LA COMMUNAUTÉ BÉNÉDICTINE DE LA RÉSURRECTION, AU PÉROU
Une fondation de Wavreumont
En 2017, la communauté bénédictine de la Résurrection a fêté 50 ans de présence au Pérou. Nous sommes une fondation du Monastère Saint-Remacle en Belgique, réalisée à la demande des évêques péruviens. Le premier groupe de trois moines s’est installé à Lima au début de 1967. Deux ans plus tard était édifié le monastère de Ñaña. En 1992, fut construit un second petit monastère à Chucuito, près de Puno, sans abandonner pour autant l’implantation de Ñaña. Depuis sa fondation, la communauté a perçu un appel à partager son charisme propre de vie contemplative avec une option claire pour les pauvres, avec un souci d’insertion dans l’Eglise locale, en étant proche des gens, et en communion avec des frères et sœurs laïcs. Chucuito a en particulier le souci du dialogue interculturel et interreligieux, spécialement avec la culture andine et sa riche spiritualité.
Réduits à un petit nombre, les moines se sont vus contraints de renoncer, il y a une dizaine d’années à réaliser le projet initial d’un monastère classique. Heureusement, ils ont pu compter sur la solidarité et la collaboration de sœurs oblates et d’une Fraternité laïque, sans lesquels la communauté n’aurait pu se maintenir. Celle-ci s’est donc développée dans un sens inattendu, plein d’incertitude mais aussi d’espérance, et de façon différente à Ñaña et à Chucuito.
La première implantation se situe à 20 kms du centre de Lima, dans un quartier populaire qui avait, lors de son installation, une allure de campagne, loin du bruit de la capitale, ce qui n’est malheureusement plus le cas aujourd’hui. Le petit monastère se compose d’une quinzaine de chambres, d’une belle grande chapelle en forme de croix grecque, d’une bibliothèque et de tous les espaces nécessaires à la vie d’une communauté monastique. Ñaña est la maison mère où tous les frères et sœurs se retrouvent trois fois par an, à Noël, Pâques et pour la fête de St Benoît. Y résident en permanence deux frères qui ne peuvent vivre en altitude, et deux sœurs, dont l’une vit en ermitage, à proximité. Ils sont entourés d’une Fraternité laïque très présente et qui désire vivre en communion avec les valeurs essentielles de la spiritualité bénédictine. Ce sont des personnes de condition et d’horizon très divers, animés par la même aspiration à chercher Dieu. Certaines d’entre elles travaillent au monastère.
L’autre implantation se situe dans l’altiplano, sur la rive du lac Titicaca, à Chucuito, près de Puno. Situé à 3850 mètres d’altitude, le monastère domine le lac, offrant une vue magnifique. Y résident normalement en permanence deux frères et deux sœurs, ceux-ci pouvant compter sur l’assistance régulière de deux oblats et de nombreux amis. Lorsque la décision fut prise de fermer le noviciat et de ne plus accueillir de candidats, le monastère s’est découvert la vocation d’une sorte d’école bénédictine de vie spirituelle, ouverte à tous ceux qui désiraient approfondir leur relation avec le Seigneur et leur engagement chrétien. Pour certains il s’agit d’un temps sabbatique, pour d’autres un temps de discernement, d’autres souhaitent un temps d’accompagnement et de formation. Il s’agit essentiellement de partager le style et les exigences de la vie d’un monastère, certes un peu particulier, pour un temps qui est déterminé avec chaque candidat et sous la forme d’un contrat renouvelable. Ce qui est proposé c’est une immersion offrant la possibilité d’expérimenter l’ambiance fraternelle, joyeuse et fervente d’une communauté très diversifiée. Après 10 ans d’expérience, on peut dire que l’expérience est très positive tant pour la communauté monastique que pour les participants accueillis, qui viennent non seulement du Pérou mais aussi d’autres pays d’Amérique latine et même d’Europe.
Le monastère de la Résurrection a été ainsi amené à s’ouvrir à des personnes très diverses, consacrées et laïcs, hommes et femmes, qui souhaitaient partager la vie bénédictine, que ce soit pour une semaine, un mois, un an ou pour toute la vie. Notre préoccupation est d’être au service de ce que l’Esprit suscite en chacun et d’encourager l’appel que la personne a reçu du Seigneur. Ce service d’Eglise, nous voulons l’offrir de manière désintéressée, sans chercher d’aucune manière à faire du recrutement. Nous sommes animés par le désir de semer le plus largement possible l’héritage de notre père saint Benoît et nous verrons, ou nous ne le verrons pas, ce qui germera avec la grâce de Dieu. L’important ce sont les personnes et ce que nous aurons pu éveiller en elles, dans le respect du cheminement personnel de chacun.
A défaut d’avoir réussi à réaliser le projet initial de fondation, nous avons par contre édifié peu à peu une grande famille bénédictine qui réunit, autour d’un noyau monastique, un large réseau de frères et sœurs. Nous formons donc une Famille Bénédictine, riche de sa pluralité, composée de personnes qui ont des engagements fort différents mais qui se reconnaissent dans la spiritualité de saint Benoît. Bien que nous veillions à ce que la référence monastique soit claire, attentifs à maintenir le rythme des offices de la liturgie qui commencent avec les Matines à 4.30, et les temps d’adoration communautaire, attentifs aussi à maintenir un climat de silence, nous ne sommes pas pour autant une communauté monastique classique. Nous sommes un petit groupe de trois moines issus de Wavreumont, auquel sont associés quatre sœurs oblates régulières c’est-à-dire partageant pleinement la vie monastique et ses responsabilités. La formule d’oblature régulière nous paraît la plus appropriée dans notre cas, dans la mesure où elle nous laisse une grande flexibilité et la possibilité d’adaptation à chaque situation, avec un statut qui nous permet de fonctionner avec des engagements temporaires renouvelables, et qui nous permet aussi de conserver le caractère mixte de la communauté. La Famille bénédictine de la Résurrection compte aussi trois oblats séculiers et bien sûr la Fraternité laïque.
En 2014, Wavreumont a souhaité confier la responsabilité canonique à une autorité plus proche, en l’occurrence l’évêque du lieu au Pérou, avec des statuts plus souples et mieux adaptés à la situation. La communauté bénédictine de la Résurrection a donc actuellement un statut diocésain, bénéficiant toutefois de l’accompagnement de l’abbé président. Une demande d’affiliation à la Congrégation bénédictine de l’Annonciation devrait être acceptée lors du prochain Chapitre général, en septembre 2018 à Subiaco.