Les textes de ce dimanche nous révèlent d’abord que le phénomène de la résurrection ne concerne pas uniquement la personne de Jésus, mais qu’il déploie une force de relèvement pour tout l’environnement du mystère et pour les acteurs bibliques eux-mêmes.
La première lecture semble ressusciter Jean le Baptiste sous nos yeux en la personne de Pierre. Il a, à ce moment, la voix assurée et forte de celui qui prêchait dans le désert. « Convertissez-vous et que chacun soit baptisé au nom de Jésus… ». Frères, que devons-nous faire ? C’est la question que posaient la foule, les collecteurs d’impôts et les soldats au baptiseur. Jean-Baptiste est un peu le portier entre le premier et le second testament. Il fait entrer les brebis dans l’enclos où elles vont être préparées à accueillir un messie surprenant. Et Pierre est de l’autre côté du seuil pour le relayer. Le psaume fait sortir de l’ombre le roi David, la seconde lecture évoque le Serviteur souffrant d’Isaïe, … C’est comme si tous les acteurs bibliques venaient rendre témoignage que Jésus est bien le Messie attendu et espéré.
Chaque fois que nous approchons Dieu par la voie de ce qui flatte notre désir de gloire, de puissance, d’intérêt, de sécurité, nous sommes des bandits et des voleurs. Le seul chemin pour rencontrer Dieu est de passer par la porte qu’est le Christ, d’emprunter le chemin que lui-même a parcouru. Certes, il n’est pas le plus facile, mais il est celui qui rend libre ; autrement dit, il nous permet de rentrer et de sortir dans la liberté de l’Esprit. Cela s’oppose à ce qui est fermé et cadenassé, comme la ville de Jéricho symbole de fermeture à l’approche de l’arche de Dieu, comme la maison des apôtres au soir de Pâques. Méfiance, peur, hostilité. Tout cela est balayé par la liberté nouvelle de la résurrection. Mais comment être libres si ce n’est en étant ajustés à ce que nous sommes en vérité ? Et comment être nous-mêmes sans être pleinement au Christ ? Comme le juif est régénéré par la Parole contenue dans la mezouzah à chaque passage de la porte de sa maison ou de sa ville. Revitalisation dans le mouvement de son être qui le conduit à l’extérieur pour un travail, une rencontre ou la résolution d’un conflit, ou le ramène à l’intérieur pour le repos, la réflexion ou les joies de la famille. Nous chrétiens, nous n’avons pas de mezouzah, mais le nom de Jésus est fixé à la porte de notre cœur.
Il est la porte de compréhension de qui nous sommes en profondeur, de toutes les Écritures et de tous les événements de nos vies. Pour être moi, je suis appelé à me configurer à lui.
En vérité, il est le passage qui nous fait accéder à nous-mêmes, aux autres et au Dieu Trinité.
Jean-Baptiste a pu être lui-même jusqu’au bout, David s’est maintenu dans son rôle de messie malgré son péché, le Serviteur a donné sens au-delà de sa souffrance, Abraham fut le père d’une multitude malgré sa stérilité, parce que avant que soit Abraham, Moi je suis. Je suis la porte. Elle est ouverte pour nous aussi, n’hésitons pas à y passer.
Fr. Renaud Thon
Lectures de la messe :
Ac 2, 14a.36-41
Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6
1 P 2, 20b-25
Jn 10, 1-10