Au moment d’entamer une nouvelle année chrétienne, les lectures de ce jour nous proposent une petite phrase – rien que trois mots – qui pourrait nous tenir lieu de devise pour les mois à venir : Dieu est fidèle. C’est Paul qui nous a dit cela en même temps qu’aux Corinthiens : Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à vivre en communion avec son Fils, Jésus Christ notre Seigneur. C’est peut-être l’essentiel de ce que nous avons à retenir : Dieu est fidèle. Autrement dit, Dieu est digne de foi. Dieu ne peut pas décevoir.
Si nous nous attachons à Dieu parce qu’il est puissant, parce qu’il peut tout, parce qu’il nous protège, nous risquons d’être déçus. Nous sommes tôt ou tard obligés de constater que sa toute-puissance n’est pas ce qu’on imagine et qu’elle ne nous préserve pas de tout ce que nous pouvons craindre. Mais ce n’est pas cela que Dieu nous promet. Ce n’est pas sa force qui le rend digne de confiance.
Quand la lettre aux Hébreux fait l’éloge de la foi de Sara, l’épouse d’Abraham, elle dit : « Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge, fut rendue capable d’être à l’origine d’une descendance parce qu’elle pensait que Dieu est fidèle à ses promesses » (He 11,11). Non parce qu’elle pensait que Dieu est tout-puissant, mais parce qu’elle croyait qu’il est fidèle.
De même, si on lit attentivement le récit de l’Annonciation, la grossesse d’Élisabeth n’est pas, dans la bouche de l’ange, la preuve de la puissance de Dieu : elle montre plutôt que Dieu tient parole, et c’est à sa parole que Marie s’en remet. Que tout m’advienne selon ta parole. Mais je ne vais pas couper l’herbe sous le pied de celui qui devra faire l’homélie dans trois semaines.
Dieu est fidèle. C’est probablement sa principale qualité. Et la source de sa joie. Car c’est bien de joie qu’il s’agit. Si Dieu nous a appelés à vivre en communion avec son Fils, c’est pour que nous y trouvions notre joie. Dieu nous invite à puiser notre joie là où il puise la sienne. Et la joie la plus profonde est celle de la fidélité.
Dieu est fidèle, mais, curieusement, sa fidélité est tributaire de la nôtre. Dans le livre du prophète Jérémie, il nous dit (11, 4-5) : Écoutez ma voix et mettez bien en pratique ce que je vous propose ; ainsi vous deviendrez un peuple pour moi et moi je deviendrai Dieu pour vous, et alors je pourrai tenir l’engagement solennel que j’ai passé avec vos pères. La traduction allemande est encore plus explicite : Nur so kann ich den Eid halten. C’est seulement alors que je pourrai tenir ma promesse.
Le Dieu qui fait alliance avec nous ne peut tenir sa promesse que si nous tenons la nôtre ; avec une confiance inouïe, il abandonne sa fidélité entre nos mains. C’est qu’il n’a pas de baguette magique. Il ne peut pas fabriquer notre bonheur de toutes pièces, si nous ne le bâtissons pas avec lui. Il ne peut pas garantir notre fidélité, si nous ne nous donnons pas les moyens d’être fidèles. Fidèles à quoi ? L’un à ceci, l’autre à cela. Mais permettez-moi de vous donner un conseil : si vous désirez grandir dans la vie spirituelle, choisissez de faire chaque jour une petite chose. Pas une trop grande, que vous ne pourrez pas tenir. Ne décidez pas de prier deux heures chaque jour, il y aura des jours où ce sera impossible et vous vous découragerez. Non, quelque chose de tout petit, d’enfantin, mais que vous ferez coûte que coûte. N’allez plus dormir sans l’avoir fait. Le début de l’avent, comme chaque année, essaie de nous réveiller : Prenez garde, restez éveillés. Si notre fidélité reste en éveil, Dieu sera toujours à nos côtés.
Fr. François Dehotte
Lectures de la messe :
Is 63, 16b-17.19b ; 64, 2b-7
Ps 79 (80), 2ac.3bc, 15-16a, 18-19
1 Co 1, 3-9
Mc 13, 33-37