Sans titre
Les évangiles éthiopiens de Garima – tous deux logés dans le monastère abba garima en éthiopie – sont les plus anciens manuscrits enluminés connus  existant, même avant les évangiles de Rabbula (c. 586, Bibliothèque laurentienne, Florence) de Syrie. Composés de deux livres distincts de 10 pouces d’épaisseur – Garima 2 (l’ancien texte) et Garima 1 (le texte le plus récent) – écrits sur une peau de chèvre et ornés d’illustrations colorées, ces chefs-d’œuvre inestimables de Art biblique sont écrits en éthiopien, l’ancienne langue sémitique de l’Abyssinie. Considéré à l’origine comme datant de l’époque médiévale, vers 1100, les résultats de la datation au radiocarbone obtenus par des chercheurs de l’Université d’Oxford, sous l’égide du Fonds du patrimoine éthiopien, montrent qu’ils datent en réalité de 390 à 660 ans CE. Garima 2, le plus ancien des deux livres, est donc le plus ancien texte décoré chrétien connu du monde.
Ethiopie

Après avoir appris que beaucoup de personnes avaient été sinistrées par les intempéries, j’avais appelé Marguerita, une amie qui vit déjà dans une situation précaire à Liège, pour lui demander si elle avait subi des dommages chez elle. Elle me répondit qu’elle était en train de remplir des sacs de vêtements pour les sinistrés. Son attitude m’enseignait qu’on ne devenait pas pauvre en donnant …

Dans le livre des Rois, nous avons entendu qu’Élie, désespéré et découragé par les hostilités et contradictions rencontrées, était venu s’asseoir au pied d’un buisson et demandait à Dieu de reprendre sa vie. L’ange du Seigneur vint le toucher et lui dire : « lève-toi et mange. » Malgré cette première interpellation, Élie s’était rendormi et il a fallu que Dieu, par l’intermédiaire de l’ange vienne une seconde fois lui dire de se lever et de manger pour qu’Élie se décide vraiment à se lever et à se nourrir afin de reprendre sa route durant 40 jours et 40 nuits jusqu’à la montagne de Dieu.

Élie voyait sa mort approcher, un ange le toucha et le remit debout.

Nous aussi, nous pouvons être découragés par des contradictions dans notre vie quotidienne, notre travail. Et un geste, un peu d’écoute et d’attention renforcent le corps et nous remet debout.

Dans l’évangile de Jean, Jésus ne nous parle plus d’un pain qui nourrit notre corps, comme la galette donnée à Élie, il nous parle de lui, le Pain de vie.

Avant la consécration, quand le prêtre présente les offrandes, il dit que le pain est le fruit de la terre et du travail des hommes. Le pain exprime bien le travail. Ne parlons-nous pas de notre gagne-pain pour qualifier notre travail ?

Bon nombre de personnes dans le monde manque de pain et dans nos pays plus privilégiés beaucoup n’ont plus de travail. Chaque fois que Jésus nous touche profondément, il nous réveille et nous prenons conscience de ce que nous recevons de lui. Un peu comme Élie qui s’est laissé toucher par l’ange et a trouvé un pain à côté de lui en se réveillant. Il a pu se rassasier pour continuer son chemin. Le pain est bien un aliment essentiel pour la route.

La manne évoquée dimanche dernier représentait la nourriture périssable donnée quotidiennement au peuple pour sa survie. Mais au lieu d’être un pain comme celui qu’Élie avait découvert à son lever, la manne par son apparence mystérieuse questionnait le peuple. La question, l’étonnement qu’elle suscitait est le même que l’étonnement suscité par le Christ quand il dit qu’il est le pain descendu du ciel. La question de Jésus est donnée pour maintenir le pèlerin en route et parcourir, comme Élie, le chemin qui le conduira à la montagne de Dieu. Jésus ne nous donne pas une réponse toute faite qui risquerait de nous endormir.

On dit du moine qu’il cherche Dieu. Mais tout chrétien cherche Dieu. Sa marche est motivée par le désir de le rencontrer. Un scientifique dans sa recherche sera inquiet de trouver une réponse, mais dès qu’il l’aura trouvée, il devra s’arrêter et reprendre une autre question.

Le chrétien, lui, a déjà fait une expérience de Dieu, il a déjà des éléments de réponse, mais il va multiplier les itinéraires, les expériences, pour alimenter sa recherche et approcher toujours plus près le visage de Dieu qu’il ne verra jamais face à face ici bas. Le chrétien n’a jamais fini de chercher et de se réveiller.

Quand Jésus dit qu’il est le pain, on ne comprend pas. Mais quand on dit que nous avons des copains, on comprend mieux. Le copain est celui qui partage le même pain que nous. Jésus n’est pas notre copain, mais par lui nous pouvons être uni les uns aux autres. En partageant son corps, son pain de vie, nous nous unissons à lui et nous augmentons la communion entre nous, car nous sommes ensemble pour chercher Dieu.

À l’Arche, on appelle volontiers les personnes en situation de handicap des « copains« , c’est une autre façon d’exprimer la fraternité. Cette manière de parler permet à tous d’être unis dans une même recherche du visage de Dieu, chacun selon ses possibilités.

Comme la manne qui descendait en silence sur le peuple, comme l’ange qui vint toucher Élie, le Christ descend aussi en silence dans nos vies par des voies diverses. Un visage, une parole, un regard peut nous changer, nous ouvrir et nous encourager à continuer notre chemin.

Le pain dans cette eucharistie rendra présent le corps du Christ pour nous permettre de rester sur la route et fortifier notre confiance en Dieu. Mais serons-nous suffisamment libres pour reconnaître le visage de Jésus, ses blessures, sa vie dans un simple morceau de pain? Le corps du Christ se fait nourriture pour notre propre corps… mais qui est-il ce Dieu là? Mann hou? diraient les hébreux.

Avec vous, j’ai envie de demander à Dieu qui a le visage du pain, comment il est possible, qu’aujourd’hui des hommes, des femmes et beaucoup d’enfants dans le monde meurent de faim sur des routes qu’ils prennent pour sauver leur vie.

Si nous devenons déjà pain pour nos proches, ceux-là qui vivent autour de nous, l’unité ne s’étendra-t-elle pas au monde entier ? Le cri du monde doit amplifier notre prière afin que Dieu puisse donner le pain de ce jour pour la vie des plus pauvres. Car la faim que le monde crie, n’est-elle pas aussi une faim de Dieu ?

En donnant ses vêtements, Marguerita donnait aussi son corps pour les sinistrés.

Fr. Pierre Gabriel

Lectures de la messe :
1 R 19, 4-8
Ps 33 (34), 2-3, 4-5, 6-7, 8-9
Ep 4, 30 – 5, 2
Jn 6, 41-51

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