Frère Manuel nous offre, ce dimanche, deux homélies et non une. La première porte sur les lectures de ce jour (22ème dimanche du temps ordinaire B), la seconde concerne les lectures du 18ème dimanche ordinaire B (ce jour-là, frère Manuel a été empêché et remplacé par frère Bernard, mais il nous avait bien préparé une homélie.
Bain rituel juif
Dans l’évangile de ce jour, Jésus nous dit : « Ce qui sort de l’homme est impur, et non pas ce qui rentre. » L’évangile de Marc est le plus ancien des synoptiques, il est aussi l’évangile le plus direct. Nous pouvons dire que les pharisiens et les sadducéens n’ont pas entendu la loi et les prophètes dans leur message intérieur, laissant de côté le commandement de Dieu et mettant à leur place la tradition des hommes, comme nous le dira Jésus lui-même. Pour nous, aujourd’hui, mariages, baptêmes, communions et funérailles, sont des réunions souvent à caractère seulement social. En exagérant un peu, ce qui compte, c’est la robe de la mariée, etc… C’est une citation d’Isaïe, que Jésus proclame : « ce peuple m’honore du bout des lèvres, mais leur cœur est loin de moi. » Par exemple, les normes d’hygiènes ne sont pas mauvaises en soi. Mais aujourd’hui, nous pouvons tous dire qu’avec le coronavirus, les règles d’hygiène sont nécessaires et s’imposent. Dans les célébrations, on accomplit le rite, mais où est le cœur ? Nous accomplissons les rites, mais ils sont vides de Dieu. Dans notre société actuelle, nous constatons une indifférence grandissante, une absence d’inquiétude religieuse.
Saint Marc nous présente la société dans laquelle Jésus vit avec les maîtres de la loi, observant scrupuleusement les traditions. Aux pharisiens, observant que les disciples mangent avec les mains impures, la réponse de Jésus est claire : « Vous laissez de côté le commandement de Dieu pour mettre à sa place la tradition des hommes. » Pour nous, nous devons nous préoccuper moins des traditions du passé, et plutôt de l’émergence d’une Église plus proche du peuple, et donc ainsi plus proche de Dieu.
Cependant, il n’est pas bon de prétendre interpréter l’événement chrétien de l’arrivée du Messie seulement à partir de notre contexte présent, oubliant la tradition chrétienne qui nous a accompagné durant vingt siècles. Les chrétiens qui prétendent lire l’Évangile sans la tradition, risquent d’appauvrir grandement la lecture biblique. Ce serait méconnaître et ne pas reconnaître les richesses que la Bible nous a transmises et qui ont fait vivre des générations dans la foi. La foi ne peut pas transmettre son message de la main à la main. La foi, c’est la face de Dieu à l’intérieur de chacun d’entre nous et à l’intérieur de l’Église. Dans le cœur de la vraie tradition, Jésus est là, vivant. Il nous attend.
Dans la première lecture, tirée du livre du Deutéronome, Moïse signale que l’Alliance avec Dieu, c’est obéir au Seigneur, et que, obéir au Seigneur, c’est de la sagesse, donnée gratuitement, car « vous avez reçu le commandement et l’amour de Dieu gratuitement. »
Dans la lettre de saint Jacques, on nous exhorte à obéir à la loi du Seigneur, et plus encore que simplement l’écouter, lui obéir, c’est la mettre en pratique, en aidant les veuves et les orphelins dans leur malheur. C’est la dimension horizontale : des hommes pour les hommes.
Pour conclure, c’est l’occasion de rappeler le commandement nouveau qui nous est donné de la bouche même de Jésus : aime Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toutes tes forces, et ton prochain comme toi-même. Maintenant, Nous pourrions parler beaucoup sur le sujet des commandements, mais rassurez-vous, je le laisse pour la prochaine fois…
Fr. Manuel Akamine
Lectures du jour :
Dt 4, 1-2.6-8
Ps 14 (15), 2-3a, 3bc-4ab, 4d-5
Jc 1, 17-18.21b-22.27
Mc 7, 1-8.14-15.21-23)
Homélie du 18ème dimanche ordinaire B
Dans l’évangile selon saint Jean, nous trouvons huit fois l’affirmation de Jésus : « Je suis ». Aujourd’hui, il dira : « Je suis le pain de la vie. » Dans l’ensemble de l’évangile selon saint Jean, nous trouvons les expressions suivantes : « Je suis la lumière, je suis la porte, je suis le bon pasteur, je suis le chemin, la vérité et la vie, je suis le vrai cep, je suis la résurrection et la vie. » Le chiffre huit n’est pas tombé par hasard. Dans les évangiles, surtout chez Jean, cela signifie qu’il y a une vérité plus profonde à chercher. Le chiffre sept, c’est la plénitude, et le chiffre huit, c’est la totalité, l’accomplissement.
