« Solennité de l’Ascension : Jésus nous quitte »
Quelle belle journée pour se retrouver dans cette église de Wavreumont à l’occasion de la solennité de l’Ascension ! Mais comment comprendre cette fête qui se situe dans le calendrier liturgique quarante jours après la Résurrection de Jésus, entre Pâques et la Pentecôte ?
Nous connaissons les paroles de l’évangéliste Marc, du Credo de Nicée : « … Il est assis à la droite de Dieu le Père »… mais qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’est-ce que cela nous enseigne ?
Nous savons trop souvent combien on comprend lentement, combien les réalités spirituelles nous échappent. En revanche, combien le palpable et le visible, le monde et l’apparence, l’argent et l’avoir … nous fascinent et nous distraient.
Cette finale, rajoutée à l’évangile de Marc, se présente comme un « résumé » d’évènements/ qui ont suivi la Résurrection de Jésus (16, 9-20). Comprenant la faiblesse de ses disciples, donc aussi la nôtre, il leur apparaît de nombreuses fois sur le chemin. Mais souvent, nous non plus, préoccupés par le matériel, on ne voit pas, on ne sent pas, on ne comprends pas … Alors, il recommence (à envoyer des signes) ; car Dieu est patient !
Il y a aussi un risque sociétal / de s’écarter de tout désir de spiritualité / par des distractions multiples ; mais savons-nous à quel point l’intériorité, la quête de sens et de lumière ont une place privilégiée dans toutes les religions.
Jésus apparaît une troisième et dernière fois aux Onze et avant de disparaître, il les bénit avec une tendresse infinie, leur imposant les mains à chacun, lentement. C’est cela l’Ascension !
Comprenons bien : seulement si Jésus leur est enlevé…, c’est-à-dire que les disciples en seront privés ; vers le ciel, c’est-à-dire vers Dieu où il est honoré (« à la droite ») pouvons-nous le sentir encore aujourd’hui, dans l’Eucharistie, et surtout en nous ?
Notre ascèse, un véritable exercice, ne consiste-t-il pas à nous mettre en Présence de Dieu et de nous-même; ainsi elle peut devenir une véritable participation à la vie divine. C’est aussi l’attitude fondamentale qu’il faudrait adopter face au don de Dieu. Car le lâcher-prise, (le détachement) est tout entier ouverture à la vie en Dieu. Cela suppose d’être tout entier libre, vidé des préceptes et présent à Lui.
Ainsi le désencombrement permet à Dieu d’accomplir son œuvre en nous. Ce lâcher-prise laisse Dieu être Dieu en nous car plus nous sommes détachés, plus nous possédons. Plus je me désapproprie, plus j’aurai… : Vraiment, quand Dieu est-il notre Dieu ? Quand nous n’aspirons à rien d’autre qu’à Lui car ainsi nous avons le goût de Dieu tout entier.
Concrètement, comment parvenons-nous à sentir le divin en nous et à recevoir la stature du Christ dans sa plénitude ? Dans sa lettre aux Ephésiens, l’Apôtre Paul nous enseigne un chemin: « (…) je vous exhorte donc à vous conduire d’une manière digne de votre vocation : ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour; ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même il y a un seul Corps et un seul Esprit. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous. À chacun d’entre nous, la grâce a été donnée selon la mesure du don fait par le Christ (…). (Ep 4, 1-10)
Mais le message de Jésus, le message que Dieu lui-même veut nous faire parvenir, ne peut pas se réduire à quelques articles de foi que l’on justifie par une citation biblique. Le message de Dieu est unique : revenir à Lui et devenir ce qu’Il est : AMOUR INFINI !
Maintenant, nous pouvons nous poser la question : qui sommes-nous pour avoir reçu ce don de l’amour et de la vie éternelle ? Sommes-nous des citoyens romains comme Paul, des Ephésiens ou des païens, sommes-nous des Malmédiens, des Stavelotains ou des Bruxellois ?
Rien de tout cela, nous sommes bel et bien des chrétiens ! Et ainsi notre tâche est claire : persévérer dans l’amour et en témoigner à l’étranger. Enfin, on peut y voir une suite donnée aux récits de l’Evangile : en effet, l’évangile dit souvent (plus de 70 fois) que les disciples ‘accompagnaient’ Jésus (acolouthéô : le verbe simple) ; après l’Ascension c’est Jésus lui-même qui accompagne, qui appuie, de façon plus mystérieuse et agissante encore. Le sentons-nous agir en nous ?
Sœur Julian
Ac 1, 1-11 « Tandis que les Apôtres le regardaient, il s’éleva. »
PS 46/47 2-3, 6-7,8-9 « Dieu s’élève parmi les ovations, le Seigneur aux éclats du cor. »
Ep 4, 1-13 « Parvenir à la stature du Christ dans sa plénitude. »
MC 16, 15-20 « Jésus fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu le Père. »