Ces jours-ci, j’ai reçu beaucoup de publicités incitant à la consommation alors que cette période devrait plutôt nous inviter à la réflexion et à l’intériorité. Sur les ondes, on nous recommande tel chocolat, qui sera le mieux en mesure de nous faire passer ce mois de décembre. Achetez-le donc, il vous garantit des jours heureux, annonce le commentateur à la radio. A côté de cette frénésie, les centres d’accueils de nos quartiers soulagent des personnes sans domicile fixe, car le froid ronge le physique des personnes vivant dans la rue, et la solitude ronge le moral de beaucoup de ceux qui sont exclus de nos cercles professionnels et sociaux.
Dans son oratorio de Noël, Camille Saint-Saëns, nous invite à chanter « Expectans Expectavi Dominum » : Attendant, j’ai attendu le Seigneur, … Seigneur, viens dans notre vie ! Camille Saint Saëns utilise le verbe latin « expectare » qui se rapporte à l’attente.
Quelles sont les attentes dont nous avons déjà fait l’expérience ou que nous vivons encore en ce moment-même ? Il peut s’agir de l’attente d’un enfant, de l’espoir d’une guérison, de l’attente d’une nouvelle vie dans le cas des réfugiés, de nos attentes en tant que parents vis-à-vis de nos enfants …
Dans quel état d’esprit suis-je quand j’attends ? Est-ce de l’impatience, de la joie, de l’espérance ? Quelle est, ou quelle sera, mon attitude si mon attente devait s’avérer vaine ? Déception, colère, révolte ? Nous arrive-t-il de modifier notre attente en cours de route ?
Parfois, nos attentes sont tellement nombreuses : les combler toutes nous dépasse. Nous n’y arrivons pas seuls. Il me semble que à ces moments-là notre confiance peut être ébranlée, notre foi flancher … C’est ce qui arrive sans doute à Jean-Baptiste lorsqu’il demande : « Est-ce toi, ou devons-nous attendre un autre ? » Le Baptiste est le cousin germain de Jésus-Christ et il a dû bien le connaître dans sa jeunesse. Le Baptiste est le fils de Zacharie, qui était Prêtre au Temple de Jérusalem, donc fils d’un homme instruit, d’un intellectuel. Mais le Baptiste n’est pas l’Élu de Dieu. Depuis dimanche dernier, Jean-Baptiste nous accompagne comme celui qui humblement annonce le Seigneur. Il met son espoir dans le message du Christ … et … voilà qu’aujourd’hui, il doute.
Le temps de l’Avent, « advenire » en latin, est justement un temps qui nous invite à découvrir la réalité de nos espérances et de nos doutes. Quelles sont nos véritables attentes et désirs ? A chacun d’y répondre pour soi-même. Et qu’attendons-nous en tant que chrétiens ?
Le peuple de l’Ancien Testament attend depuis des siècles et des siècles cette Promesse de Dieu. Et voilà qu’elle se réalise, comme prédite. Tout simplement, comme promise. L’Attente de la Venue du Sauveur : quelle joie !
Concrètement, j’attends la naissance de l’Enfant Dieu dans la crèche, mais pas seulement. Je suis aussi dans l’attente de la naissance de Dieu dans mon cœur et finalement aussi dans l’attente de la naissance du Christ-Roi, Sauveur des peuples. Quelque chose d’extraordinaire est en train de se passer. N’est-ce pas lui qui fait que les aveugles voient, que les sourds entendent et que les morts ressuscitent ?
Il y a aussi quelque chose de commun entre l’attente d’un enfant par des parents et l’attente du Christ : l’attente d’une nouvelle vie qui s’annonce ! Dans les deux cas, cela exige ou nécessite un changement important du mode de vie, parfois pas simple à réaliser, au vu des exigences de la vie professionnelle et familiale … Mais, en élevant notre cœur,nous pouvons nous laisser gagner par cette nouvelle vie. Plus une attente a été difficile et se réalose, plus la joie est grande. Puissions-nous adopter l’attitude de la foi et vivre dans une relation attentive au Seigneur – Il nous attend autant que nous l’attendons.
Birte Marianne Day
Lectures de la messe :
Is 35, 1-6a. 10
Ps 145/146, 7, 8, 9 ab. 10 a
Jc 5, 7-10
Mt 11, 2-11