Demandez, frappez, cherchez et vous obtiendrez. Un jour, quelque part, Jésus était en prière. Quand il eut terminé, l’un de ses disciples lui demanda : » Seigneur, apprends-nous à prier comme Jean-Baptiste l’a appris à ses disciples « . Nous connaissons tous le Notre Père, et même, nous le récitons plusieurs fois par jour (en tout cas, ici au monastère). Mais ne courons pas le risque qu’il devienne une routine. Ne le rabâchons pas sans même penser à ce que nous disons. Prier en chrétien suppose de nous mettre en situation d’avoir une relation avec Dieu comme avec un père : Abba. Cette belle prière simple mais pleine de sens, le fait d’être la prière enseignée par Jésus, lui donne la place préférée.
Elle est d’abord une prière de demande adressée à Dieu. Nous, les disciples d’aujourd’hui, nous demandons au Seigneur de nous apprendre à prier, car la prière est une grâce qui vient du Père et occupe une place importante près de Dieu. Dieu nous aime et nous enverra son Esprit-Saint. Il veut que nous soyons heureux. Je vous rappelle que le mot « heureux » ne décrit pas une expérience affective, mais signifie « être debout, en marche, pas à pas ». C’est le chemin de conversion qui n’est jamais simple.
Le Notre Père nous a été transmis en deux formules, une longue, la version de Matthieu, et une courte, la version de Luc, que nous venons d’entendre. Si nous regardons de près notre texte, il nous parle de la prière de Jean-Baptiste. Malheureusement, celle-ci n’est pas arrivée jusqu’à nous. Voyons aussi la parabole qui accompagne l’enseignement de Jésus : Un homme sort et frappe à la porte de son voisin pendant la nuit … Il faisait aussi nuit quand, à Bethléem, Jésus est venu au monde dans une crèche. Nuit quand les rois mages sont avertis en songe pour rentrer chez eux par un autre chemin, comme d’ailleurs Joseph, qui part en Égypte avec l’enfant nouveau-né. Il faisait nuit lorsque le peuple hébreu est sorti de l’esclavage d’Égypte. De même, il faisait nuit à la résurrection.
Notre petite parabole suit l’enseignement du voisin sans gêne. Je vous rappelle aussi que toute parabole dit Dieu et ne le dit pas. Notre parabole met l’accent sur le fait d’insister : qui demande recevra, qui cherche trouvera, à qui frappe, on ouvrira. Notre parabole nous enseigne que notre insistance, notre supplication, n’irrite pas Dieu. Comme Jacob qui sort vainqueur de la lutte avec quelqu’un, il ne laissera pas aller son adversaire sans recevoir de lui la bénédiction du Tout Autre. Notre Dieu est soucieux du chemin que parcourt chacun de nous.
Allons voir un peu la première lecture, où un dialogue entre le Seigneur et Abraham prend forme. En fait, c’est le Seigneur qui demande, si on peut dire, l’avis d’Abraham. Un beau dialogue en forme de marchandage tout à fait oriental, où Abraham essaiera d’épargner les deux villes, Sodome et Gomorrhe. Le dialogue commence par cinquante justes et se termine par dix. Dix justes peut-être, parce que c’est le nombre requis pour la prière communautaire juive. Avec moins de dix, cette prière est en souffrance. Mais certains rabbins reprochent à Abraham de ne pas avoir descendu encore le chiffre, pour que son neveu Loth, le seul juste de ces villes, avec sa femme et ses deux filles, puisse être épargné.
Revenons à notre évangile. Parler du Notre Père, c’est parler d’un des textes fondateurs du christianisme. C’est la prière qui a accompagné et accompagne toujours toutes les générations de ceux qui ont foi en Jésus-Christ. Il est bon de nous rappeler qu’il y a une typologie de la prière. La prière individuelle ou collective, la prière spontanée et la prière codifiée. La prière vocale et la prière mentale. La prière courte et la prière étendue.
La lettre de saint Paul aux colossiens nous dit combien le don gratuit du baptême nous donne vie. L’Alliance avec Dieu ne se fait pas avec la circoncision. C’est un don gratuit, comme la prière. Aujourd’hui, je vous propose de réciter le Notre Père avec beaucoup de confiance et d’espérance.
Fr. Manuel Akamine
Lectures de la messe :
Gn 18, 20-32
Ps 137 (138), 1-2a, 2bc-3, 6-7ab, 7c-8
Col 2, 12-14
Lc 11, 1-13