Cette fête est née du cœur du peuple croyant ; elle a surgi de l’intuition la plus délicate de la Foi. L’Assomption de Marie est une conviction qui s’est affirmée au cours des siècles. Il est vrai qu’elle n’est pas attestée dans les écrits du Nouveau-Testament. Mais l’intuition du Peuple croyant a très vite deviné que Marie, la première et immédiatement après sa mort, avait été enlevée dans la gloire de Dieu.
Comment le lien si étroit et si fort entre Marie et Jésus aurait-il pu ne pas persister au-delà de la mort ? Comment le corps de l’immaculée, de celle qui a porté l’Auteur de la vie, aurait-il pu connaître la corruption du tombeau ? Et puis surtout, il y a cette conviction de l’Église que Jésus a voulu associer sa mère d’une manière toute particulière à sa gloire de ressuscité.
La mort de Marie, nous ne pouvons l’imaginer qu’empreinte d’une immense paix. C’est ce que les chrétiens d’Orient ont très vite perçu. Dès les premiers siècles, ils célébraient ce qu’ils appellent « la Dormition de Marie ». La mort de Marie n’avait pu être qu’un sommeil ; elle s’était doucement endormie dans la confiance paisible et l’attente joyeuse de retrouver son Fils bien aimé.
Le mot « assomption » évoque une élévation et pourtant ce n’est pas une ascension. Marie s’est laissée faire, s’est laissée emporter par Dieu. Le mot Assomption signifie que Marie n’a rien fait par elle-même ; c’est la puissance du Saint-Esprit qui en elle a tout accompli. Se laisser conduire par Dieu sans y mettre la moindre résistance, c’est bien ce que Marie a su réaliser sa vie entière. Jusqu’au bout elle a été la servante du Seigneur.
Cette fête de Marie, c’est la fête de toute l’Église, celle de nous tous. En contemplant les merveilles que Dieu a réalisées en Marie, nous découvrons ce à quoi nous sommes promis. « La résurrection de la chair et la vie éternelle » que nous ne possédons qu’en espérance, Dieu les a déjà accordées à une femme de notre race, afin de nous encourager sur la route de la foi. La place de la Sainte Vierge ne pouvait être que directement après son Fils, en tête du cortège des croyants. Ce n’est pas pour rien que le dogme de l’Assomption a été proclamé en la fête de tous les saints, un premier novembre, et non un 15 août. En choisissant le jour de la Toussaint, c’est une manière de dire que l’Assomption de Marie est l’anticipation de ce qui nous attend tous par la grâce de notre baptême.
Ce que l’Assomption nous dit c’est que nos corps eux-mêmes sont promis à la gloire de Dieu. Elle proclame la dignité de notre corps, même et surtout s’il est faible, blessé, meurtri. Il s’agit non pas de les mépriser mais de les sanctifier, de les respecter et d’en prendre soin. Cette fête nous invite à réapprendre la dignité de notre corps d’homme et de femme, temples de l’Esprit-Saint, et elle nous conduit à un grand émerveillement pour notre humanité.
Devant ce mystère nous ne pouvons que contempler Marie et regarder comment cette assomption a commencé dès le début de son existence. Contempler Marie pour entrer dans le même mouvement, pour nous mettre à l’école de sa foi fervente, de sa bonté rayonnante, de son humilité, et surtout de sa confiance inébranlable en la réalisation des promesses. C’est dans l’humble quotidien que commence la transfiguration de tout son être. Et par son Magnificat, Marie nous dit que ces joies du ciel, nous pouvons déjà y gouter dès maintenant, si nous savons accueillir les dons de Dieu.
Le Seigneur veut notre bonheur en nous faisant partager sa vie. Cet amour de Dieu pour chacun de nous ne peut s’arrêter au moment de la mort. Celle-ci ne peut être la fin de tout. Bien sûr, nous ne comprenons pas toujours les chemins par où l’Esprit du Seigneur nous mène, bien sûr nous ne pouvons imaginer quelle plénitude de vie nous attend. Alors regardons Marie, laissons-nous guider avec confiance comme elle. En nous précédant, elle humanise notre chemin d’éternité.
Fr. Bernard de Briey
Lectures de la messe :
Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab)
Ps 44, (45), 11-12a, 12b-13, 14-15a, 15b-16
1 Co 15, 20-27a
Lc 1, 39-56