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Un disciple de Jésus, apparemment au nom de tous, lui demande de leur apprendre à prier. Jésus répond en donnant un modèle de prière, y ajoute une parabole et une promesse relative à l’efficacité de la prière. Et il conclut : Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent !

Cette dernière phrase de Jésus est peut-être la seule qui réponde vraiment à la demande du disciple. Car le disciple n’avait pas demandé à Jésus de le convaincre de l’efficacité de la prière. Et il ne lui avait sans doute pas demandé de lui apprendre une prière, de lui fournir une formule, à moins que ce ne soit à cela que se réfère la précision : comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. Nous savons en effet que les disciples de Jean « faisaient des prières » (Luc 5, 33), ce qui pourrait signifier qu’ils pratiquaient la prière commune, et on pourrait imaginer que Jean leur avait composé une espèce d’office. La demande du disciple exprime peut-être le désir de disposer d’un moyen de prier avec Jésus, au lieu de le regarder prier et d’attendre qu’il ait fini. Telle que la tradition l’a comprise, cependant, la question du disciple n’était pas : que dis-tu quand tu pries ? Elle n’était pas : pourquoi pries-tu ? Mais : comment pries-tu ?

La réponse de Jésus se limite alors à une directive : demande au Père de te donner l’Esprit Saint. Il ne peut pas te le refuser. Et l’Esprit fera le reste. Comme le dit saint Paul dans sa lettre aux Romains : L’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas quoi demander pour prier comme il faut. L’Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements inexprimables. Et Dieu, qui scrute les cœurs, connaît les intentions de l’Esprit puisque c’est selon Dieu que l’Esprit intercède pour les fidèles (Rm 8, 26-27). La prière se reçoit de l’Esprit, elle commence par une remise de tout notre être à l’emprise du souffle de Dieu.

Chaque matin, au monastère, nous commençons notre prière par le verset du psaume : Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche publiera ta louange. C’est une prière à l’Esprit Saint. Aux autres offices du jour, nous lui disons : Viens à notre aide, à notre secours. C’est dire, comme Paul vient de nous le rappeler, que nous ne savons pas prier comme il faut, et que nous comptons sur l’Esprit pour venir en aide à notre faiblesse. Mais quand nous lui disons d’ouvrir nos lèvres, nous n’attendons pas qu’il vienne le faire du dehors. Dès notre baptême, il a été répandu dans nos cœurs. Nous demandons à notre hôte intérieur de nous remplir si pleinement qu’il déborde de nous. Viens, Esprit Saint, remplis mon cœur. Maintenant, mon âme est troublée. Reprends ta place au-dessus d’elle. Sois en moi source jaillissante, ouvre mes lèvres, force le barrage de mes lèvres, pour te répandre en louange ! Ah ! si notre prière pouvait n’être jamais rien d’autre qu’un débordement d’Esprit Saint !

Mais il ne faut pas attendre d’en être arrivé là pour se mettre à prier. L’essentiel de la réponse de Jésus au disciple qui voudrait apprendre à prier, le cœur de sa réponse, c’est : Demandez. Dans l’enseignement évangélique sur la prière, il n’est pour ainsi dire question que de la prière de demande. L’évangile nous donne quelques exemples de la prière de Jésus, qui expriment entre autres sa louange. Mais quand Jésus parle de la prière, apprend à prier, exhorte à prier, il ne parle que de la supplication. Prier, c’est demander. La prière de demande est la plus urgente, la plus nécessaire, et en même temps, au moins dans les meilleurs cas, la plus chargée d’amour. Dieu a besoin de notre prière, de notre intercession. C’est sur ce levier qu’il s’appuie pour soulever le monde.

Fr. François Dehotte

Lectures de la messe :
Gn 18, 20-32
Ps 137 (138), 1-2a, 2bc-3, 6-7ab, 7c-8
Col 2, 12-14
Lc 11, 1-13

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