Derrière ces affirmations, nous trouvons à l’arrière-plan, l’épisode du buisson ardent. Moïse est déchaussé devant le buisson qui brûle mais ne se consume pas. Moïse est appelé par Dieu. Moïse encore interpelle le Seigneur qui lui dit : « Je suis celui qui suis ».
Dans la première lecture, le peuple d’Israël est tenté de regarder en arrière, d’oublier les peines et les misères vécues en captivité, lorsqu’il était esclave. En effet, le peuple murmurait : « Quand nous étions près des marmites de viande, on pouvait aussi manger du pain à satiété ». Mais notre Dieu est un Dieu de tendresse et de miséricorde : Le lendemain matin, il donnait la manne et le soir, un vol de cailles couvrait le camp. Le récit de la manne est une déjà une sorte de multiplication des pains. Ce récit nous parle dans un sens existentiel. Il nous parle de notre vie de foi, de notre relation à Dieu.
Donc, dans la première lecture ainsi que dans l’évangile, on nous parle de nourriture. Deux récits de miracles. Je vous rappelle que le mot miracle vient d’une racine latine qui signifie : « s’étonner ». A présent, les témoins de la multiplication des pains veulent faire de Jésus un roi, car Jésus avait multiplié les pains et les poissons. Voilà un roi qui pouvait rassasier le peuple en multipliant les pains ! Dans notre évangile, le récit reprend au lendemain d’une des multiplications. Jésus, après, est passé de l’autre côté du lac de Tibériade, appelé aussi « mer de Galilée ». La foule qu’il venait de nourrir est partie à sa recherche. Il est bien certain que pour les gens, manger à leur faim n’était pas si évident, et alors, combien impératif il était pour eux de garder un tel homme providentiel.
Ainsi, Dieu fait sortir Israël de l’esclavage, puis le fait passer par le désert, un lieu qui semble vide, et où la vie est difficile, hostile, et en même temps, le désert est le lieu de la présence divine, là où Dieu se manifeste. Pour traverser le désert, avoir la foi, cest capital. C’est le lieu où l’homme ne peut que faire confiance. Mais le peuple murmurait devant les difficultés.
Pour nous aujourd’hui, ce récit du désert nous pose la question : « Arrivons-nous toujours à faire confiance au Seigneur ? Nous offre-t-il des garanties suffisantes ? Ne faisons pas plutôt confiance à nos propres forces, nos comptes en banque ? » Le peuple et nous-mêmes, ne faisons-nous pas davantage confiance en Dieu qui nous mène dans ce désert qui est la vie ?
Mais la présence de Dieu, et son action, nous ne les voyons pas. Sa présence parfois est fugace, discrète, indétectable, bien présente et agissante cependant. Voilà le passage de Dieu dans nos existences.
Nous l’avons vu, saint Jean reprend le thème de la manne, mais il fait aussi, presque tout de suite, une lecture symbolique de l’événement. « En vérité, en vérité, je vous le dit, ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain du ciel, mais c’est mon Père qui vous a donné le véritable pain du ciel. Car le pain de Dieu est celui qui descend du ciel et donne la vie au monde. » Ce pain, qui est libération, qui nous rassasie de cette nouveauté tout au long de notre existence, de notre désert, avec ses pénuries mais aussi avec l’abondance que Dieu procure.
Saint Jean nous donne la réponse : « Seigneur, donne-nous toujours ce pain-là. » Jésus leur dit : « C’est moi qui suis le pain de vie. Qui vient à moi n’aura jamais faim. Celui qui croit en moi, jamais plus n’aura soif. » Pour finir, il est bon de nous poser la question : « Mais, est-ce que je crois que Jésus est vraiment le pain de ma vie ? » A chacun de creuser sa réponse…
Fr. Manuel Akamine
Lectures du 18ème dimanche ordinaire B :
Ex 16, 2-4.12-15
Ps 77 (78), 3.4ac, 23-24, 25.52a.54a
Ep 4, 17.20-24
Jn 6, 24-35