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Comment garder vivante sa foi quand l’on est dispersé au milieu de populations païennes, quand tout semble vaciller, quand tous les repaires religieux ont disparu ? Telle est la question que se posaient déjà les communautés juives au temps de l’exil mais aussi plus tard lorsqu’elles furent dispersées ! C’est à ce questionnement, à ce défi que tente de répondre Baruc dans la première lecture.

Au lieu des regrets stériles tournés vers un passé dépassé, Baruc prend Jérusalem et ce qu’il en reste à témoin : »Quitte ta robe de tristesse et de misères et revêts la parure exprimant la gloire de Dieu… Debout, tiens-toi sur les hauteurs et regarde les signes avant-coureurs d’un changement ! Souviens-toi de ce que fit le Seigneur dans ton passé, des moments où le souffle chaud et enivrant de la joie t’envahissait. N’est-ce pas ce que rappelle Paul aux Philippiens confrontés à des difficultés avec certains juifs ? « Chaque fois que je prie pour vous tous c’est avec joie que je le fais, à cause de votre communion avec moi dès le premier jour jusqu’à maintenant.» Ainsi Baruc comme Paul croit que le Seigneur soutient son peuple, il ne l’abandonne pas ! Se souvenir des actions de Dieu dans son passé tient et nourrit une foi ébranlée, renforce les liens.  Ne peut-il en être ainsi au niveau personnel, au sein d’un couple ou au sein d’une communauté ? Une première piste pour garder sa foi vivante selon les témoignages de Baruch et de Paul !

De façon imagée, Baruch partage encore un autre aspect de sa foi : les épreuves, le malheur sont transitoires. «  Dieu a décidé que les hautes montagnes d’injustice, de mensonges et de violences seraient abaissées… la terre sera aplanie afin qu’Israël chemine en sécurité.» Dieu conduit son peuple vers un mieux. Baruc évoque par là la foi du peuple davantage spiritualisée et intériorisée à son retour d’exil. Autre aspect de la conversion à laquelle nous convie Baruc en ce temps de l’Avent !

N’est-ce pas à une foi davantage dépouillée, creusée par l’épreuve que fait écho Jean le Baptiste en se retirant au désert, milieu hostile, lieu de passage où l’homme est plus réceptif à Dieu, à l’autre et ouvert à la nature? Renonçant à la ville, lieu du pouvoir politique, renonçant au Temple, lieu de pouvoir des chefs religieux Jean invite ses interlocuteurs à être davantage réceptifs à l’essentiel ; Jean s’adresse au plus profond de notre être humain : « à la joie de se savoir rejoint, aimé par Dieu et capable à notre tour d’aimer, de rire, d’avoir un regard bienveillant sur les autres. «  (Ph. Verdin)

Telle attitude n’est pas évidente ! Elle nécessite la décision de renoncer à certaines de nos habitudes, au fatalisme ambiant en restant assis  à gémir pour nous mettre en route. Le moteur de cette démarche réside dans le désir de préparer le chemin du Seigneur en redressant les passages tortueux, en comblant les ravins, abaissant les collines, constituant autant d’obstacles sur notre chemin. Le moteur de cette démarche c’est encore le désir de lutter contre le poids de la culpabilité, du péché et contre la honte qui enferment notre cœur au lieu de l’ouvrir à la miséricorde de Dieu, à la rencontre avec l’autre, au bien de l’humanité, au respect de la création. Ce mouvement nous fait alors goûter à la joie de notre Bien-Aimé, comme l’appelle le livre du Cantique des Cantiques. Répondant ainsi humblement là où nous sommes au projet initial de Dieu !

Fr. Jean-Albert Dumoulin

Lectures de la messe :
Ba 5, 1-9
Ps 125 (126), 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6
Ph 1, 4-6.8-11
Lc 3, 1-6

 

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