À Wavreumont, les moines se retrouvent à l’église, à 6 heures 20, pour la prière communautaire du matin, avant de se plonger seuls dans la lecture de la Bible et d’y découvrir la Parole qui éclairera leur quotidien. Car la prière des moines n’est pas seulement liturgique.
La Bible, avec ses images et ses personnages foisonnants, ouvre à ses lecteurs un véritable livre d’aventure, celle de Dieu et des hommes, toujours recommencée. Jour après jour, le moine s’y plonge, s’offrant assidûment à la puissance créatrice de la Parole divine.
Le silence du petit déjeuner n’interrompt pas la méditation matinale du moine.
À l’eucharistie, en semaine comme le dimanche, le corps du Christ blessé, mort et ressuscité, remet le moine devant son propre corps et devant la communauté. En dehors d’une passion d’amour, la vie monastique est une folie inexplicable. Rien ne peut justifier ce choix exclusif du Christ si on ne se sent pas séduit, brûlé, consumé par le feu dévorant de Jésus-Christ mort et ressuscité pour nous. Par ce mystère, Jésus vient assumer nos pauvretés pour les convertir et les ouvrir à des perspectives nouvelles.
Après l’eucharistie, vient le temps pour chacun de rejoindre ses occupations. « Les frères doivent consacrer certaines heures au travail de leurs mains », dit Benoît. Le travail n’est pas seulement une tâche nécessaire pour gagner sa vie, mais un élément essentiel de l’équilibre spirituel et humain du moine comme de tout homme. Au cœur même de son travail, le moine reste sous le regard de Dieu et fait de celui-ci une prière.
Le soleil est maintenant haut dans le ciel. A midi, les moines se retrouvent une nouvelle fois à l’église par fidélité à celui qui les a appelés à faire route avec lui. Il leur donne rendez-vous.
L’heure du repas de midi sonne ensuite. Une lecture culturelle ou spirituelle aide à respecter le silence à table. Le temps de la vaisselle donne une possibilité de rencontre aux moines et aux hôtes en séjour. L’accueil des hôtes fait partie de la vocation bénédictine. En chacun de ceux-ci, c’est le Christ qui est reçu. L’accueil est un enrichissement autant pour la communauté qui reçoit que pour celui qui est reçu.
Après un bref temps de repos, la vie reprend, tissée notamment des tâches multiples qu’implique une vie en communauté : la cuisine, le nettoyage, le linge, le café, la comptabilité, la porterie. La communauté est aidée dans ce travail par une cuisinière et par des personnes familières de la communauté ou de passage au monastère.
Le soleil est encore là, mais il descend déjà. À 18 heures, l’office des vêpres nous introduit au temps du soir.
La prière communautaire précède un temps plus intime avec le Seigneur pendant lequel le moine peut rassembler dans le silence ce qu’il a vécu durant sa journée, se souvenir des personnes qu’il a rencontrées, déposer devant Dieu les croix qui lui ont été confiées et se livrer dans le silence à l’amour sans limites du Père.
La soirée, après le repas en silence sur un fond musical,est l’occasion d’un temps de rencontre fraternelle avec les hôtes, à la vaisselle, ou en communauté, au coin du feu ou à l’occasion d’une fête.
Une dernière fois, les frères se rassemblent à l’église pour les Complies, la prière qui précède la nuit. Ce dernier office se clôture par un chant à Marie par lequel le moine se place sous sa protection. Commence alors le grand silence de la nuit jusqu’au lendemain.