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À l’occasion de Pâques, j’ai reçu des photos de mes enfants. Je faisais des bonds de joie et m’exclamais : ce paysage est incroyablement beau ; la création du Seigneur est vraiment magnifique ! Ce n’est pas la composition de la scène que j’admirais mais, à travers l’image, je me sentais projetée près d’eux et proche de Dieu à la fois. Au plus intime de moi, je sentais la chaleur de l’amour m’envahir. Malgré la distance des kilomètres qui nous séparaient, je sentais la proximité et la présence. Quelle joie et quel cadeau pour Pâques ! Et vous comment avez-vous ressenti la résurrection ?

Tout au long de cette semaine, nous avons rencontré des témoins de la résurrection. Pour les disciples, c’est une semaine d’étonnements face à des événements qui les dépassent, une semaine où s’entremêlent la peur vis-à-vis des Juifs et la crainte des moqueries. D’abord Pierre, qui vit le linceul au tombeau vide. Puis Marie-Madeleine, qui fut saisie par la voix du Rabbi l’appelant par son nom. Et aujourd’hui, c’est l’apôtre Thomas qui prends conscience de la présence de Jésus … mais il doute.

Ces expériences diverses posent question. À vrai dire, les disciples ne sont pas encore vraiment sûrs que Jésus soit bien ressuscité. Jésus se manifeste tantôt à l’un, tantôt à l’autre mais il n’habite plus parmi eux. Le plus étonnant est que souvent il est déjà là, avant même que les disciples ne le reconnaissent.

Dans l’évangile, Jésus apporte du neuf, un signe dans son propre corps et une parole : « La Paix soit avec vous ». Il est étonnant et émouvant de retrouver un développement semblable au début de l’évangile selon saint Jean : la parole s’est fait chair. Et puis, pourquoi ces traces ? Elles ne sont pas seulement là comme un argument pour convaincre. Elles sont là parce qu’elles font en quelque sorte maintenant partie du corps de Jésus ressuscité. En fin d’évangile, on pourrait dire que cette ‘gloire’, c’est à travers son corps blessé, livré, qu’elle est vue, porteuse de son message.

Nous avons compris que la Résurrection n’est pas chose facile à comprendre. Elle a en quelque sorte rendu la vie au cadavre de Jésus mais pas dans son état de santé parfaite, sans blessures. D’ailleurs, ce n’est probablement pas cela que la Résurrection exprime. Dieu aurait pu restituer son corps en parfait état mais alors cela aurait pu signifier qu’il nie la condition humaine car les blessures montrent combien Jésus a aimé et a été rejeté et s’est donné tout entier par amour pour nous.

Je pense que la religion n’a jamais été quelque chose qui peut être réduit au ‘simple’ acte de croire, ni à des routines de pratique comme aller à l’église, la participation aux sacrements, la présence dans un groupe de prière, la charité, etc. Au contraire, nous sommes invités à comprendre que la religion inclut aussi de l’imagination ; différentes manières d’imaginer le monde autour de nous et aussi Dieu lui-même. Cela implique également de nous laisser toucher, enrichir et éclairer, esprits et âmes, par lui. Il en est ainsi comme des photos dont je vous parlais au début. A travers des images, m’est donnée une réalité que je peux concrètement percevoir et accueillir. L’image m’a permis d’être unie à mes enfants et la religion de me configurer au (comme) Christ.

Enfin, Dieu, dans son infinie miséricorde, désire communiquer sa vie aux hommes. L’incarnation du Fils et sa mort sur la croix, le sang qu’il a versé, ont manifesté et réalisé cette volonté d’amour du Père. Alors, quand nous nous donnons à lui entièrement, prions et espérons que notre célébration de ce matin puisse nous aider à entrer dans l’esprit du Christ, en grandissant merveilleusement, et pas à pas, dans une ressemblance avec lui.

Sœur Julian Day

Lectures de la messe :
Ac 2, 42-47
Ps 117 (118), 2-4, 13-15b, 22-24
1 P 1, 3-9
Jn 20, 19-31

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