Quiconque s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé :
ma ‘juste’ place auprès de Dieu
Pourquoi, l’homme et la femme ont-ils toujours besoin de reconnaissance et de se mettre en avant ? N’est-ce pas une façon d’exprimer leur besoin d’exister ?
Dans l’Évangile de ce matin, Jésus nous met en garde contre le danger de prendre la première place ; il nous invite plutôt à choisir la dernière pour une autre plus ajustée : « Quiconque s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé »[1].
Pensez par exemple à une fête d’anniversaire, de jubilé ou de mariage. Votre jardin est rempli de personnes que vous aimez bien mais personne ne se propose de vous aider, personne n’est disponible pour servir et tous souhaitent s’asseoir près de la mariée. Quelle cacophonie !
Dans la lettre aux Hébreux, c’est tout autre chose : le peuple d’Israël vient vers Dieu impalpable, vers les cieux invisibles, vers la Jérusalem céleste. Des réalités qui semblent si lointaines mais qui sont si proches quand nous les laissons entrer en nous. Si nous sommes ouverts à les accueillir au plus profond de notre être, nous mettons Dieu à la première place.
Et dans notre quotidien familial: quel enfant n’aime pas avoir la première place, de gagner un match ou de jouer le premier violon ? Dans l’éducation, il me semble aussi important de ne pas rabaisser les élèves mais de les encourager vers la réussite et la réalisation artistique, scientifique et littéraire.
Mais Jésus renverse le propos : il enseigne plutôt le contraire de notre intuition humaine, en quelque sorte, il nous demande un déplacement : se rendre humble et accepter la dernière place, se rabaisser, s’humilier (évangile du 15 août) car ainsi nous accèderons à la première place.
Comme on trouve encore dans le 2ème livre des Chroniques : « Si mon peuple sur qui est invoqué mon nom s’humilie, prie, et cherche ma face, et s’il se détourne de ses mauvaises voies, je l’exaucerai des cieux, je lui pardonnerai son péché, et je guérirai son pays. »[2]
Et chez Luc, c’est une place dans le Royaume de Dieu. De plus, ce royaume, ce vivre ensemble, est ouvert à tous. Comme disciple de Jésus, il faut simplement faire le premier pas pour y entrer. C’est peut-être cela notre décision à prendre, notre action à réaliser et le pas à franchir[3] … Ce premier pas vers l’humilité pourrait-il nous ouvrir à une nouvelle compréhension du monde et de nous-même ? Chez Saint Benoît, l’humilité signifie prendre sa place, autrement dit, être à sa place.
Alors, l’Évangile n’invite-t-il pas à réfléchir sur notre « juste » place ?
Finalement, où sommes-nous vraiment à notre place ? Dans quel espace et dans quelle situation nous trouvons nous le plus proche à Dieu ?
Dans un instant, quand nous célébrerons l’eucharistie ensemble, c’est-à-dire que nous rendrons grâce à Dieu, c’est alors que nous recevrons notre vraie place celle que Dieu nous réserve et pas celle que nous avons choisie selon nos critères humains.
Rendons grâce au Seigneur qui nous invite à sa table à partager le pain et le vin avec Lui.
[1] Lc 14, 11 et Mt 23, 12.
[2] 2 Ch 7, 14
[3] Dt 15, 7.8.10.11
Birte Marianne Day
Lectures de la messe :
Si 3, 17-18.20.28-29
Ps 67 (68), 4-5ac, 6-7ab, 10-11
He 12, 18-19.22-24a
Lc 14, 1.7-14