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Aujourd’hui, je ne vais pas commenter les textes bibliques qui ont été confiés à notre écoute. Je prendrai plutôt comme fil conducteur une expression du pape François dans un de ses enseignements : « L’Église comme un hôpital de campagne ». Je trouve que cette expression est très parlante et peut nous aider à mettre en lumière quelques traits pour la sainteté d’aujourd’hui.

On dit souvent que l’Église, ceux et celles qui parlent en son nom, ont une vision très naïve, peut-être irréaliste … mais parler de l’Église comme d’un hôpital, c’est laisser entendre que notre monde est blessé, qu’il y a beaucoup de souffrants, de blessés et de victimes dans nos sociétés.

C’est aussi dire que la mission fondamentale, la mission première de l’Église est le soin. Et là, on introduit de l’espérance. La première mission de l’Église n’est pas de proposer un idéal religieux ou un art de vivre. Non, c’est soigner. Comme Jésus l’a fait, lui qui dit être venu pour chercher ce qui est perdu. Ainsi doit faire l’Église, dit le pape François : aller aux périphéries, aller là où se trouvent les blessés de la vie, souvent dans les marges et non pas au centre. Jésus dit : « je ne suis pas venu pour les bien-portants mais pour les malades ». Et il est bien clair que dans l’Église elle-même il y a des blessures qui sont à soigner. Une « Église accidentée », comme dit le Pape.

Le soin dont il est question n’est pas que physique ou psychologique, il veut prendre en charge toute l’humanité des personnes. De quoi les gens ont-ils besoin pour vivre ? D’abord de pain sans doute mais l’humain ne vit pas que de pain mais aussi de parole, de parole de vie.

Le soin et la guérison car il ne faut pas seulement soigner et puis laisser tout en plan comme avant. L’Évangile est guérison parce qu’il veut aller aux racines ; il est une vie nouvelle et pas seulement un raccommodage, un rafistolage, un replâtrage. L’Évangile n’est pas une thérapie en plus ou une forme de développement personnel ; il est salut. Nous disons qu’il est une bonne nouvelle pour le monde. Jésus est venu sauver ce qui est perdu. Il donne sa vie pour cela. Il est mis à mort parce qu’il est reconnu comme sauveur du monde. Et cela fait toujours difficulté.

L’Évangile est résistance à une société où, dans les entreprises, dans les administrations, et les institutions diverses, la personne est regardée comme jetable lorsqu’elle ne sert plus. C’est une violence intolérable.

Le pape parle d’un hôpital de « campagne ». Il veut dire par là un hôpital démontable, transportable rapidement ailleurs. Pas d’installations définitives mais la dynamique du provisoire. Le pape a une expression heureuse : initier des processus plutôt que posséder des espaces, avec des pancartes : ça c’est de l’Église, là c’est l’État. Susciter des actions plutôt que se quereller sur des questions d’identité et de propriété.

En parlant comme il le fait, le pape François appelle une Église qui imagine. Jésus, pour dire le Royaume, a inventé des paraboles qui imaginent le monde autrement afin qu’il ne reste pas tel quel. La sainteté au long des âges a toujours imaginé ; elle a toujours inventé des formes de vie nouvelle, des styles pas encore connus, des mises en commun, des réformes. A notre tour que pouvons-nous inventer ?

Fr. Hubert Thomas

Lectures de la messe :
Ap 7, 2-4.9-14
Ps 23 (24), 1-2, 3-4ab, 5-6
1 Jn 3, 1-3
Mt 5, 1-12a

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