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Nous avons tous fait l’expérience d’une personne que nous pensions bien connaître, et un jour, voilà qu’un nouvel aspect d’elle ou de lui se révèle à nos yeux.

L’événement de la Transfiguration, que nous venons d’entendre, dévoile un visage nouveau de Jésus. Pendant qu’il priait, son visage devint tout autre, et ses vêtements d’une blancheur éblouissante, comme nous le rapporte saint Luc.

N’est-ce pas souvent ainsi pour nous? Ne faut-il pas parfois des années pour percevoir la véritable nature d’une personne? Cela est vrai dans les communautés comme la nôtre, ou encore dans les couples qui ne cessent de se redécouvrir tout au long de leur vie.

Quelle était donc la vérité pour Jésus? Ou plutôt : qu’est-ce qui rend sa vérité éternelle? Pour le comprendre, l’Évangile nous invite à suivre Jésus sur une haute montagne. Autrement dit, il nous invite à prendre du recul, à élever notre regard pour contempler notre vie sous une lumière nouvelle.

Dans la Bible, la montagne est le lieu de la rencontre avec Dieu. C’est là où Jésus se rend pour prier, et c’est sur le mont Horeb qu’Élie rencontre Dieu. Les sommets les plus élevés nous appellent toujours.

Dans l’évangile du jour, saint Luc nous rapporte que, dans la nuée lumineuse de la Transfiguration, une voix, celle du Père, supplie : « Écoutez-le ». Ces deux mots, Shema Israël, étaient bien plus qu’un simple appel pour les oreilles juives : ils représentaient tout un programme. Shema Israël, « Écoute Israël », est la profession de foi quotidienne. Elle rappelle le Dieu unique qui a libéré Israël, d’abord de l’Égypte, mais aussi à travers une longue histoire de libération poursuivie par Dieu avec Abraham, Moïse et, enfin, pleinement accomplie en Jésus.

« Écoutez-le » n’est pas un ordre autoritaire, mais une invitation à faire confiance, à s’en remettre à lui.

Ainsi, Jésus emmène trois de ses disciples pour quitter la vallée et se rendre dans un lieu élevé, là où l’horizon s’élargit et la vue s’éclaircit. Nous sommes invités, nous aussi, à lever les yeux vers les étoiles, à plonger notre regard dans cette lumière divine pour écouter la voix de Dieu résonner en nous.

La vérité de Jésus s’appuie sur deux figures centrales de l’Ancien Testament : Moïse et Élie. Moïse, porteur d’une vision de liberté, conduit son peuple hors de la servitude et sur la voie de la délivrance à travers le désert. Il affirme que l’homme, unique devant Dieu, est libre et responsable de son histoire. Quant à Élie, il révèle un Dieu qui élève l’humanité par un regard d’amour, loin des idoles qui inspirent la peur et la culpabilité.

Moïse incarne la liberté vis-à-vis de l’homme, et Élie, la dévotion envers Dieu. Tous deux, dans la Transfiguration, s’entretiennent avec le Christ et trouvent en lui leur plénitude. Jésus prolonge ainsi, de manière vivante et nouvelle, l’alliance de Dieu avec son peuple.

Suivre le Christ, c’est embrasser une aventure de liberté envers les hommes et de communion avec Dieu. Le carême devient alors un chemin de redécouverte : une opportunité pour éveiller notre liberté, pour raviver notre relation à Dieu et lui donner une direction nouvelle.

Moïse et Élie nous orientent vers Jésus, nous aidant à découvrir son vrai visage : un visage libre et tourné tout entier vers son Père. Dans la prière, le visage du Christ, tout comme celui du priant, change et s’illumine. De même qu’il nous faut du temps pour découvrir le visage d’un être cher, il nous faut patience et silence pour rencontrer le visage de Dieu.

Pendant ce carême, prendrons-nous le temps pour cette rencontre?

Fr. Pierre Gabriel

Lectures: Gn 15, 5-12.17-18 ; Ph 3, 17 – 4, 1 ; Lc 9, 28b-36

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