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« Soyez sans crainte, ne craignez pas ! », nous dit le Seigneur. Il me semble important de dire que notre évangile fait partie du discours d’envoi des disciples en mission. Les missionnaires sont porteurs du salut qui vient de Jésus. Ils sont envoyés pour faire connaître la vérité de Dieu aux extrémités de la terre, sans oublier qu’ils doivent être candides comme des colombes tout en étant prudents comme des serpents. Notre évangile est aussi une exhortation à devenir libres comme lui, Jésus, est libre.

Jésus est incarné dans une culture propre, dans un peuple concret. Il prêche d’abord aux brebis perdues d’Israël et non aux païens, envoyé pour aider le peuple à porter les fardeaux que les autorités religieuses de son temps faisaient peser sur eux. Aujourd’hui, le message du sauveur doit se dire aux quatre vents, sur le toit de la maison. « Tout ce que je vous ai dit au creux de l’oreille, sera dévoilé, donc, tout ce qui est caché sera connu. Ne craignez pas le diviseur, le maître de ce monde. »

Quand notre cœur n’est pas habité par un amour fort et une foi ferme, facilement nos vies restent la proie de nos peurs. Nous en trouvons de plusieurs genres : parfois, c’est la peur de perdre du prestige, ou sa position sociale. Mais cette peur déjà nous empêche de prendre les décisions nécessaires. Ne risquons pas de perdre notre rang, notre argent, tout simplement, notre petite vie confortable.

Dans la première lecture, tirée du livre du prophète Jérémie, nous entendons sa plainte devant le Seigneur. Il prêche la destruction du temple et l’envoi du roi et du peuple, comme captifs à Babylone. Jérémie prophétise comme ligne de fond, que le Seigneur vaut plus que tous les cadeaux. « Dieu a donné, Dieu a repris », nous dira Job.

Dans sa lettre aux romains, Paul enseigne que le péché est venu dans le monde par un seul homme, préfiguration de Jésus. Donc, si par un seul homme, Adam, le péché est venu dans le monde, c’est par un seul homme, Jésus, que nous avons été rachetés. Car nous sommes aimés par Dieu gratuitement. Donc, nous n’avons rien à craindre.

Revenons à notre évangile. Dans le texte, Jésus nous dit trois fois : « Ne craignez pas ! » Mais nous, nous vivons dans un monde où une peur diffuse se répand dans toutes les couches de la société. Jésus nous dit : « N’ayez pas peur ». Il ouvre le temps de la mission, un temps apocalyptique, non dans un sens catastrophique, mais dans son sens étymologique. « Apocalyptique » veut dire en effet : « révélation », dévoilement, enlever le voile.

Jésus nous demande de ne pas avoir peur, car chacun de nous est aimé par Dieu. Nous avons du prix à ses yeux. A propos des moineaux, ce sont de petits oiseaux comme ceux que le peuple pouvait offrir en offrande au temple, , faute d’argent pour acheter du bétail.

J’ai parlé d’une peur diffuse qui gagne de plus en plus de terrain : peur de l’avenir, peur de perdre son emploi, peur pour la planète, peur du nucléaire, et peur du virus, un ennemi silencieux qui nous guette. Enfin, devant tous ces dangers dévoilés, le Seigneur insiste beaucoup : « Ne craignez pas ! » N’oublions pas que notre évangile, dans son contexte, est un discours de Jésus à ses disciples envoyés en mission. Certainement, ils connaissent le refus et de nombreux dangers, car au temps où saint Matthieu rédige son évangile, l’Église était juste naissante, les chrétiens souffrent persécutions. Nous sommes dans les années quatre-vingt de notre ère.

Mais aujourd’hui, nous nous trouvons dans un monde, disons, assez semblable sous plusieurs aspects. Mais répétons : « Ne craignez pas, n’ayez pas peur ! »

Fr. Manuel Akamine

Lectures de la messe :
Jr 20, 10-13
Ps 68 (69), 8-10, 14.17, 33-35
Rm 5, 12-15
Mt 10, 26-33

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