Frères et sœurs,
Ne sommes-nous pas en carême depuis presqu’un an ? C’est peut-être une pensée qui nous traverse l’esprit en ce mercredi des cendres. Un carême sans carnaval qui le précède et dans l’inquiétude de devoir encore fêter Pâques en sourdine. Évidemment, ce point de vue réduit ces 40 jours de préparation à leur aspect pénitentiel. Le carême est aussi un temps de joie retrouvée, de réveil du désir, de redécouverte de l’essentiel.
Sans vouloir minimiser les aspects catastrophiques et les drames qu’ont occasionnés ces mois de crises, peut-être y avons-nous aussi redécouvert certaines valeurs ou expériences positives.
Devant les yeux nous avons des cendres et du terreau. Les cendres sont ce qui a été consumé, ce qui a été perdu : un emploi, les activités qui nous procuraient du bien-être, les relations amicales réduites au minimum, la liberté de voyager, l’inquiétude, l’angoisse, les troubles psychologiques.
Le terreau, c’est le sentiment que tout n’est pas perdu, c’est notre envie de vivre et de recommencer mieux qu’avant, les efforts et les initiatives pour que l’humain reste debout au cœur de la tempête.
De même, dans les lectures d’aujourd’hui, nous retrouvons ces éléments. La cendre est dans la tristesse du péché, de l’éloignement de Dieu, dans le manque, les larmes et le deuil. Le terreau, c’est notre désir de revenir à Dieu, nos réactions d’espérance et de résilience : sonner, convoquer, annoncer la Parole malgré les difficultés.
Et la semence, c’est la conviction et l’expérience que Dieu est tendre, miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour. C’est l’étonnement que Dieu lui-même décide de revenir à nous, comme le père qui sort de chez lui pour guetter le retour de son fils. La semence, c’est la grâce faite de patience et d’urgence à la fois. Elle va s’ouvrir et croître, elle va nous pousser à agir à partir de notre désir profond. Voilà la semence qui s’enracine dans la cendre et le terreau.
Cette année, nous ne recevrons pas les cendres sur le front comme à l’accoutumée. Nous allons symboliquement signifier ce que je viens de dire en nous présentant au chœur avec ce que le frère jardinier a préparé pour chacun : un petit récipient contenant cendre et terre, dans lequel je déposerai quelques semences qui pourront germer et croître à l’approche du printemps et de la fête de Pâques si vous y apportez un peu d’eau et de lumière.
Le semeur d’Évangile nous appelle à nous convertir et à croire en la force de Vie !
Fr. Renaud Thon
Lectures de la messe :
Jl 2, 12-18
Ps 50 (51), 3-4, 5-6ab, 12-13, 14.17
2 Co 5, 20 – 6, 2
Mt 6, 1-6.16-1