Il y a quelques jours, j’étais surpris de découvrir dans mon courrier, une grande enveloppe où se trouvait un dessin de Lucie qui est une petite fille qui vient parfois chez nous avec sa famille. Le dessin représente une croix entourée du soleil et de fleurs de toutes les couleurs. Le soleil a un visage avec des larmes en forme de cœur.
Quand Jésus nous dit : » heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés » , il nous donne un message d’encouragement puisque ce mot heureux signifie: reste debout et regarde devant toi, ne te décourage pas. Et les larmes en forme de coeur qui sortent des yeux du soleil expriment peut-être aussi la compassion de Dieu pour nos souffrances!
Il y a quelques années, un évêque français avait écrit un livre dont le titre était: » Avance et tu seras libre … »
Le bonheur et la liberté expriment des valeurs bien réelles qui donnent à chacun d’être vivant et tourné définitivement vers l’avenir.
On croirait volontiers que la fête de la Toussaint qui nous amène traditionnellement sur les tombes de nos ancêtres, est une fête tournée vers le passé où nous faisons mémoire de notre histoire.
Pourtant la fête des saints est bien plus une fête de la vie et de la vie qui ne connaît pas de fin, une vie qui a le goût permanent de l’avenir. Car la vie nous tourne le regard chaque jour vers l’avant. Même si une maladie se révèle ou si le poids de l’âge ralentit notre rythme; pour un chrétien, la vie n’est jamais vraiment terminée. Au lieu de fêter le passé, la Toussaint fête l’aujourd’hui de notre existence et l’espérance de rester des vivants.
Un couple ou une famille qui vit une naissance a sa vie fondamentalement changée et tournée vers l’avenir. Pas besoin de leur expliquer que le mot » heureux » signifie : aller de l’avant … Leur enfant ne les fera pas reculer ! Toute naissance nous tire vers la vie.
La fête des saints n’est-elle pas la fête de toutes celles et ceux qui ont assumé leur vie ici-bas pour s’abandonner à l’éternité ? J’ai appris vendredi dernier le décès de Danielle, une amie mère de 5 enfants qui n’a cessé de tourner son visage vers le Seigneur. Et son mari m’écrivait qu’au bout de sa longue maladie, elle était née au ciel. Elle rejoint quelques uns de mes proches qui ont quitté cette terre et sont encore plus proches de moi aujourd’hui. Sur terre la vie ne nous permet pas toujours d’être très proches de ceux que nous aimons ; je pense à Édith qui pouvait regarder et écouter mais d’autres choses comme marcher, parler… lui étaient impossible; une fois nos proches disparus, les différences aussi ont disparues, nous devenons semblables et donc vraiment très proches.
Les fleurs qui entourent la croix sur le dessin de Lucie expriment la famille de toutes les femmes et les hommes morts ou vivants, car c’est tous ensemble que nous sommes attendus et reçus par Jésus.
Au fond, la Toussaint est vraiment notre fête à tous … Avant d’écouter fr Étienne jouer de l’orgue, je vous propose un temps de silence pour rendre grâce à Dieu pour la vie reçue et nous réjouir que le Christ s’avance vers nous afin d’ouvrir des nouvelles voies de justice, de paix et de guérison. Amen
Fr. Pierre Gabriel
Lectures de la messe :
Ap 7, 2-4.9-14
Ps 23
1 Jn 3, 1-3
Mt 5, 1-12a