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Ce très bel évangile s’adresse à ceux qui tendent une oreille de disciple. Il nous appelle à une mission de haute importance à l’aide de deux ingrédients métaphoriques : le sel et la lumière.

Le sel est cette matière étonnante qui permet, en petite quantité, d’amener les créatures au sommet de leur capacité à exprimer leur saveur et tout ce qu’elles recèlent de bon. Si le chrétien est alors comparé à du sel, il devrait être celui qui fait ressortir le meilleur en chaque personne ou en chaque situation qu’il rencontre. Chercher, trouver et donner du goût et du sens à la vie ouvre un espace de lumière. Être du sel, c’est sortir du quelconque, du banal, de l’uniformité pour éclairer la personne sur ce qu’elle est appelée à devenir. Une invitation à reconnaître que nous sommes inachevés, inaccomplis et une mise en mouvement vers un devenir …

Découvrir, en somme, que nous sommes constamment créés par Dieu. Le mot pour dire créer quand c’est Dieu qui en est le sujet, est en hébreu Bara. Et si je prends mes ciseaux étymologiques et que je coupe ce mot hébreu en deux, j’obtiens Ba Ra qu’on peut aussi comprendre : « Dans le Voir ». Créer, c’est donc mettre dans le voir. Dieu voit et ce qu’Il voit existe, apparaît et est mis en lumière. Et c’est bien de cela qu’il s’agit dans nos textes de ce dimanche : illuminer, ne pas cacher, allumer et mettre en haut pour éclairer, ne pas se dérober en faisant un lien entre lumière et justice. Faire le bien pour que les hommes reconnaissent la gloire du Père qui est aux cieux. Ou, dans Isaïe, l’action ajustée à la Parole nous ouvre à l’accompagnement de la gloire du Seigneur. En ce cas, la lumière de Dieu devient ta lumière. Comme pour celui qui lit l’enseignement de Dieu jour et nuit : La Tora du Seigneur devient sa Tora, ici sa lumière devient ma lumière.

Et le psaume précise qu’agir de façon ajustée à la Parole du Seigneur, c’est participer à sa manifestation dans ce monde, ce qui éloigne de nous la peur, la confusion et nous donne de l’assurance.

Nous devons quitter nos idées toutes faites et nos convictions étroites.

Quand Paul s’est adressé aux philosophes d’Athènes, il avait préparé un discours dans les règles de l’art rhétorique et technique et ce fut un flop … Il est venu sur leur terrain et ils l’ont jugé avec leurs critères, trouvant étrangement bizarre ce qu’il dit sur un messie crucifié et ressuscité. Mais avec les corinthiens, il laissa l’Esprit à la manœuvre et sa force agir dans sa fragilité. Il laissa la grandeur du mystère de Dieu se dire à travers la crainte et le tremblement de son humble personne. Quand nous mettons à sa disposition notre intelligence et nos sens, nous contribuons, comme le disait Jean Scot Erigène, « à la manifestation de ce qui est caché, à la corporalisation de l’incorporel, à la visibilité de l’invisible, à la localisation de ce qui n’a pas de lieu, à la temporalisation de l’intemporel,… » (cité par Emmanuel Falque dans « Dieu, la chair et l’autre », page 125).

Habillons donc notre vie de justice et recherchons les lieux et les événements de nos vies où Il peut apparaître et briller. Alors sa lumière sera la nôtre.

Fr. Renaud Thon

Lectures de la messe :
Is 58, 7-10
Ps 111 (112),.4-5, 6-7, 8a.9
1 Co 2, 1-5
Mt 5, 13-16

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