Dans l’évangile de Matthieu, qui était proposé pour la même fête l’année dernière, Jésus nous donnait une parole de roi : « chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits c’est à moi que vous l’avez fait. » Mais cette année, dans l’évangile de Jean, Jésus montre une autre facette de sa royauté : « ma royauté ne vient pas de ce monde », dit-il. Mais alors de quelle royauté se fait-il l’émissaire quand il dit : « Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » ?
De quelle vérité s’agit-il ? Le livre de Daniel nous annonce que le Fils d’homme va venir pour dominer sur les peuples, les nations. « Sa domination est une domination éternelle », nous dit le texte.
Voilà pourquoi quand Jésus nous dit que sa royauté ne vient pas d’ici, on ne le comprend pas. Un roi est quelqu’un d’important, nous avons directement beaucoup d’images qui se bousculent et elles ont toutes trait au pouvoir temporel dont Pilate est un bon représentant. Il n’y a pourtant pas deux mondes distincts dans deux espaces différents : un espace temporel et un espace éternel, qui serait ailleurs !
Le royaume de Jésus n’est pas de ce monde mais il est en ce monde, comme dira saint Augustin. C’est-à-dire qu’il ne provient pas des valeurs mondaines, mais il est au milieu de nous et vient convertir notre manière de vivre. Nous avons la possibilité d’habiter ce royaume si nous prenons le chemin de la foi.
Jésus vient, en somme, convertir notre image du roi pour lui donner les traits de l’amour. Un Dieu qui nous ferait peur ne peut être le Dieu de Jésus-Christ. Jésus abolit nos peurs pour nous donner la liberté. Il retire l’uniforme du modèle du roi que nous imaginons pour rejoindre chacun (e) dans sa vérité.
Jésus n’est pas le Fils d’un Dieu qui nous juge d’abord, mais d’un Dieu qui nous désire, qui nous aime. Car le visage de Jésus, le visage de la vérité, est celui de l’amour. Croire en un Dieu aimant, c’est pouvoir vivre vraiment sous le regard de Dieu sans aucune crainte. Imaginez la personne qui vous aime le plus et pensez que Dieu vous aime encore bien au-delà.
Jésus nous aime d’un amour royal, inconditionnel. Il cherche avec nous notre bonheur. Comme dit saint Jean, « Jésus est venu pour que nous ayons la joie et que notre joie soit parfaite. » Cette vérité de perfection d’amour ne peut provenir de ce monde qui passe, mais elle convient parfaitement à ce monde qui nous accueille. En nous aimant de la sorte, Jésus nous fait participer à son charisme, il nous permet de découvrir notre vocation de Roi reçue à notre baptême. Comme roi, Jésus ne s’enferme pas dans un rôle ou une fonction, il se fait davantage attentif à la faiblesse humaine. En suivant le regard des plus faibles de ce monde, nous pouvons retrouver le visage royal de Jésus.
Je voudrais terminer par un passage de l’Apocalypse (19, 1-7)
Salut, puissance, honneur, louange à notre Dieu, Alleluia !
Ils sont justes et vrais ses jugements, alléluia, alléluia
Célébrer notre Dieu, serviteur du Seigneur, alléluia
Vous tous qui le craignez, petits et grands, Alléluia, Alléluia
Il règne notre Dieu, le Seigneur tout-puissant, alléluia !
Exultons plein de joie, rendons-lui gloire, Alléluia, Alléluia
Voici venir déjà les noces de l’Agneau, alléluia
Son épouse pour lui s’est faite belle, Alléluia, alléluia
Fr. Pierre Gabriel
Lectures de la messe :
Dn 7, 13-14
Ps 92 (93), 1abc, 1d-2, 5
Ap 1, 5-8
Jn 18, 33b-37