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« Je te loue, Père : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits ». Voilà une exclamation spontanée de Jésus qui nous est précieuse parce qu’elle nous laisse entrevoir un peu de sa prière et de sa relation à son Père.

En voyant l’accueil de sa personne et de la Bonne Nouvelle par le petit peuple des humbles, Jésus exulte de joie. Jésus voit dans cette ouverture des cœurs et dans cet accueil de l’évangile les signes de l’œuvre du Père. Tout vient de Dieu et la foi est d’abord un don à accueillir ce qui nécessite un cœur de pauvre et l’humilité de celui qui se laisse enseigner.

Quand Jésus exulte de joie et loue son Père, son action de grâce survient dans un contexte de mission. L’échec de la mission auprès des villes commerçantes de Galilée qui refusent de se convertir contraste avec l’accueil qu’il trouve chez des petites gens. Ils ne sont peut-être pas le plus grand nombre mais les vrais croyants seront sans doute toujours une minorité.

Dieu aime révéler ses secrets aux petits et aux pauvres des béatitudes. C’est ce que Jésus découvrait en cheminant sur les routes de Palestine. Jésus allait aux périphéries, il aimait se mêler au petit peuple, aux gens simples et c’est là qu’il voyait dans la réalité de leur quotidien les signes du Royaume qui vient. Et en découvrant cela avec étonnement et admiration, Jésus loue Dieu son Père qui l’a voulu dans sa bonté.

La Vierge Marie a fait la même expérience. C’est sans doute pourquoi elle aime confier ses secrets à des personnes humbles, de condition modeste, même à des enfants. Il suffit de penser à ses apparitions comme à Lourdes, Fatima, Beauraing, Banneux, et bien d’autres. Des apparitions qui dérangent quelque peu les sages et les savants mais qui attirent des multitudes de croyants.

Pour nous aussi, comme pour Jésus, ce qui réjouit notre cœur, c’est de savoir reconnaître les signes de l’action de Dieu ; c’est de la voir à l’œuvre chez ceux et celles qui nous font le cadeau de nous partager comment le Seigneur a transformé leur vie ; c’est de faire personnellement l’expérience de sa présence agissante en nous et de pouvoir alors s’exclamer comme Job : « Je te connaissais par ouï-dire, maintenant mes yeux t’ont vu ».

En découvrant les merveilles que Dieu réalise chez tel ou tel d’entre nous, spécialement chez les plus humbles, il est vrai que notre cœur est touché et intérieurement nous avons envie de rendre grâce : « Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre ». Nous nous émerveillons devant les manières si diverses et souvent surprenantes avec lesquelles Dieu se révèle et conduit chacun par l’action discrète de son Esprit. Seuls les yeux de la foi nous permettent d’expérimenter cette béatitude de l’évangile : « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez… ».

Nous avons à apprendre à regarder comme Jésus, à voir au-delà des gestes ordinaires, au-delà de petits évènements pour découvrir dans la vie des gens, la trace de la vie divine cachée en chacun et chacune, les manifestations de l’Esprit qui habite en nous.

« Quelle source de joie lorsque nous regardons autour de nous avec les yeux de la foi et de l’amour ! Jamais nous ne cesserons de nous émerveiller, écrit Maurice Zundel. Chaque jour le visage de Dieu se manifestera sous des traits nouveaux, chaque fois à travers des personnes différentes. Ce regard de Jésus peut être aussi le nôtre. Il est même essentiel si nous voulons que notre foi soit nourrie et enrichie chaque jour et reste vivante. Parce que, comme dit encore Zundel, qu’est-ce qui nous pousse à croire en Dieu sinon son rayonnement à travers le visage de chaque personne ? » Aussi, si nous voulons grandir dans la foi, nous avons à développer cette capacité d’admiration qui permet de voir comment Dieu continue d’agir dans notre humanité, malgré les drames et les guerres que le monde est en train de vivre.

Et puis Jésus confie : « Je suis doux et humble de cœur ». C’est une révélation essentielle. C’est l’unique fois où l’évangile parle du cœur de Jésus et c’est pour nous dire que c’est un cœur doux, humble, pacifique. Jésus a manifesté cette douceur et cette humilité de bien des manières. Il suffit de rappeler, comme l’annonçait le prophète Zacharie, son entrée à Jérusalem assis sur un ânon, le petit d’une ânesse, et non en fier cavalier. Mais la plus grande manifestation de sa douceur et de son humilité c’est au cours de sa passion. Jésus n’a manifesté aucun mouvement de colère, de vengeance, aucune menace, mais un regard d’infinie compassion et des paroles de pardon. Jésus s’est dépouillé de sa condition royale et a accepté l’humiliation de la croix pour nous sauver.

L’humilité caractérise l’attitude de Jésus avec nous et elle se renouvelle chaque fois que Jésus se rend présent dans l’eucharistie sous les espèces du pain et du vin. Il s’offre à nous comme aliment spirituel jusqu’à disparaitre en nous pour nous transformer et nous diviniser peu à peu. Qu’il est grand ce mystère d’humilité !

Fr. Bernard de Briey

Lectures du jour
Za, 9, 9-10
Ps 144 (145)
Rm 8, 9-13
Mt 11, 25-30

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