Pentecote_2

N’oubliez pas l’Esprit saint, laissez-vous guider par l’Esprit. Nous entendons souvent ou nous lisons souvent ces appels. La fête de la Pentecôte est précisément là pour nous redire la réalité et la présence de l’Esprit saint dans le monde et chacune de nos vies.

Il faut d’abord remarquer que l’événement surprend les disciples. C’est une surprise pour eux, c’est inattendu. Et en effet, ils sont enfermés et retranchés, les portes sont bien verrouillées. La peur les pousse à la fuite et à l’isolement.

Seulement voilà « la vie ne tient pas en place ». Elle est plus forte que la mort. Jésus le leur avait dit mais ils n’y croyaient pas, pas encore. Ce n’est pas simple de renverser les murs intérieurs derrière lesquels on se barricade. Les disciples étaient à bout de souffle, le ventre noué et c’est un coup de vent qui remplit la maison où ils se tiennent. Cela bouge…

Et au lieu de la peur, c’est la paix qui prend la place. Non pas celle dont nous rêvons parfois et qui est la tranquillité, le non-dérangement, mais l’intranquillité, celle qui envoie, qui ouvre et fait sortir. « Moi aussi, je vous envoie », leur dit-il.

Et en effet, eux qui étaient sans mots, sans paroles, muets de peur, les voilà qui parlent…et l’on se demande : « ces hommes ne sont-ils pas tous des Galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ? ». Comme si l’Évangile au souffle de l’Esprit était la parole bonne pour toute vie, comme si elle avait de quoi parler partout et au cœur de tout un chacun, non comme une langue étrange ou dépassée mais une langue maternelle, matricielle. Comme si l’écoutant, chacun pouvait s’inventer, naître à plus de vie, trouver sa langue.

Et au lieu de diviser, cette parole évangélique rassemble ; elle n’oppose pas les gens les uns aux autres : thèse contre thèse, religion contre une autre. Elle ne s’impose pas ; elle fait qu’on désire aller ensemble. Allons ensemble, allons-y ensemble parce que là est le lieu du combat : la vie au lieu de la guerre et du meurtre.

Et ce ne sera pas l’uniformité qui nivelle, qui oblige l’autre à être comme je le veux, même si c’est pour son bien, qui met tout le monde à l’heure du même. Non ! C’est dans notre langue que nous entendons cela. On vous le dit : Parthes, Mèdes, et de la Lybie et de l’Egypte…Oui, unifier mais sans uniformiser. Le danger est toujours menaçant de « produire l’homme ». Paul y revient dans la deuxième lecture : que l’unité soit bien à l’image du corps où tous les membres n’ont pas la même fonction.

L’Esprit est associé au souffle et au feu. Il donne du souffle, il fait parler mais aussi, il prend soin. Comment ? En donnant sa lumière sur le chemin, en réchauffant alors que l’existence s’éteint ou devient cendre. C’est le courage d’être alors qu’on perd pied. Jésus leur avait dit : « Je suis venu apporter le feu sur la terre ». Mais quel feu ? Ajouter encore de la violence ? Augmenter encore les divisions entre les humains ? N’est-ce pas plutôt passer tout par le feu de la vie pour que tout aille à la vie et se sépare de ce qui est son contraire.

Oui la peur est mauvaise conseillère. Ils n’avaient quand même pas reçu de Jésus la peur en héritage pour se terrer ainsi dans les maisons. L’Esprit les poussait dehors, ailleurs, vers d’autres bords…

Fr. Hubert Thomas

Lectures de la messe :
Ac 2, 1-11
Ps 103
1 Co 12, 3-13
Jn 20, 19-23

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