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Dans le Livre de l’Exode, nous venons d’entendre Dieu appeler Moïse. Puis Jésus, dans l’évangile, appeler ses apôtres. Chaque fois les appelés étaient ouverts pour répondre et pour partir, car l’appel était doublé d’un envoi, d’une mission.

Par Moïse, Dieu confie une mission à son peuple : témoigner de la sainteté de Dieu envers les autres nations. Dans l’évangile, les apôtres sont invités à proclamer que le Royaume des cieux est tout proche. Et nous, ne sommes-nous pas également appelés à proclamer la grandeur de Dieu ? Mais comment dire la sainteté de Dieu ou le Royaume des cieux aujourd’hui ? On pensera volontiers que ces questions sont trop abstraites et qu’elles n’ont pas grand chose à voir avec les problèmes concrets d’aujourd’hui … Et pourtant ?

En nous promenant dans la rue, nous croisons un nombre incalculable de visages différents. Derrière ces visages se cachent d’autres visages qui cachent eux-mêmes une histoire originale. Puisque ceux-ci nous disent tous quelque chose du visage de Dieu, comment ne nous révéleraient-ils pas ensemble son Royaume ? Jésus appelle chacun en particulier, il prend le temps de lui révéler son appel, parfois cela peut prendre beaucoup de temps ; rappelez-vous : le peuple a mis quarante ans pour traverser le désert et entendre l’appel de Dieu. Et malgré cela beaucoup ne l’ont pas entendu et se sont égarés.

Prenons l’exemple de la vie monastique. Une personne entrera au monastère si elle accepte de vivre ce chemin de recherche de Dieu dans la vie communautaire, c’est-à-dire au milieu de personnes très différentes les unes des autres. L’objectif ne sera pas de vérifier si elle dispose de telle ou telle aptitude intellectuelle précise. Mais une fois entrée, elle découvrira progressivement des dons qu’elle n’imaginait pas. Dans le mariage également, quelqu’un pourra ne pas imaginer se marier pendant des années et un jour il sera étonné de découvrir que Dieu l’appelle vraiment sur ce chemin de salut qu’est le mariage. Même si le mariage ou la vie monastique sont des chemins avec leur lot d’épreuves, rien que le fait d’avoir été appelé constitue une espérance. Car Dieu s’engage à nos côtés. Certes, il peut y avoir des remises en question importantes. C’est vrai, et après avoir fait le nécessaire pour discerner une nouvelle relation ou vocation, il convient de ne pas se décourager et de croire que Dieu ne nous abandonnera pas dans une autre direction.

L’appel de Dieu est un don. Nous sommes appelés pour recevoir et pour découvrir ce don. Tout ne se dévoile pas en une fois, il faudra du temps et de la patience pour accueillir et s’engager sur le chemin de notre vie.

Ainsi, la brebis perdue est retrouvée pour être reconduite en Dieu. Mais encore une fois, ce n’est pas l’homme avec son souci d’efficacité ou de rentabilité qui vient la chercher, c’est Dieu dans un geste d’amour et de disponibilité totale qui écoute son propre désir. Car la brebis n’est pas perdue pour rien. N’est-elle pas en recherche d’une vérité qui lui a toujours échappé dans le troupeau ? Elle aura besoin de vagabonder un certain temps en marge de celui-ci pour enfin s’arrêter et rentrer en elle-même comme le fils prodigue, afin d’être prête pour retourner vers son père, ici, ce sera pour se laisser retrouver par son père.

Les apôtres ont trouvé leur père et de suite ce père leur confie une mission. Ils sont envoyés pour poser les mêmes gestes que Jésus afin de soulager les foules abandonnées et aider les personnes à retrouver leur chemin. Et le premier chemin que Dieu leur indique, c’est le chemin de leur dignité. Retrouver notre dignité, n’est-ce pas une soif légitime que nous vivons tous  Ne serait-ce pas la première attente de cette foule que nous croisons tous les jours ? Rendre la dignité à chacun en donnant de l’amour, voilà un beau projet à suggérer à ceux qui nous gouvernent… Ce fut la mission du Christ qui a donné sa vie pour la dignité de la personne humaine.

Jésus ne nous envoie pas vers la brebis perdue pour que nous la convertissions, il nous envoie vers elle car il sait qu’elle peut nous convertir et que par elle, Dieu peut aussi nous changer. Comme le visage de Dieu, l’autre nous remet en face de notre faiblesse, non pas pour nous lamenter, mais pour nous connaître et découvrir notre propre force, notre vocation.

La mission de chacun correspond à notre personnalité unique et il n’y a pas de modèle. Demandons au Seigneur de nous révéler qui nous sommes en vérité et ce qu’il attend de nous aujourd’hui. Peut-être allons-nous découvrir une joie nouvelle de vivre et de nous donner dans notre travail et notre famille, comme nous sommes.

Fr. Pierre Gabriel

Lectures de la messe :
Ex 19, 2-6a
Ps 99 (100), 1-2, 3, 5
Rm 5, 6-11
Mt 9, 36 – 10, 8

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