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La liturgie de ce dimanche a un goût de commencement et se situe bien dans le prolongement de Noël et de l’Épiphanie. « Une lumière s’est levée sur le peuple qui marchait dans les ténèbres ». Cette phrase s’applique au peuple d’Israël guettant, dans la nuit de l’exil à Babylone, les premières lueurs de l’aube de la délivrance. Mais cette description n’a rien perdu de son actualité pour tant de peuples opprimés, exploités, et pour tant d’exilés. Et puis, c’est aussi l’image de notre condition humaine, avec ses moments d’obscurité et de doute que nous traversons tous un jour ou l’autre.

Cette grande lumière qui s’est levée, l’évangéliste nous l’annonce clairement : c’est Jésus de Nazareth. Dès le début de l’année liturgique nous sommes invités à tourner résolument notre regard vers Lui. Après l’expérience de son baptême et les 40 jours au désert, une grande lumière l’habite et le porte. Et s’il vient à Capharnaüm, ville cosmopolite située en Galilée, le carrefour des nations, c’est pour nous dire la portée universelle de sa mission. Il est la lumière qui vient pour éclairer toute l’humanité.

Le Royaume est en marche avec Jésus qui s’avance. Le règne de Dieu se donne à voir en Lui. Mais nous ne cheminons pas dans la vision, sauf très exceptionnellement, nous cheminons dans l’écoute de sa Parole. Le fondement de toute la Bible c’est le fait que Dieu parle et que le Peuple écoute. C’est seulement dans l’écoute que peut se produire la rencontre avec la lumière qu’est la Parole de Dieu, vécue et annoncée par Jésus.

C’est pour nous rappeler cette vérité que le pape François a institué un « dimanche de la Parole ». C’est l’occasion de reprendre conscience de l’importance de la première partie de la messe : la table de la Parole qui sera suivie de la table eucharistique. Dans certaines églises des premiers siècles il y avait d’ailleurs, à côté du tabernacle où était déposée la réserve eucharistique, un second tabernacle où était déposé le livre des saintes Ecritures.

Quand on lit les Ecritures au cours d’une célébration comme celle qui nous rassemble ce matin, c’est Dieu lui-même qui parle à son peuple et c’est Jésus-Christ, présent dans sa parole, qui annonce l’évangile. C’est le Seigneur lui-même qui, à travers la personne qui lit, nous parle et nous interpelle, et nous avons à l’écouter avec foi. Car il s’adresse non seulement à une assemblée mais à chacun de nous en particulier, rejoignant chacun et chacune dans ce qu’il vit personnellement.

C’est dire la responsabilité de celui ou celle qui est chargé de faire la lecture. Il ne s’agit pas tant que la diction soit parfaite, même si c’est souhaitable, mais il s’agit surtout de proclamer la lecture avec foi, en prêtant simplement sa voix, en évitant de prendre la première place. La liturgie de la Parole est la table que le Seigneur prépare pour alimenter notre vie spirituelle. L’écoute de la Parole, parce qu’elle est inspirée par le même Esprit qui habite en nous, peut alors devenir une parole vivante qui nous interpelle, oriente nos choix et nos engagements, et modèle peu à peu notre existence.

La Bible est un texte humain, écrit par des auteurs humains mais à travers la foi du lecteur et la foi de celui qui l’écoute, l’Ecriture se transforme, par la grâce du souffle de l’Esprit-Saint, en Parole de Dieu. La lettre était morte mais l’Esprit lui donne vie et fait ressusciter la Parole. Il en est de même pour la table eucharistique. Ce que nous y apportons ne sont que du pain et du vin mais, à travers l’invocation à l’Esprit-Saint, ce que nous appelons l’épiclèse, ils deviennent corps et sang du Christ.

Pour en revenir à l’évangile de ce jour, il faut noter que le premier acte de Jésus en commençant sa mission est de constituer une petite communauté qui l’accompagnera. Aujourd’hui comme hier, Jésus cherche des collaborateurs pour réaliser son œuvre et travailler au règne de Dieu. Jésus intervient de façon inattendue dans la vie de ces 4 hommes. Ils suivent Jésus sans savoir ce que signifie cette rupture, sans savoir où cela les mènera. C’est une aventure qui commence. Il s’agit pour ces hommes d’une rencontre inattendue, surprenante. Pourquoi ce jour ? Pourquoi eux ? Pourquoi à ce moment et en de telles circonstances ? Une telle rencontre peut encore advenir aujourd’hui pour chacun et chacune d’entre nous car c’est à tout moment que le Seigneur peut faire irruption dans la vie. Et ce n’est pas un appel une fois pour toutes, il se renouvelle selon les circonstances de l’existence.

Il est significatif que l’envoi des disciples en mission suive immédiatement la rencontre avec Jésus. C’est cette rencontre qui a bouleversé la vie des apôtres, nous le voyons en particulier chez saint Paul. Ils n’ont qu’un désir c’est que d’autres puissent faire cette même expérience, et rencontrer Jésus.

Aujourd’hui se réunit l’ASBL Mission, cette ASBL qui soutient depuis plus de 50 ans la présence de moines de Wavreumont au Pérou. Aujourd’hui, on peut s’interroger sur la raison d’être de la mission. Quelle peut être sa motivation, dès qu’on abandonne l’adage « Hors de l’Eglise, point de salut » ? ¿Ou la trouver désormais sinon, comme les premiers disciples, dans la rencontre avec la personne du Christ, qui ne nous laisse jamais intacte. Seule la rencontre personnelle avec le Seigneur dans la prière, seule l’expérience de sa Parole qui nous brûle de la faire connaître, peut nous pousser à faire partager cette expérience lumineuse, et cela à travers une présence totalement gratuite et désintéressée.

Fr. Bernard de Briey

Lectures de la messe :
Is 8, 23b – 9, 3
Ps 26 (27), 1, 4abcd, 13-14
1 Co 1, 10-13.17
Mt 4, 12-23

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