jésus, prends pitié de moi! » Il n’a rien et n’est rien aux yeux de la foule, aussi certains le rabrouent pour le faire taire. Et Bartimée de crier de plus en plus fort : « Fils de David, prends pitié de moi !»

Histoire d’hier, me direz-vous ! Mais ainsi réagit Marie-Ascension, jeune Burundaise de 13 ans kidnappée par Michel Fourniret ! Face au mutisme de ce dernier, avec sa foi d’enfant, elle commença à prier Marie à haute voix. Cela énervait son kidnappeur, aussi elle priait de plus en plus fort. Excédé par cette réaction imprévue de sa victime, il s’arrêta lui lia mains et pieds et la mit à l’arrière de sa camionnette, puis reprit la route. Sans que le conducteur s’en rende compte, Marie-Ascension, tout en priant, parvint à dé-serrer ses liens et à s’échapper au cours d’un ralentissement. Recueillie par une automobiliste qui, par un subterfuge, releva le numéro de plaque du véhicule de Michel Fourniret ! Arrêté, ce dernier fut mis hors d’état de nuire. Fourniret déstabilisé par l’apparente sérénité de cette jeune fille, sa confiance en un Dieu dont lui ne savait que se moquer. Foi d’une jeune confrontant un truand se croyant tout puissant! (D’après : Pour une foi libre. Credo d’un laïc. R.de Beco. Edit.Fidélité. 2019) Ainsi Bartimée essuyant les sarcasmes et le mépris de la foule interpellant Jésus de plus en plus fort !

Revenons à l’Évangile ! Malgré le tumulte de la foule, Jésus entend le cri désespéré de cet homme. Il prend le temps de s’arrêter et ordonne de l’appeler. La foule, ignorant d’abord ce marginal, s’opposant à ses appels, transmet à cet homme l’appel de Jésus et l’invite à la confiance : «Confiance, lève-toi, il t’appelle.» Quelle conversion du regard de la foule opérée ainsi par Jésus ! Et Bartimée de jeter son manteau encombrant, bondit et court vers Jésus ! On peut interpréter cet abandon du manteau par Bartimée comme le geste du vrai disciple, qui abandonne tout pour suivre le Christ. Il croit que Jésus a la puissance de lui donner une vie nouvelle, bien plus belle que celle d’un aveugle assis sur le bord du chemin ! Ce que n’a pu réaliser l’homme riche (Lc 10, 21-22) Et de joie, Bartimée bondit alors que l’homme riche s’en retourna tout triste.

Bartimée n’a pas le temps d’ouvrir la bouche : «Que veux-tu que je fasse pour toi», lui dit Jésus. Question déjà posée par Jésus aux fils de Zébédée : « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? » Ces derniers avaient demandé de pouvoir siéger à sa droite et à sa gauche dans sa gloire. En réalité, ils demandaient de partager la gloire de Jésus et d’être ainsi valorisés. Aveuglés par leur désir d’être reconnus, ils ne voient pas, ils ne comprennent pas que la gloire, Jésus, la reçoit de son Père et est réservée en priorité aux petits aux yeux des hommes, comme le proclamait déjà Jérémie. « Voici que je fais revenir de l’exil, le reste d’Israël et parmi lui, tous ensemble, l’aveugle et le boiteux, la femme enceinte et la jeune accouchée. » À Jacques et à Jean, Jésus avait répondu : « Vous ne savez pas ce que vous demandez !» Toute autre est la demande de Bartimée, dépourvu de tout, « Rabbouni, que je retrouve la vue.» Et sans hésiter, Jésus exauce cette demande : « Va ta foi t’a sauvé.» Foi de Bartimée en l’amour gratuit de Jésus le sauvant de la cécité ! Confiance de Marie-Ascension en un Dieu lui donnant gratuitement la force d’échapper à son kidnappeur ! Retrouvant la vue, Bartimée, nouveau disciple, suit Jésus et marche avec lui et ses disciples sur la route les conduisant vers Jérusalem, vers la passion. Quand Dieu rejoint le désir profond des humains, il les sauve.

Jésus réserverait-il sa puissance aux petits, aux marginaux ? Laurence Décousu ne le croit pas ! Mais très souvent Jésus ne peut agir en nos vies car nous croyons tout savoir de Dieu, tout comprendre de sa parole ; parce ce que nous préférons faire notre volonté ; parce que nous ne reconnaissons pas que nos compétences humaines ne sont pas toujours une aide mais parfois un obstacle pour devenir disciples. Nous ne voulons pas perdre le manteau de notre vie alors que les marginaux n’ont plus rien à perdre.

Qui que tu sois, blessé dans ton corps ou blessé dans ton cœur, aujourd’hui encore, comme il le fit à Bartimée, Jésus te pose cette question: « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Pour Bartimée, tout a vraiment commencé quand Jésus lui posa cette question. Ne pourrait-il pas en être de même, pour toi, aujourd’hui?

Fr. Jean Albert Dumoulin, inspiré par « Feu Nouveau 64/6 »

Lectures de la messe :
Jr 31, 7-9
Ps 125 (126), 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6
He 5, 1-6
Mc 10, 46b-52

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