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Le premier jour des pains sans levain, où l’on immolait l’agneau pascal, les disciples de Jésus lui disent :  » Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour que tu manges la Pâque ?  » Il envoie deux de ses disciples en leur disant : « Allez à la ville ; un homme portant une cruche d’eau viendra à votre rencontre. Suivez-le. »

Les disciples demandent à Jésus, sans le savoir, à quoi ils reconnaîtront l’endroit où sera célébrée la première eucharistie. Et la réponse de Jésus pourrait se résumer à cette indication : c’est là où entre un porteur d’eau. La traduction œcuménique note à ce sujet :  » On peut se demander s’il s’agit là d’un signe convenu : habituellement ce sont les femmes qui vont chercher l’eau. » Il y aura sur votre route une anomalie, un élément repérable dans le décor, parce qu’il sort du commun. Jésus a pris ses précautions, il a conclu cet arrangement avec le propriétaire d’une salle :  » Le premier jour des pains sans levain, à telle heure, envoyez vers Béthanie un homme chargé d’une cruche d’eau, pourvu qu’il y ait dans votre personnel un homme assez habile pour faire ce métier de femme sans tout renverser. Deux de mes disciples, dépêchés à sa rencontre, le reconnaîtront à ce signe et il n’aura plus qu’à faire demi-tour pour les guider jusqu’à vous.  »

N’aurait-il pas été plus simple de leur donner l’adresse ? Mais les grands prêtres et les scribes cherchaient comment arrêter Jésus par ruse, pour le faire mourir (14,1). Peut-être valait-il mieux manœuvrer pour déjouer leurs machinations. Il ne s’agirait pas que les disciples
abordent un passant pour lui demander leur chemin (pardon, Monsieur, le Cénacle, c’est bien par ici ?) et qu’ils tombent par malchance sur un espion de Caïphe. Encore que cet homme chargé d’une cruche qui lui va comme un chapeau à un chien, et ces deux individus qui lui emboîtent le pas, est-ce que ça ne risque pas tout autant de mettre la puce à l’oreille ?

L’indication de Jésus ne signifie-t-elle pas autre chose ? Vous cherchez où nous célébrerons la Pâque. À quoi reconnaît-on le lieu de l’eucharistie ? C’est là où les rôles sont inversés, là où les hommes vont puiser l’eau à la place des femmes, là où les petits sont à table
et où le plus grand est celui qui sert, là où le maître est à genoux pour laver les pieds de ses serviteurs.

Je ne dis pas que Marc pensait à tout cela. Je viens de sortir de son évangile pour faire une incursion dans ceux de Luc et de Jean. N’est-ce pas un indice de la fécondité de la Parole, qui se déverse d’un livre dans l’autre pour irriguer d’autres sillons ? Les disciples vont préparer
la Pâque. Ils savent qu’il faut un agneau, du pain, du vin. Songent-ils que leur maître, contre tous les usages, a l’intention de leur laver les pieds ? Cette eau qu’un homme apporte dans une cruche, n’est-ce pas celle que, le soir venu, il versera dans un bassin, après s’être levé de
table ? L’homme-enseigne porte au Cénacle une eau qui ne servira que dans un autre évangile.

Fr. François Dehotte

Lectures de la messe :
Jn 12, 12-16
Is 50, 4-7
Ps 21 (22), 8-9, 17-18a, 19-20, 22c-24a
Ph 2, 6-11
Mc 14, 1 – 15, 47 (Passion selon saint Marc)

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