La célébration de l’Ascension évoque l’histoire d’un Dieu qui part. Nous essayons bien de le retenir: Dieu est présent partout, disons-nous. Mais il est bon que je m’en aille, avait-il dit.
Dieu ne nous laisse pas seuls avec cette absence, il maintient en nous la promesse et l’intelligence de la nouvelle forme de présence et d’action du Christ. C’est par la communauté des croyants que le Christ va désormais se manifester aujourd’hui. Il nous invite à méditer sur notre manière de vivre en Église et sur notre condition de témoin ou de notre vie de disciple.
Jésus nous affirme avec force cette promesse: « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »
L’Église est donc née au cœur de cette promesse et de la faiblesse humaine ; oui, c’est par l’Église composée des baptisés de toutes les nations que Jésus se manifeste au monde, qu’il se rend présent à lui. Par elle et d’une manière bien mystérieuse, Jésus vient prendre par la main chacun pour l’aider à faire quelques pas à l’intérieur de cette promesse et lui permettre de découvrir par lui-même sa présence. L’Église est le peuple des baptisés, c’est alors tous ensemble que nous sommes signe et manifestation du Christ ressuscité. Jésus ne reviendra pas pour en sauver quelques uns, il reviendra pour sauver un peuple. Et en attendant, c’est ensemble, que nous proclamons et que nous croyons que le Christ est vivant.
L’Ascension est la célébration d’un Dieu qui part pour laisser la place à chacun. Jésus ressuscité nous a mis en face de nos responsabilités et de notre liberté. Sa présence aux côtés des chrétiens a permis à l’Église de prendre forme et d’évoluer selon sa propre liberté. À la suite de Jésus, les chrétiens se rassemblaient dans les maisons pour prier et célébrer l’Eucharistie, au début ils devaient se cacher car les responsables au pouvoir à l’époque ne comprenaient pas et puis, petit à petit, cela s’est détendu, la foi a pu se répandre et s’ouvrir à tous ceux et celles qui ne connaissaient pas le Christ.
L’Église ne s’est pas construite une fois pour toutes. Elle continue de grandir aujourd’hui en s’ouvrant à l’autre. Et comme l’Église a son cœur dans le pauvre, c’est en nous tournant vers lui que nous vivons l’espérance que suscite l’attente du retour du Christ.
L’Église a donc toujours été très fragile dans son humanité, mais comme Jésus l’annonce dans les Actes des apôtres, les disciples vont recevoir une force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur eux. Cette force qui leur sera donnée à la Pentecôte leur permettra d’avancer sans regarder en arrière mais en ayant le regard fixé vers le Christ ressuscité.
Et Jésus leur avait aussi annoncé qu’ils seraient les témoins jusqu’aux extrémités de la terre. Ainsi, comme héritiers des disciples, nous sommes tous des témoins appelés à annoncer le Christ jusqu’aux extrémités de la terre. Qui que nous soyons, nous avons à témoigner de cette présence de Jésus au cœur du monde.
En commençant, je vous disais que l’Ascension était la fête d’un Dieu qui part, on nous a toujours dit que c’était la fête de Jésus qui monte (au ciel) et on découvre finalement que c’est plutôt l’histoire de Jésus qui descend en nous pour rejoindre chacun dans sa vulnérabilité, dans son propre cœur. Car Jésus n’est pas derrière nous ou au-dessus de nous, il est en nous et devant nous et c’est en avançant vers nous-mêmes ou vers les autres que nous le reconnaîtrons et nous serons étonnés par sa manière de nous rejoindre et de nous aimer …
Fr. Pierre Gabriel
Lectures de la messe :
Ac 1, 1-11
Ps 46 (47), 2-3, 6-7, 8-9
Ep 1, 17-23
Mt 28, 16-20