Nous sommes déjà fin mai, le printemps est en pleine efflorescence. Et avec l’arrivée du printemps, j’ai pris conscience d’un petit détail : les feuilles de chaque arbre ont une tonalité de vert différente. C’est une symphonie verte dont la nature nous régale. Au fond du chœur, le printemps fait aussi son œuvre, il nous réveille et nous éveille à la contemplation comme un autre livre de la Genèse. Cette harmonie de nuances de vert ne dure pas longtemps. Elle est éphémère. La tableau de la nature est là. Profitons-en, tandis que la liturgie nous conduit petit à petit au terme du temps pascal, avec ses deux points d’orgue, l’Ascension et la Pentecôte.
La première lecture, tirée des Actes des apôtres, nous rapporte l’ambiance au sein des communautés, où la cohabitation entre juifs et chrétiens est difficile. Nous sommes à l’époque de la première génération chrétienne, dans les années 49. Certains juifs convertis sont de l’opinion qu’il faut d’abord se faire circoncire. La circoncision est au centre de la polémique. Paul et Barnabé sont désignés pour monter vers Jérusalem et clarifier la question avec les apôtres et les anciens, regarder et trancher. Faut-il faire circoncire selon la loi de Moïse, les gens qui sont de culture païenne ?
Cette réunion à Jérusalem, on l’appelle habituellement « le premier concile de l’Église ». Une décision est prise après avoir discuté et prié avec l’aide de l’Esprit Saint. En fait, une double décision est prise. Tout d’abord, les chrétiens d’origine juive ne doivent rien imposer à leurs frères d’origine païenne. Ensuite, les chrétiens d’origine païenne s’abstiendront de ce qui pourrait troubler la vie commune.
Après l’année 70, les différences se sont accentuées. L’année 70 est celle de la destruction du temple de Jérusalem. Le judaïsme et le christianisme vont commencer à se séparer. Les chrétiens sont chassés des synagogues. C’est la seconde ou même déjà la troisième génération. Le judaïsme va renaître de son côté en ayant comme pilier la riche tradition transmise par les pharisiens.
Dans la deuxième lecture, l’auteur du livre de l’Apocalypse nous a parlé de la cité où il n’y a ni temple ni synagogue, et où d’ailleurs, il n’y a pas d’église non plus. Il n’y a plus besoin de la lumière du soleil et de la lune, car c’est la gloire du Seigneur qui est la lumière.
Et dans l’évangile, nous sommes dans la chambre haute. Jésus instruit ses apôtres. Il vit aussi les dernières heures avant sa traversée de la mort, chemin de la passion, chemin pascal, chemin de vie. L’heure est grave. Jésus dira à ses disciples : « Ne soyez pas effrayés ». Ce que Jésus nous demande, c’est de rester fidèles à sa parole : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. C’est-à-dire : soyez attentifs aux besoins des autres. C’est l’amour « agapè », l’amour partage.
« Je m’en vais, dit Jésus, et aussi : je reviens vers vous ». Jésus nous parle de son départ vers le Père, son Ascension, mais il ajoute : « Je reviens vers vous. » Jésus annonce ainsi l’Esprit Saint qui sera envoyé en son nom. Il nous laisse aussi sa paix, que nous sommes invités à vivre et à partager. C’est la paix qui a comme fondement l’amour.
Aujourd’hui, notre société est traversée par des conflits au sein des familles, dans l’Église, etc. La paix de Jésus n’est pas l’absence de conflits. C’est le vivre ensemble selon le désir de Dieu. Au milieu de cette culture de violence, il est nécessaire de promouvoir en nous et dans notre société, une culture de la paix, ancrée dans les paroles de Jésus. Une culture de vie et de dialogue dans un monde où il n’y aurait plus d’exclu. Mais ce n’est pas un chemin qui nous resterait extérieur : La paix dont parle Jésus doit d’abord germer et croître dans nos cœurs, avant d’être partagée.
Fr. Manuel Akamine
Lectures de la messe :
Ac 15, 1-2.22-29
Ps 66 (67), 2-3, 5, 7-8
Ap 21, 10-14.22-23
Jn 14, 23-29