Soyez toujours dans la joie du Seigneur ! L’invitation de St Paul aux chrétiens de Philippes peut nous apparaître hors de propos à notre époque. Certes la joie était bien présente dimanche dernier à Notre-Dame de Paris, mais une bonne partie de l’actualité du monde ne va guère dans ce sens. Inutile de rappeler les guerres, les violences et les malversations de toutes sortes. D’ailleurs en ce temps-là, Paul était en prison et venait de traverser une série d’épreuves. Le prophète Sophonie, lui aussi, invitait Jérusalem à la joie, alors que la région était continuellement attaquée, et pourtant il s’écrie : Pousse des cris de joie, fille de Sion ! réjouis-toi de tout on cœur, bondis de joie, fille de Jérusalem ! Comment peut-on parler de la joie en de telles circonstances ?
En relisant leurs lettres, ainsi que l’évangile, il me semble en découvrir deux sources : d’une part, cette joie est un don reçu, un cadeau qui vient de Dieu ; d’autre part, elle est le résultat d’une volonté humaine et des actes qui la suivent.
Une joie reçue, un don qui vient de la foi : Eclate en ovations, Israël, réjouis-toi de tout ton cœur, bondis de joie car le Seigneur est en toi ! déclare le prophète. Tu n’as plus à craindre le malheur. Et l’on trouve la même conviction chez St Paul : Soyez toujours dans la joie, CAR le Seigneur est proche. Ne soyez inquiets de rien : la paix de Dieu gardera vos cœurs. On sent qu’il a le cœur rempli de la prière des psaumes et de la lecture des prophètes : Ma force et mon chant, c’est le Seigneur, j’ai confiance, je n’ai plus de crainte…Criez de joie, habitants de Sion, car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël…
Jean-Baptiste, dans le récit de Luc, puise aux mêmes sources : Il vient, celui qui est plus fort que moi, il vous baptisera (vous plongera) dans l’Esprit Saint.
Clairement, tous ont fait la même expérience. Ils ont découvert la présence et l’action du Seigneur dans leur vie – malgré ou à travers les épreuves subies -, ainsi que dans l’histoire de leur peuple. Et ils désirent communiquer à tous cette découverte, cette conviction et cette source d’espérance et de joie. Notre âme attend le Seigneur, en lui la joie de notre cœur chantent les jeunes à Taizé (c’est un verset de psaume). Nous sommes invités à la même foi et à la même expérience de vie : pourquoi le Seigneur agirait-il différemment pour nous ? N’est-ce pas un appel à relire notre vie, notre histoire personnelle, familiale ou communautaire, à nous rappeler comment nous avons été soutenus dans des moments plus difficiles… La foi en l’amour du Seigneur est source de joie.
Ensuite l’évangile nous propose une autre source de joie : par notre action, par notre manière de vivre. Que devons-nous faire ? demandent à Jean-Baptiste les foules, puis des collecteurs d’impôts, puis des militaires… Tous ces gens viennent chercher ‘quelque chose d’autre’ du côté du Jourdain. Un peu sans doute comme d’autres maintenant vont à Banneux ou à Lourdes… Que se passe-t-il là-bas ? Les réponses du baptiseur vont toutes dans le même sens – et cela aussi on le trouve dans les psaumes – : le partage, la justice, la paix.
Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas, et celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même… C’est aujourd’hui la collecte de l’action Vivre Ensemble, de nombreuses associations seront soutenues dans leur action, centrée notamment sur une meilleure santé mentale…
Ensuite la justice. N’exigez rien de plus que ce qui est fixé, répond Jean aux collecteurs d’impôts. Comment remplissez-vous votre déclaration de contribution ? Comment respectez-vous le code de la route ? etc…
Enfin la paix. Ne faites violence à personne, n’accusez personne à tort, et contentez-vous de votre solde, répond encore Jean-Baptiste aux soldats. Un message qui pourrait s’adresser encore à un certain nombre d’étudiants, de sportifs, d’automobilistes…
Rendre grâce à Dieu pour ce qui nous est donné, à commencer par la confiance en Lui et en sa Parole, et vivre dans le partage, la justice, et la paix, n’est-ce pas là une source de vraie joie ?
Abbé René Rouschop
Lectures: So 3, 14-18a ; Ph 4, 4-7 ; Lc 3, 10-18