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Enluminure extraite du livre d’heures, dit de Besançon, peinte vers 1580.
Philippe Lefebvre, dominicain, me faisait observer les regards : le bœuf regarde Marie, l’âne regarde Joseph, Marie lit un livre qu’on peut supposer être la Torah, sans avoir un regard sur son fils, Joseph, lui, regarde le petit et l’entoure de sa protection. Une division des rôles qui pose vraiment question. Cela dévoile une étrange famille, à découvrir certainement et qui est loin de nos modèles traditionnels. Une chose encore, Philippe me faisait remarquer le drap rouge qui couvre les jambes de Marie. C’est, disait-il, comme si ce que Marie découvrait dans les Écritures « coulait » et conduisait à Jésus, son Fils.

Au  début du premier confinement, je me rappelle, j’avais décidé d’appeler mes parents chaque soir quelques minutes, juste pour échanger notre présence, je me souviens qu’ils m’avaient dit que le confinement avait au moins quelque chose de bon puisque nous nous entendions plus régulièrement. Dans une famille, qu’il soit seul ou entouré d’autres frères et sœurs, l’enfant est toujours unique pour les parents qui l’accueillent, et je me rendais compte que c’était à moi aussi d’accueillir mes parents.

Aujourd’hui, l’évangile de Luc nous met en présence d’un fait de vie très naturel et humain, puisque nous nous trouvons en face des parents de Jésus en train de chercher leur fils. Quel parent n’a pas déjà cherché son fils ou sa fille ? Regardons le texte d’un peu plus près.

Quand Jésus eut douze ans, nous dit Luc, ses parents montèrent avec Jésus à Jérusalem. Jésus reste à Jérusalem et ses parents le cherchent. Ils le retrouvent après trois jours sans nouvelle, enseignant dans le temple. Jusqu’ici, nous voyons que ce sont les parents qui sont les sujets des verbes du texte : les parents montent à Jérusalem, puis reviennent, ils cherchent Jésus, ne le trouvent pas ; puis finalement ils le trouvent, ils le voient et sont frappés d’étonnement. La mère dit : « mon enfant, pourquoi as-tu fait cela à ton père et à moi ? Les parents sont sujets et Jésus seulement l’enfant. Mais progressivement Jésus devient sujet. Pourquoi me cherchiez-vous ? « Je dois être aux choses de mon Père ». Jésus dit « je ».

On peut observer que le texte nous situe dans le temps de Dieu et le temps des hommes.

Jésus n’a pas d’abord été un homme pour devenir Dieu par la suite.

Jésus est fils de Dieu, sauveur de l’humanité dés sa naissance. Mais il s’inscrit dans le temps des hommes, il ne se révèle que progressivement. La croissance de l’humanité pour le croyant est toujours une croissance « en grâce ». C’est la reconnaissance d’un amour inconditionnel. On grandit en humanité en se reconnaissant aimé.

Dans la lettre de saint Jean que nous avons entendue, il est dit : voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu.

La sainte famille n’est pas seulement Jésus entouré de sa mère et de son père. La fête de la sainte famille est aussi la fête de nos familles à tous. Puisque là où l’amour est présent, Dieu est présent. Même si aujourd’hui beaucoup de familles se sont décomposées, recomposées, une famille est toujours un acte de foi.

Je voudrais terminer avec ces mots du père jésuite Jean-Paul Laurent : « La foi et l’espérance ont un objet. Un seul. On ne croit et on n’espère qu’en l’amour. Ces textes nous invitent à célébrer la Sainte Famille en réveillant en nous la foi, l’espérance et l’amour. C‘est dans notre aujourd’hui que se produira ce réveil. En croyant en l’amour reçu et en aimant à notre tour : dans cet amour-là s’inscrit ce qui apparaîtra, notre ressemblance avec le Seigneur. »

Fr. Pierre Gabriel

Lectures de la messe :
1 S 1, 20-22.24-28
Ps 83 (84), 2-3, 5-6, 9-10
1 Jn 3, 1-2.21-24
Lc 2, 41-52

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