« Prends pitié de moi, Seigneur, ma fille est tourmentée par un démon. »
Une cananéenne implore Jésus pour sa fille malade comme s’il s’agissait d’elle-même. « Viens à mon secours », lui dira-t-elle plus loin.
Je crois que toute maman a vécu ou vit encore aujourd’hui la maladie de son enfant comme si c’était la sienne propre, en plus fort. Elle souffre plus que sa fille.
On pourrait dire qu’il s’agit d’une confusion que le démon sème dans la personne comme il l’a fait pour Ève avec le serpent ou pour Jésus lui-même quand il fut tenté par Satan[i]. C’est vrai, mais il me semble que c’est d’abord le bon sens parental et donc la souffrance devant un enfant malade qui est première.
Il n’empêche, la maman est aussi perturbée que sa fille, elles sont chacune prisonnières de leur souffrance. Elles vont être libérées de celle-ci par la foi que Jésus a envers son Père quand il lui dit, rappelez-vous peu avant sa mort au jardin de Gethsémani : « qu’il m’advienne en moi comme toi tu veux« (Mt 26, 39).
Ce sont exactement les même mots que Jésus adresse à la cananéenne. Donc Jésus, d’une part, accomplit le désir du Père : « qu’il m’advienne en moi comme toi, tu veux ». Et, d’autre part, Jésus fait advenir le désir chez la femme : « Que tout se passe pour toi comme tu veux [ii].
Le parallélisme de ces paroles nous montre bien comment la liberté retrouvée ou simplement découverte de la cananéenne provient de la foi même que Jésus à en elle. Comme, oserais-je dire, la foi du Père en Jésus lui a donné d’être aussi libre. Jésus a reçu sa liberté de l’amour de son Père.
Comme la maman souffrait des souffrances de sa fille, Jésus souffre de la souffrance du monde. Mais sa foi en son Père sauvera le monde.
Revenons à Gethsémani où Jésus, envahi par la tristesse, invite ses disciples Pierre et les fils de Zébédée à l’accompagner; n’en pouvant plus, il leur dit: « demeurez ici et veillez avec moi. »
Notre prière et notre foi peuvent apaiser et rendre l’espérance à celle ou celui qui est dans la peine.
[i] Jean-Paul Laurent ds « Lire pour vivre », édit. CRER, p.36
[ii] idem
Fr. Pierre Gabriel
Lectures de la messe :
Is 56, 1.6-7
Ps 66 (67), 2-3, 5, 7-8)
Rm 11, 13-15.29-32
Mt 15, 21-28