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Une question d’actualité

Même si beaucoup de personnes et de médias s’en préoccupent peu dans notre occident déchristianisé, la question posée aujourd’hui par le Seigneur reste d’une actualité universelle : qui est vraiment Jésus ? comment peut-on croire en lui ?

Il n’est pas sans intérêt de situer d’abord ce récit dans l’évangile de Marc et dans la géographie de l’époque. Au centre du deuxième évangile, la profession de foi de Pierre marque un tournant. Dans une première partie du texte, des guérisons et des faits remarquables ont suscité des questions parmi la foule et les disciples : qui est donc cet homme ? Et voilà que Jésus entraîne ses amis à l’écart, de nouveau en pays étranger (comme dimanche dernier) au nord de la Palestine, pour une sorte de retraite et de mise au point. Que dit-on à mon sujet ?

Il peut paraître étonnant que le Christ se soucie de son image de marque. C’est en fait une manière pédagogique d’amorcer la réflexion. De nos jours, c’est un peu de cette façon que nous sommes interrogés sur notre foi. On ne met plus en doute l’existence historique de Jésus, mais sa signification et sa pertinence actuelle. Qu’est-ce que ça change de croire en cette histoire ancienne et de se référer à ce personnage qui a certes marqué l’histoire de l’humanité, mais d’autres prophètes et d’autres sages sont tout aussi intéressants…

Et vous, que dites-vous ?

Le chrétien ne peut donc plus se cacher derrière des opinions toutes faites. Pour vous, qui suis-je ? Question directe pour chaque disciple.

C’est Pierre qui prend la parole, au nom de tous semble-t-il…, son rôle sera confirmé plus tard. « Tu es le Christ ». Ce mot, en grec, est la transcription de l’hébreu « messie », celui qui est consacré par Dieu, marqué par l’huile sainte comme nous l’avons été au baptême et à la confirmation. Le messie, en français courant, c’est celui qui va sauver la situation, ‘attendu, ou accueilli, comme le messie’ dans une société, dans la politique, dans le sport… En ce temps-là, c’était bien ce que les gens attendaient : celui qui va tout sauver, qui va notamment libérer Israël de la domination des Romains. C’est précisément ce messie-là que Jésus ne veut pas être.

Tes pensées ne sont pas celles de Dieu…

D’où la réponse immédiate à la belle affirmation de Pierre. Le Christ défend d’abord à ses disciples de parler de lui à personne, et il leur annonce sa passion et sa mort. Scandale pour un Juif ! Le Messie assassiné ! C’est impensable. Réaction de Pierre. Et réponse encore plus vive de Jésus, qui ose traiter son ami de Satan : « tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes ».

Les prophètes les plus visionnaires avaient déjà entrevu jadis que le serviteur de Dieu subirait outrages et crachats. Mais « je ne serai pas confondu…, je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des vivants »… Dès lors, Jésus encourage ses disciples dans le même sens. Celui qui veut me suivre, qu’il prenne sa croix… Qu’il ne se contente pas de belles déclarations, qu’il ne se replie pas dans un sauve-qui-peut devant les difficultés, qu’il n’ait pas peur de risquer sa vie à cause de l’Evangile. Saint Jacques écrira plus tard : « montre-moi donc ta foi sans les œuvres, moi c’est par mes œuvres que je te montrera ma foi ». Les martyrs d’Algérie sont pour notre époque la traduction éloquente et tragique de ce que signifie « suivre le Christ ».

Sans aller jusque là, chacun de nous est invité à se retirer de temps en temps à l’écart, comme les disciples, pour répondre à une première question : « qui est Jésus pour moi, et comment exprimer ma foi aujourd’hui ? ».

Elle sera suivie d’une autre : « comment puis-je le suivre dans mes actes ? » Sans perdre de vue ce qu’écrit le frère Aloïs de Taizé : « Ce qui change le monde, ce ne sont pas tellement des actions spectaculaires, c’est la bonté exercée au quotidien. »

Abbé René Rouschop

Lectures de la messe :
Is 50, 5-9a
Ps 114 (116 A), 1-2, 3-4, 5-6, 8-9
Jc 2, 14-18
Mc 8, 27-35

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