JesusLepreux

Aujourd’hui, des textes qui nous sont proposés pour notre nourriture spirituelle, nous voulons axer notre méditation surla compassion de Jésus à l’égard des souffrants.  

Ce qui est remarquable, c’est que tout ce qui arrive de bien profite non seulement à celui à qui cela arrive mais aussi à la communauté toute entière ! Cela sera pour nous un témoignage de la puissance et de la bienveillance de notre Seigneur Jésus-Christ. Et lorsqu’une bonne nouvelle d’un proche nous sera annoncée, nous pourrons véritablement nous en réjouir en communauté. 

Comment cela est-il possible ?  

Regardons d’un peu plus prêt :  

Le récit selon saint Marc parle d’un lépreux qui vient à Jésus, s’agenouille et le supplie : « Si tu veux, tu peux me guérir ». La situation de cet homme se résume en trois mots : maladie (incurable) et  impureté, exclusion du milieu social  (dans la solitude) et accusation (d’avoir offensé Dieu). Comment ce lépreux vient-il interpeler Jésus, le forçant à conformer sa volonté à la sienne? N’est-ce pas le monde à l’envers ? 

Vraiment, cet homme doit être au fond du puits de la désolation et de l’impuissance pour oser braver les lois de l’impureté, oublier le souci de son apparence qui le désole et le rejette à l’écart de toute humanité. 

En effet, le sort d’un lépreux en Israël était réglé par une ancienne loi du Lévitique ou livre des Lévites : « Il criera : impur ! impur ! Tant que durera son mal, il sera impur et, étant impur, il demeurera à part » (Lv 14, 45 et 46). Ils étaient exclus, pour un temps,  de la communauté civile et religieuse. Mais sur ces prescriptions du Lévitique, s’étaient greffées des attitudes humaines : peur des lépreux, mépris, dégoût, et même condamnation ! A l’époque, c’était clair : un lépreux est un homme que Dieu a puni pour un grave péché (cfr tout le livre de Job et Jean 9, 1.2). S’ils guérissaient, les lépreux étaient condamnés à la pauvreté, à la déchéance, et mal réintégrés dans la société. 

Jésus lui, au contraire, est ému par cet homme au visage ravagé qui rassemble en lui l’humanité défigurée. Il l’écoute, et pris aux entrailles répond à sa requête. Comme par provocation, il touche cet homme impur selon la loi. Il aurait pu le guérir simplement par une parole comme il l’a fait pour chasser le démon du possédé dans la synagogue. Mais il choisit le geste le plus fou, le TOUCHER, et ce faisant, il prend sur lui l’impureté de cet homme ! Son respect pour ce malheureux est plus important qu’un tabou, qu’une prescription rituelle! Par amour, Jésus assume ainsi l’impureté fondamentale des hommes, leur mal, et s’en charge pour les en délivrer. C’est cela, l’Evangile qui veut dire « la Bonne Nouvelle » (mystère de la Résurrection, le passage de la mort à la Vie). 

En effet, c’est le monde à l’envers. Dans un admirable échange, Jésus rend la santé et la vie à l’humanité et c’est lui qui devient interdit de séjour, mis au ban de la société, pestiféré : « Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais il se tenait dehors, dans des lieux déserts » (Mc 1, 45).

Les textes de ce dimanche sans doute interpellent chacun de nous plus personnellement. De quoi souffrons-nous vraiment : de l’addiction, de l’indifférence, de l’ingratitude, de l’orgueil, de la médisance, du manque de foi ? N’est-ce pas chacun de nous qui peut s’identifier au travers de ce lépreux à une résurrection à la fois corporelle, sociétale, physique et spirituelle car nous avons tous besoin de reconstruction. Enfin, derrière cette image de la lèpre, ne retrouvons-nous pas toute la fragilité de l’existence ? 

Afin de guérir corps et âme, il me semble que nous pouvons retenir trois éléments :

1. – C’est chacun de nous que le Seigneur veut restaurer à la dignité.  
2. – Nous pouvons nous approcher de Jésus avec la même confiance que ce lépreux et lui présenter nos vraies souffrances.

3. – Lorsque la compassion de Jésus nous touche, rendons Lui grâce selon les 2 commandements de notre Seigneur lui-même : aime ton Dieu et aime ton prochain comme toi-même. 
 

Enfin, je crois que le Seigneur peut venir à bout de notre lèpre et nous remettre debout, et nous pouvons participer à la guérison du monde, avec notre foi, l’amour et l’espérance. Ainsi, un chemin de mort peut devenir un chemin de Vie ! 

Soeur Julian Day

Lectures de la messe :
Lv 13, 1-2.45-46
Ps 31 (32), 1-2, 5ab, 5c.11
1 Co 10, 31 – 11, 1
Mc 1, 40-45

 

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