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Comme je vous y invitais au début de la célébration, laissons-nous détendre par la joie. Bien sûr que le satané virus ne connaît pas de dimanche et que nous restons vigilants pour notre santé et celle des autres. Mais ne laissons pas notre vie s’enfermer dans la peur ! Respirons !

Aujourd’hui, comme dimanche dernier, la liturgie évoque le personnage de Jean-Baptiste ; cette fois, c’est l’évangile de Jean qui nous en parle.

C’est qu’ici Jean-Baptiste est vivement interpellé sur son identité: Qui es-tu donc? Élie? Le grand prophète? Qui es-tu? Et Jean de répondre: Je suis la voix de celui qui crie à travers le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur …

Tout le premier Testament exprimait la tension vers la venue du Messie. L’attente accompagnée d’espérance voire aussi d’impatience ou de perplexité et d’irritations pour les Juifs, devient pour Jean-Baptiste une confiance sereine. Il ne donne pas des réponses précises à ses interlocuteurs. Seuls ceux qui accepteront de marcher dans le désert sans vouloir tout comprendre et tout posséder, verront la lumière de Dieu se lever. Ils comprendront ce que Jean-Baptiste annonçait.

Le désert est le terrain de Jean-Baptiste. C’est de là qu’il parle et c’est là qu’il nous rejoint, c’est là aussi qu’il veut nous emmener. Comme le premier Testament nous a appris à marcher dans le désert avec le peuple d’Israël, Jean-Baptiste nous ramène chacun à notre désert. Un lieu où la soif se creuse et où notre oreille s’affine pour écouter les nouveaux sons qui s’offrent à nous. Un lieu où nous sommes obligés de nous simplifier pour tenir.

Peut-être que la pandémie vécue cette année nous fait redécouvrir des valeurs qui étaient mises en veilleuse avant par l’activisme et la frénésie du shopping qui contrôlaient la vie de beaucoup.

Mais le désert n’est pas seulement un vide à remplir. Il est un vide à rencontrer, à découvrir, un vide devant lequel on s’émerveille. Je pense que le désert pourrait être une belle représentation de Dieu.

Aux questions des Juifs sur son identité, Jean-Baptiste ne répond pas. Il les laisse sur leur interrogation. Il ne veut pas leur enlever la chance du chemin qui leur reste à parcourir pour découvrir son projet qui est surtout de nous annoncer Jésus en train de venir. Comme Jean-Baptiste vient annoncer la venue de Jésus, il ne va pas commencer par se mettre en première ligne. Et puis Jésus n’est pas encore là, Jean-Baptiste ne savait pas tout sur sa personne avant son arrivée. Jésus habite déjà le silence qui nous sépare de lui. Au fond, ce silence de l’Avent a déjà un peu le goût du silence que nous rencontrerons le samedi Saint ; à peine Jésus sera mort que nous serons renvoyés devant notre silence intérieur. Un silence qui nourrit.

Si le désert est le chemin des Juifs, comme il est aussi notre chemin, il n’est pas seulement un temps aride et stérile où l’obsession de la soif et de la faim nous emprisonne. Jean-Baptiste nous fait découvrir ici que le désert est une chance. Car il nous permet de découvrir de nouvelles richesses qu’on aurait peut-être jamais soupçonnées. Certes, la variété des paysages comme toutes les découvertes extérieures peuvent déjà combler le pèlerin que nous sommes, mais le désert est aussi un lieu de rencontre avec notre univers intérieur. Alors que les Juifs demandent à Jean qui il est, peut-être ne se sont-ils pas interrogés sur leur identité à eux-mêmes ! Qui sont-ils vraiment ? Le désert pourrait leur donner de se rencontrer en vérité.

Pour nous aussi, le désert a des visages différents et on y discerne les traces d’une multitude d’expériences toutes aussi originales les unes que les autres. Il s’agit de paysages intérieurs aux parfums très divers. Ainsi les ruptures d’alliance ou de relation, la maladie, la mort ou un accident de la vie pourraient nous faire peur et nous arrêter sur le chemin, mais l’espérance d’entendre la voix d’un ange ou celle d’un prophète comme Jean-Baptiste doit nous encourager à avancer et à rester à l’écoute.

Ce temps précédant la fête de Noël ouvre nos oreilles et nos yeux pour que nous entendions et voyions le Seigneur qui naît, non pas seulement devant nous, mais en nous. Rappelez-vous, la lumière dont l’Évangéliste Jean parlait au début du passage de ce matin, comme dans le prologue de l’évangile, cette lumière n’est pas seulement hors de nous, c’est Jésus qui éclaire le fond de notre être pour lui donner la direction que doit prendre notre vie, celle de Dieu comme celle de l’amour.

Fr. Pierre Gabriel

Lectures de la messe :
Is 61, 1-2a.10-11
Lc 1, 46b-48, 49-50, 53-54
1 Th 5, 16-24
Jn 1, 6-8.19-28

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