Il est courant d’entendre dire d’un jeune qu’il est bourré de talents ou d’un autre, qu’il n’exploite pas assez ses talents. Oui, je sais que la parabole de ce matin ne parle pas des mêmes talents… Pourtant j’ai envie de croire que Jésus ne souhaite pas nous enfermer dans une logique mercantile pour nous expliquer de quel amour il nous aime.
Avant de partir, le maître du domaine confia ses biens à ses serviteurs. Non, il leur donna ses biens sans l’idée de les récupérer à son retour. i1D’ailleurs l’attitude des serviteurs est différente pour chacun, avec les talents reçus qu’ils ont bien l’intention de garder pour eux-mêmes: les deux premiers vont développer leurs talents en les mettant à profit pour les faire fructifier. C’est quand on développe ses talents par la créativité qu’ils grandissent.
Le troisième serviteur, celui qui n’avait reçu qu’un talent alla creuser la terre pour cacher l’argent de son maître (il n’a pas encore compris que ce n’est plus l’argent du maître c’est devenu son argent à lui, le maître lui a donné pour toujours). En enterrant son talent, le serviteur s’enterre avec lui. Il s’enterre soi-même, se ferme à toute créativité. Beaucoup de personnes ont souvent des talents qu’elles ont peur de reconnaître et d’exploiter. On ne peut pas forcer quelqu’un à développer ses talents, mais je pense qu’une bonne éducation passe par l’encouragement de l’autre à se découvrir lui-même. Plutôt que de forcer quelqu’un à suivre mon chemin, il est bon d’écouter l’autre pour connaître le chemin sur lequel il pourra renaître, en l’encourageant à être fidèle à son chemin et à éveiller ses talents.
En revenant, le maître demande des comptes, cependant si on traduit littéralement le texte grecque, il faudrait traduire : le maître entre en conversation (sunarein logon) avec ses serviteurs ; il leur demande de lui raconter ce qu’ils ont vécu. Le maître ne les juge pas, au contraire, il se réjouit de ce qu’ils ont vécu. Entre dans la joie du Seigneur lui dira-t-il.
Le troisième serviteur qui avait caché son talent n’a jamais cru que le maître lui avait vraiment donné(pour toujours). Quand il a reçu l’argent, il a cru qu’il devrait le lui rendre. Ce troisième serviteur n’a donc pas développé le talent qui lui avait été donné. Il n’a jamais cru qu’il était digne d’avoir un/du talent. Ce serviteur ne s’est jamais senti raiment considéré par le maître, il s’était donc bien enterré tout seul avec le talent que le maître lui reconnaissait…
Cette parable nous met devant un Dieu qui ne demande pas qu’on lui rende des comptes. Dieu donne sans compter et surtout sans attendre un retour de notre part.
Rendons grâce à Dieu de croire en nous et de nous encourager à développer nos talents pour lui. Il n’attend rien de précis de nous, peut-être s’attend-il que nous soyons vraiment nous-mêmes. Libres d’aimer et de libérer les autres par la confiance.
Frère Pierre Gabriel
Lectures de la messe :
Pr 31, 10-13.19-20.30-31
Ps 127 (128), 1-2, 3, 4-5
1 Th 5, 1-6
Mt 25, 14-30