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Christus vivit

« Il vit, le Christ  = Christus vivit » : ainsi commence la lettre que le pape François vient d’adresser aux jeunes du monde entier (donc à nous….) à la suite du dernier synode. « Il vit le Christ, notre espérance, et il est la plus belle jeunesse de ce monde… Il vit et il te veut vivant. Il est en toi, il est avec toi et jamais ne t’abandonne. Tu as beau t’éloigner, le Ressuscité est là » (fin de citation)

Il vit, le Christ, il est en toi : la parole du pape ne concerne pas que les jeunes, évidemment. Et quand il ajoute que Jésus n’est pas seulement un bon exemple du passé, un personnage remarquable qui a marqué l’histoire de l’humanité, cela concerne beaucoup de nos contemporains, sceptiques comme les femmes qui les premières se sont rendues au sépulcre à la pointe de l’aurore. Le messager leur dit : pourquoi chercher parmi les morts celui qui est vivant ? Après leur témoignage, les autres ont pensé que les femmes tenaient des propos délirants…

Il vit, le Christ, lui qui a transformé Pierre le renégat et l’incrédule en témoin audacieux à Jérusalem, à Césarée et jusqu’à Rome, où il paiera de sa vie sa fidélité à Jésus. Il vit, le Christ, parce qu’aujourd’hui encore des Oscar Romero ou des moines de Tibhirine témoignent jusqu’au sang de leur foi en sa parole : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ».

Il vit, le Christ, quand quelqu’un, qu’il fasse ou non partie de notre tribu chrétienne, prend soin du blessé sur le bord de la route, prend soin du sans-abri dont tout le monde détourne le regard ou du migrant qui campe sans protection au parc Maximilien – et Jésus nous dit comme au docteur de la Loi : « va, et toi aussi fais de même ».

Il vit, le Christ, quand nos cœurs s’ouvrent à la compréhension des Ecritures et que dans la création du monde et de l’homme et de la femme nous reconnaissons que cela est bon, et que nous travaillons à la sauvegarde de notre maison commune et à la protection de la famille.

Il vit, le Christ, parce qu’il n’a pas changé d’avis depuis le temps où il voulait, à travers les méandres de l’histoire, la liberté pour un petit peuple chargé de porter pour le monde la foi en un Dieu d’amour unique. Et aujourd’hui il continue de nous confier ce précieux héritage pour que le monde croie, et qu’on puisse vérifier, comme le rappelle sans cesse l’apôtre Paul, que l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint.

Il vit, le Christ, quand deux ou trois sont rassemblés en son nom. Croyons-nous assez en cette présence ? Elle n’est pas liée à des pierres, si nobles et chargées d’histoire soient-elles, mais à la foi et au désir de communion qui nous réunit, que nous soyons des milliers à Rome ou quelques-uns dans une petite chapelle.

Il vit, le Christ, dans cette Église malmenée, défigurée par les scandales, mais porteuse malgré toutes ses défections d’un message brûlant d’amour et de miséricorde. Le pape cite encore cette image, rapportée par des jeunes des îles Samoa : « L’Eglise est une pirogue, sur laquelle les vieux aident à maintenir la direction et les jeunes rament avec force ».

Enfin – last but not least – le Christ est vivant quand nous partageons le pain et le vin de l’Alliance nouvelle et éternelle entre Dieu et l’humanité.

Il est grand le mystère de la foi : oui, tout cela nous dépasse ; oui, quand nous disons Amen en recevant le corps et le sang du Christ, nous ne pouvons pas mesurer la largeur et la longueur, la hauteur et le profondeur, l’immensité de l’amour plus fort que la mort. « Échec à la mort » avons-nous répété hier durant le chemin de croix : nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire !

Abbé René Rouschop

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