“Jésus fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu ». Comment comprendre cet article de notre foi ? Comment entrer dans ce mystère ? Nous comprenons la prière de Paul dans la deuxième lecture qui demande à Dieu d’ouvrir les yeux de notre cœur pour que nous comprenions à quelle espérance nous avons été appelés.
Jésus n’est pas revenu à sa vie antérieure, mais il est ressuscité à une vie totalement nouvelle et différente. C’est pour cela que les évangiles nous disent qu’on ne peut le retenir. Jésus est monté au ciel, il est entré dans une autre dimension de l’existence, inaccessible à nos sens. On ne peut exprimer cette réalité, sinon avec des images. Et l’image de la montée au ciel exprime bien ce qui nous dépasse complètement.
L’image du ciel est éloquente et très significative parce que le ciel qui nous domine de toutes parts est la figure de l’infini et du mystère. Du ciel viennent les éclairs, les orages, les pluies que nous ne pouvons contrôler. Le ciel est la figure de la beauté avec sa multitude d’étoiles, avec ses aurores et ses couchers de soleil. Toutefois, nous ne pouvons pas être prisonniers des images car les réalités de notre foi surpassent toutes les représentations humaines. Le ciel de l’Ascension n’est pas le ciel du cosmos, l’ascension n’est pas un voyage dans l’espace car le ciel divin ne peut se localiser. L’unique chose que nous pouvons dire c’est que le ciel divin est très proche, qu’il est d’une certaine manière de l’autre côté de notre univers quotidien. Il est même déjà présent mais nos yeux ne peuvent encore apercevoir la réalité transfigurée. Nous ne pouvons que croire Jésus quand il nous dit : « Je suis au milieu de vous, je suis avec vous tous les jours ». Et de même que le Christ ressuscité reste très proche, de cette proximité d’un amour qui nous enveloppe, nous pouvons croire aussi que nos défunts nous restent très proches.
Le corps de Jésus de Nazareth nous est devenu invisible. Mais Jésus s’est donné un autre corps visible, ce corps qui est l’Église. Désormais, ce sont nous, tous ensemble, qui sommes appelés à rendre une visibilité à Jésus. Quelle belle mission et quelle responsabilité ! Jésus vient demeurer au milieu de nous, dans la mesure où nous vivons unis par une relation d’amour et d’amitié. Je me souviens de ma mère, le jour de ses 90 ans, quand se voyant entourée de tous ses enfants et petits-enfants, elle s’exclama : le ciel, c’est quand on s’aime.
L’Ascension est une fête qui invite à la joie et à l’espérance, surtout en ces temps où la mort est si présente et nous touche de si près. Une fête de l’espérance car elle nous annonce que notre vie terrestre n’est pas une descente inéluctable vers la maladie, vers une perte progressive de nos facultés et vers une disparition définitive. Cette fête nous invite à voir au contraire notre vie mortelle comme une montée vers une création renouvelée, vers une vie nouvelle transfigurée qui comblera notre attente parce que nous partagerons la gloire du Christ ressuscité.
Fe. Bernard de Briey
Lectures de la messe :
Ac 1, 1-11
Ps 46 (47), 2-3, 6-7,8-9
Ep 4, 1-13
Mc 16, 15-20