« Convertissez-vous et croyez à la bonne nouvelle », nous dit Jésus, « car les temps sont accomplis. » Nous sommes au commencement de l’évangile de Marc, le plus ancien et le plus court des quatre évangiles. Nous sommes aussi au début de la vie publique de Jésus. Il vient d’être baptisé et il fait son séjour de quarante jours au désert, où il est tenté par Satan. Le texte nous dit que Jésus est poussé par l’Esprit pour y être mis à l’épreuve.
Il commence donc sa vie publique en appelant ses premiers disciples, Simon et André, ainsi que les fils de Zébédée, Jacques et Jean. Tous les quatre étaient des pêcheurs. « Venez à ma suite, je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. »
Dans la première lecture, tirée du livre de Jonas, livre prophétique, dont l’histoire cependant est une fiction, en fait, un récit parabolique, riche de sens, écrit après l’exil, probablement au 4e siècle avant Jésus-Christ. Ce livre veut nous faire comprendre que la vocation d’Israël est de révéler à toutes les nations le vrai Dieu qui nous aime.
Jonas est un drôle de prophète, qui part dans la direction opposée à celle indiquée par Dieu. Si Jonas se fâche, c’est que le Seigneur est attentif et miséricordieux envers Ninive ! Saint Paul, qui est bien sur la même longueur d’onde, dit aux Corinthiens : « le temps est limité, il faut se convertir, car le Seigneur va venir. » Nous sommes maintenant encore en attente.
Revenons à notre évangile. Saint Marc nous montre que l’attitude du disciple est de se convertir aussitôt, d’être prêt à laisser père, mère, famille, pour s’ouvrir à une démarche qui aboutit au service du peuple de Dieu, pour annoncer la bonne nouvelle au monde entier. C’est comme nous le dit le pape François, qui nous invite à aller aux périphéries. Il nous rappelle que Jésus n’a pas enseigné une doctrine religieuse afin que les disciples la proclament au monde entier. Jésus nous annonce un événement qui vient.
Nous pouvons faire un résumé de l’évangile de Marc : « ainsi Jésus proclamait la bonne nouvelle, car les temps sont accomplis. Convertissez-vous et croyez à la bonne nouvelle. Le Royaume de Dieu est proche ». Il est là, auprès de nous. Il est déjà là, mais… pas encore. Jésus voulait introduire dans le monde le Royaume de Dieu, c’est-à-dire, une société plus juste, plus digne, pour tous, travail que chaque génération de chrétiens doit reprendre, et cela jusqu’à la fin du monde. Le regard est tourné vers l’avenir. Il ne faut pas trop regarder en arrière. Le mot « conversion » vient du grec : « se mettre à penser ». Se convertir, c’est libérer la vie, comme dans la parabole du semeur. La conversion, c’est quelque chose qui donne la paix et la joie, sans cela, la conversion pourrait-elle être authentique ?
Le psaume que nous avons chanté, est l’indicateur du chemin de conversion : « Seigneur, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître la route, dirige-nous par ta volonté, par ta vérité enseigne-moi, car tu es le Dieu qui me sauve. »
Amen.
Fr. Manuel Akamine
Lectures de la messe :
Jon 3, 1-5.10
Ps 24 (25), 4-5ab, 6-7bc, 8-s
1 Co 7, 29-31
Mc 1, 14-20
Prière :
Seigneur Jésus, Ce ne sont pas des pêcheurs de rivière que tu as appelés à te suivre, mais des pêcheurs de mer. Tu savais bien ce que tu faisais. Les premiers sont souvent solitaires, les seconds ne peuvent manœuvrer leurs lourds filets qu’en mettant ensemble toutes leurs forces. Pour être à notre tour des pêcheurs d’hommes d’aujourd’hui, tu nous appelles nous aussi à unir nos forces, à rester unis tout en faisant de nos différences autant d’atouts. En ce dimanche qui clôture la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, nous te demandons de nous faire le don d’une vraie communion d’esprit et de cœur entre nous et avec nos frères et sœurs d’autres confessions chrétiennes. C’est la force et l’authenticité de notre communion à toi qui nous permettra de nous rapprocher en chemin de tous ceux et celles qui te cherchent, ou plutôt qui comme nous se laissent attirer et appeler par toi. Que notre communion avec toi et entre nous devienne le sacrement de ton Amour pour le monde.
Pistes de réflexion :
« Aussitôt, les gens de Ninive crurent en Dieu. »
Quand le Seigneur a appelé Jonas pour l’envoyer à Ninive, ce dernier a commencé par prendre ses jambes à son cou pour s’enfuir dans la direction opposée. Après le séjour dans le ventre de la baleine, le voici enfin qui accepte la mission de proclamer l’appel à la conversion dans cette métropole qu’il fallait 3 jours pour traverser. Et la prédication de Jonas se révèle d’une efficacité stupéfiante. La Parole du Seigneur prépare les cœurs par un labeur, un labour secret, mais il a besoin de notre parole d’homme pour que sa parole produise tout son fruit. N’ayons pas peur d’être à notre tour ses messagers.
« Le temps est limité. Il passe, ce monde tel que nous le voyons. »
Toutes ces préoccupations qui accaparent nos journées, trouver l’âme sœur, nos chagrins et nos joies, notre recherche du profit et nos achats pourraient nous faire oublier que notre vraie demeure n’est pas dans tout cela. Le Seigneur nous prépare une maison près de son Père, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en Lui.
« Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. »
« Cherchez le Royaume de Dieu et tout cela vous sera donné par surcroît. »
Les lectures de ce jour nous invitent à saisir ce moment favorable qu’est l’aujourd’hui de Dieu. Laissons-nous conduire là où il veut nous mener. Oui, Seigneur, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route. C’est toi qui montres aux pécheurs le chemin, qui enseignes aux humbles à te suivre. Fais-moi me souvenir de ta tendresse à mon égard, ton amour qui est de toujours. Dans ton amour, Seigneur, ne m’oublie pas et ne me laisse pas oublier mes frères et sœurs.
P. Boland