Même si le confinement est bien levé, nous sentons qu’une épée de Damoclès reste dressée au-dessus de nos têtes et assez spontanément on se pose la question : sommes-nous des orphelins dans ce monde ? Qu’avons-nous pour répondre à cette question qui n’est pas purement intellectuelle ?
L’évangile de ce jour contient une promesse, une double promesse. D’une part, Jésus dit : « je ne vous laisserai pas orphelins, je viendrai vers vous ». D’autre part, il promet que l’Esprit saint nous sera donné. C’est un don et il n’est pas question de mérite ni de ce qui pourrait faire l’objet d’un calcul. C’est un don. L’Esprit saint est ici qualifié de défenseur et c’est même, comme il est dit, un autre paraclet. Pourquoi « défenseur » ? Parce que l’Évangile est en lui-même un procès, le procès du monde, et il engage dans un procès dont l’enjeu est la victoire de la vie sur la mort. Mais pourquoi « un autre Paraclet » ? Sans doute parce qu’il s’agit de poursuivre l’œuvre de Jésus et de la tirer au-delà de ses limites spatio-temporelles tout en restant dans son inspiration. Il s’agit de décloisonner l’Évangile pour qu’il reste aujourd’hui une parole vivante. Il s’agit de faire que la bonne nouvelle soit toujours nouvelle.
L’évangile de ce jour indique aussi que ce don de l’Esprit saint nous engage. On peut pointer quelques traits.
D’un côté, puisque l’Esprit saint est un don, il s’agit de rester dans l’attitude de recevoir, d’accueillir le don car on pourrait être dans le non-recevoir, l’indifférence, la lassitude, le refus …
D’un autre côté ce qui est demandé par l’évangile c’est de passer d’une relation doctrinale à une relation d’amour à Jésus : « si vous m’aimez », un verbe qui revient à plusieurs reprises. Comment le vérifier ? Si nous gardons sa Parole. Il ne s’agit pas de règles morales à suivre, il s’agit de l’Évangile à garder au sens de demeurer dans. Étant avertis qu’il s’agit bien d’une parole en procès, qui fait le procès et qui est mise en procès.
Jésus lui-même a reçu un commandement du Père, ce commandement qui est l’Évangile lui-même comme vie et la croix montre le procès qui lui a été fait.
Concluons. Il ne s’agit pas ici d’une voie mystique pour être dans une bonne relation chaude et fusionnelle avec Jésus ou le Père car le commandement à garder est toujours nouveau : « je vous donne un commandement nouveau, celui de vous aimer les uns les autres ». Passer au Père à la suite de Jésus, c’est passer à la fraternité.
Passer à la fraternité n’est sans doute pas simple à l’heure où chacun s’avance masqué. Le troisième pilier de la République mérite bien qu’on le soigne aussi.
Comme disait un humoriste local : « le plus dur, c’est de …tenir !
Fr. Hubert Thomas
Lectures de la messe :
Ac 8, 5-8.14-17
Ps 65 (66), 1-3a, 4-5, 6-7a, 16.20
1 P 3, 15-18
Jn 14, 15-21