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Comme Luc le suggère à ses lecteurs, revenons aux origines de notre foi en recourant à l’histoire de Dieu avec Israël. Accueillons les paroles de Dieu adressées à son peuple éprouvé, au chapitre 7 du livre du Deutéronome : « Tu es un peuple consacré au Seigneur, ton Dieu; c’est toi que le Seigneur a choisi pour son peuple parmi toutes les nations qui sont sur la terre.;Si le Seigneur s’est attaché à vous et vous a choisis, ce n’est pas que vous soyez le plus nombreux de tous les peuples : car vous êtes le moins nombreux … Mais c’est par amour pour vous et pour garder le serment juré à vos pères. » (Dt 7, 7)

Paroles adressées hier à Israël et à nous aujourd’hui ! Elles s’adressent au petit reste que nous formons : à nous petite communauté de Wavreumont ébranlée et fragilisée par la Covid mais aussi, à vous qui êtes en communion avec nous en ce temps de pandémie. Ensemble nous sommes consacrés au Seigneur. C’est nous que le Seigneur convoque en ce jour, non pas parce que nous sommes meilleurs que les autres ou en fonction de nos mérites. Il nous rassemble  par amour comme un père aime rassembler ses enfants dispersés, préoccupés par les soucis de la vie. Il nous rassemble comme Jésus rassembla ses disciples avant son arrestation et sa mise à mort pour nous redire en ces temps troublés : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. » (Jn 15, 9)

Convoqués par un amour qui s’offre gratuitement et que chacun et chacune reçoivent en toute liberté ! Invités par un amour qui se donne à travers son Fils Jésus, Parole et Corps partagés, se recevant de son de son Père et attentif à chaque être humain rencontré, tout spécialement à l’être blessé et rejeté. Relation d’amour de plus en plus profonde qui, en Jésus et par Lui, nous transforme de serviteurs en fils et filles bien-aimés du Père. Relation n’exigeant pas de réciprocité comme cela se passa avec Judas mais toujours ouverte au pardon tel celui offert au larron repentant. Relation n’éteignant pas le feu qui couve encore sous la cendre !

Invitation à demeurer, à nous laisser, comme le Christ, envahir totalement par l’amour de notre Père de cieux non pas en lui répondant d’abord mais en nous aimant les uns les autres comme le Christ nous a aimés jusqu’à l’extrême de l’amour ! Paroles exigeantes à vivre entre nous aujourd’hui à travers les mesures d’hygiène et de distanciation sociale pour protéger nos frères et sœurs !

Dans sa lettre saint Jean ose affirmer que : « Celui qui aime ainsi est né de Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour. » (1Jn4, 7-10)

Habité par un tel amour, après le départ de Jésus, Pierre allait d’une communauté chrétienne à l’autre, nous dit Luc. Il guérissait et faisait des miracles au nom de ce Jésus. Amour reçu de son Maître et partagé, dans un premier temps avec les juifs, avec les membres de sa race. Or la première lecture ouvre une brèche à ce propos. Pierre est confronté à des conflits au sein de communautés chrétiennes accueillant et partageant autour de la même table non seulement de juifs mais aussi des païens. C’est ce qu’illustre le récit de la rencontre de Pierre, juif pratiquant, avec Corneille, centurion de l’armée romaine. Dans le récit qui précède cette rencontre, il était question d’une vision pour Corneille et d’une extase pour Pierre. Style littéraire pour exprimer l’intervention de Dieu. Intervention de Dieu libérant Pierre de ses scrupules à enfreindre les règles de pureté rituelle, pour accepter l’invitation à se rendre chez Corneille. Intervention de Dieu auprès d’un romain pieux, sympathisant généreux envers le judaïsme.

Au grand étonnement des juifs qui accompagnaient Pierre, le don de l’Esprit réalisé dans un premier temps à la Pentecôte et destiné aux Juifs de langues et d’origines différentes, se réalise à nouveau en intégrant, cette fois, les païens.  » Unité et même communion existent bien car tous entendent la même parole de Dieu. Mais il s’agit d’une communion différenciée : chacun entend cette Parole dans sa propre langue. Et Louis Marie Chauvet d’ajouter : « Je trouve cela si beau que j’y vois la raison d’être et le programme de l’Eglise…Réaliser la communion avec des personnes de culture et de tempérament différents, et vivre cela comme la participation au projet de Dieu pour le monde entier. Voilà en quoi consiste le don de l’Esprit : …au lieu d’abolir les différences, il les promeut pour former une unité. » (J.-M. Chauvet, Dieu un détour inutile, Cerf, Paris, 2020, p. 251)

Qu’il en soit ainsi dans chacune de nos communautés chrétiennes, dans chacun de nos lieux de vie ! Alors se poursuivra le serment juré par Dieu à nos Pères !

Fr. Jean Albert Dumoulin

Lectures de la messe :

Ac 10, 25-26.34-35.44-48
Ps 97 (98), 1, 2-3ab, 3cd-4
1 Jn 4, 7-10
Jn 15, 9-17

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