Chers Frères et Sœurs ,
Jésus parlait à ses disciples de sa venue.
À travers les images très fortes mais difficiles à comprendre que nous venons d’entendre lire dans l’Évangile, il y a au moins une chose qui nous est annoncée avec clarté. Afin que ne subsiste que ce qui est stable et inébranlable, tout ce qui manifeste la vanité, l’instabilité et l’insuffisance de ce monde sera ébranlé. Dans un langage parlant de peur et d’affolement, avec des mots que de tout temps certains ont essayé à tort de faire coïncider avec les évènements du monde, c’est pourtant une bonne nouvelle qui nous est annoncée. Cette bonne nouvelle est l’annonce de la venue du Sauveur. Rien de ce qui approche n’est vraiment effrayant puisque Jésus parle de sa venue. C’est l’accomplissement d’une promesse de bonheur comme celle que Jérémie avait faite de manière prophétique: « Voici venir des jours – oracle du Seigneur – où j’accomplirai la promesse de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël et à la maison de Juda ». Cette venue, c’est celle du Sauveur.
Dans les Évangiles, il y a deux manières différentes et complémentaires d’annoncer cette promesse qui est celle du Royaume qui vient avec le Christ. Certains textes disent qu’il est déjà mystérieusement présent, que le Sauveur est avec nous tous les jours jusqu’à la fin des temps et qu’à travers la complexité de l’histoire humaine et de chacune de nos histoires, nous cheminons vers lui. D’autres textes comme l’Évangile d’aujourd’hui suggèrent par des images violentes qu’il y aura une irruption, une manifestation que rien ne laissait prévoir de Dieu, du monde nouveau dans l’histoire des hommes et de l’humanité. Et nous ne pouvons refuser aucune de ces deux perceptions que donne la foi car elles n’épuisent pas la vérité concernant la venue du Sauveur.
Jésus parlait à ses disciples de sa venue
Pour nous préparer à faire mémoire de la venue du Sauveur dans la chair, dans la faiblesse et dans l’humilité, l’Église proclame qu’il viendra de nouveau pour récapituler toutes choses et pour que le mal et la mort soient détruits. Ce que les premiers chrétiens attendaient pour dans très peu de temps afin d’être pour toujours avec le Seigneur comme le dit Saint Paul, nous risquons nous d’oublier de l’attendre ou d’oublier que c’est une bonne nouvelle. Ce que nous dit ce début d’Avent, c’est que cette venue n’est pour nous ni dans le passé, ni dans un futur que nul ne connait mais dans l’éternel aujourd’hui de Dieu. Comme le dit si bien Saint Bernard, il est en fait trois avènements. Il est un premier Avent où les hommes ont contemplés Dieu sous la faiblesse de la chair alors que le Verbe s’est fait bébé vagissant et sans voix. Il en est un second où il viendra dans la gloire, Agneau immolé. Et il n’y aura plus de malédiction, ses serviteurs verront son visage et son nom sera sur leurs fronts. Mais il est aussi un Avent intermédiaire dans le présent de nos vies où le Sauveur nous dit : « Voici que je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je prendrai mon repas avec lui et lui avec moi ».
Jésus parlait à ses disciples de sa venue
La venue du Fils de l’homme dans tout l’univers se réalisera comme elle se réalise aujourd’hui en celui qui accueille le Christ dans son coeur. Et c’est dans ce présent que nous sommes invités à rester éveillés et à priez en tout temps. « Soyez toujours dans la joie, priez sans cesse, rendez grâce en toute circonstance ». Ce n’est ni hier, ni demain que Dieu nous visite mais dans l’instant, à ce moment unique où nous pouvons nous arrêter, où nous pouvons nous assoir pour écouter l’action de grâce que toute la création même les pierres rendent à leur créateur. Si le temps de l’Avent nous invite à l’attente, il nous y invite de manière paradoxale en nous proposant de nous assoir dans la stabilité du présent déposant toute inquiétude en celui qui peut tout.
Jésus parlait à ses disciples de sa venue
Frères et Sœurs, même s’il est audacieux de vouloir corriger saint Bernard, il me semble qu’il y a encore comme un quatrième avènement : « que le Seigneur nous donne entre nous et à l’égard de tous les hommes un amour de plus en plus intense et débordant ». Cette venue nous la célébrons aussi aujourd’hui lorsque le pauvre, l’étranger, le malade et le prisonnier viennent nous visiter. Nous avons tous appris comment il faut se conduire pour plaire à Dieu. Laissons nous toucher le cœur par ces autres visitations.
Que l’Esprit Saint vienne adoucir nos cœurs .
Frère Vladimir Gaudrat, abbé de Lérins
Lectures de la messe :
Jr 33, 14-16
Ps 24 (25), 4-5ab, 8-9, 10.14
1 Th 3, 12 – 4, 2
Lc 21, 25-28.34-36