Si vous êtes venus à l’eucharistie du mercredi des cendres ouvrant la période du Carême, vous avez reçu une petite croix sur le front (un signe marqué de cendres) et aussi une parole : « Convertis-toi et crois à la Bonne Nouvelle » ou « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ».
Se convertir est un appel à se détourner, à changer, à sortir de ce qui enferme notre vie, ce qui la freine et la fige. Ce peut être dans notre relation à nous-mêmes comme cela peut être dans nos relations avec les autres ou avec Dieu. C’est une invitation à ne pas rester collés à nos préjugés, nos manières de voir ou de faire qui stérilisent notre vie. Tout le monde apprécie le changement, souhaite que les choses évoluent mais en même temps tout le monde craint le changement. « Le monde bouge, faites bouger le monde », répétons-nous volontiers avec la banque d’un monde qui change mais nous mesurons aussi les résistances au changement en nous-mêmes, chez les autres et dans l’histoire. Ce sont les événements arrivant dans notre vie qui souvent nous font bouger : un décès, un accroc de santé, une naissance, une mise à la retraite et encore bien d’autres événements. Cela ne veut pas dire que ces événements veulent nous punir.
Jésus ne dit pas simplement : « Convertissez-vous », il dit « Croyez à la Bonne Nouvelle ».
Il s’agit de croire d’abord qu’il y a une bonne nouvelle pour notre vie et notre monde. Alors que ce qui s’impose le plus souvent ce sont les mauvaises nouvelles et les nouvelles tristes, il s’agit de ne pas s’en laisser accroire, se laisser imposer cette défaite, ne pas y consentir. La vie n’est pas destinée à rester coincée et fixée dans la défaite, il y a de l’inouï à entendre, de l’inattendu à attendre. C’est ainsi que nous appelons l’Évangile. Nous disons par-là qu’il y a une nouveauté à accueillir, à ne pas laisser passer et à fortifier concrètement. C’est une nouveauté qui nous est donnée, qui n’est pas le fruit de nos efforts mais en même temps c’est une nouveauté qui vient s’allier, faire alliance avec nous, avec chacune, chacun. Une nouveauté inspirante, celle qui fait de nous des hommes et des femmes inspirés, des gens ressourcés et innovants qui ne se contentent pas de subir la vie mais cherchent avec d’autres à la relancer, à la désincruster des ornières, la sortir des fossés. Nous ressentons que c’est par-là qu’il faut aller à tous les niveaux. La crise écologique, on nous le répète, appelle à modifier nos modes de vie en refaisant une alliance avec la nature et la vie. La crise de l’Église nous exhorte à refaire des commencements : rétablir des liens, ré-exprimer la foi autrement, chercher des voies nouvelles par des alliances, des associations et des mises en commun.
La première lecture écoutée aujourd’hui remet la figure de Noé dans nos mémoires. Noé se rend compte du monde autour de lui : c’est le naufrage, les violences, la corruption, les destructions. Le déluge, la vie liquide généralisée. De quoi perdre tout espoir. Mais inspiré, Noé invente, il imagine une arche et y fait entrer sa famille mais aussi il pense à l’avenir en faisant monter un couple de chaque animal, un mâle et une femelle. C’est son idée : rouvrir des possibles là où tout paraît fermé et enfermé et surtout là où le mal paraît avoir le dernier mot, le mot de la fin. Noé, c’est un roman bien sûr, mais une façon de dire ce qu’on peut faire pour sauver l’humain, la vie là où l’on est, là où ça se passe, dans les jours ordinaires…Une histoire pour ne pas dormir debout, pour résister. L’autre jour, je vous disais : faites entrer de la fiction dans votre vie. Eh bien oui, c’est pour remettre des couleurs dans le ciel et y envoyer une colombe…
Fr. Hubert Thomas
Je termine en vous suggérant une conversion : pourquoi, au cours de ce temps de Carême, ne liriez-vous pas un livre de ressourcement spirituel ? J’en suis sûr il y en a un qui vous convient et qui vous attend à notre librairie. D’une pierre deux coups : vous vous ferez du bien et vous donnerez un bon coup de pouce à un libraire indépendant. Merci d’avance.
Je m’en voudrais une fois de plus de ne parler que des livres. Car à la boutique, vous trouvez les véritables spéculoos de Wavreumont, du miel, des confitures, de la poterie, des céramiques. Je m’arrête pour ne rien oublier…
Lectures de la messe
Gn 9, 8-15
Ps 24 (25), 4-5ab, 6-7bc, 8-9
1 P 3, 18-22
Mc 1, 12-15