Cana

Que s’est-il passé ce jour-là à Cana de Galilée ? 600 litres de très bon vin, on aurait aimé participer à ces noces … D’ailleurs la mère de Jésus était là, et ses disciples aussi ; peut-être aurions-nous eu notre place ? Bien sûr la télévision n’était pas là pour enregistrer l’événement : c’est Saint Jean qui nous le raconte, et nous savons que lui, ce qu’il aime ce sont les symboles – ou, pour employer son langage les signes. Celui-ci est le premier qu’il retient de la vie de Jésus. Avant cela, dans son chapitre premier, il annonçait que le Verbe de Dieu s’est fait chair, puis le baptême de Jésus manifeste qu’il est le Fils de Dieu et il appelle ses premiers disciples. Voici donc le chapitre 2 : on commence par un mariage, à Cana de Galilée. région de pêcheurs et de paysans, loin de la capitale. Le monde anonyme, l’humanité dans sa banalité. C’est là que Dieu, dans son Verbe fait chair, réalise son premier coup d’éclat. Dieu, quand il devient humain, ne commence pas avec de grands discours. Il laisse parler sa mère : ils n’ont pas de vin, faites tout ce qu’il vous dira. Et il dit simplement : remplissez d’eau les jarres. L’eau de ces jarres servait à des purifications rituelles. Par la parole de Jésus, le rite ancien est transformé, l’ordinaire devient formidable… et le chef de cuisine n’en revient pas ! Pourtant, l’heure du Christ n’est pas encore venue. Femme, dit-il à sa mère – cette appellation est tout-à-fait normale à l’époque, et l’évangéliste la reprendra au pied de la croix : Femme, voici ton fils. A ce moment-là, l’heure de la mission accomplie sera venue : l’aboutissement de la grande réconciliation entre Dieu et l’Homme, le vrai mariage humain et divin, l’Alliance nouvelle et éternelle.

Le mariage de Cana n’en est que le signe. Le prophète l’avait déjà perçu : cette terre se nommera l’épousée, comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu. N’est-ce pas cette joie qui rayonne à travers la variété des dons de la grâce, dont parle St Paul ? Les activités sont variées, mais c’est le même Dieu qui agit en tout et en tous. A chacun est donnée la manifestation de l’Esprit, en vue du bien. En tout cela, c’est l’unique et même Esprit qui agit.

L’Esprit qui agit en Jésus a transformé l’eau des purifications en vin de l’Alliance. Ce qui s’est passé ce jour-là dans un coin perdu de Galilée, c’est ce qui se passe aujourd’hui quand un homme et une femme s’engagent pour la vie et invitent à partager leur joie. C’est ce qui se passe quand une femme attire l’attention sur ce qui manque… Ce qui s’est passé ce jour-là dans un coin perdu de Galilée, c’est ce qui se passe aujourd’hui quand nous faisons ce que la parole du Seigneur nous dit, c’est ce qui se passe quand nous félicitons quelqu’un pour son bon travail… Ce qui s’est passé ce jour-là dans un coin perdu de Galilée, c’est ce qui se passe aujourd’hui quand les amis de Jésus se réunissent dans la foi et la confiance en lui pour partager le repas de son Alliance, toujours nouvelle et toujours à renouveler…

Heureux sommes-nous d’être invités au repas des noces de Dieu et de l’humanité !

Abbé René Rouschop

Lectures de la messe :
Is 62, 1-5
Ps 95 (96), 1-2a, 2b-3, 7-8a, 9a.10ac
1 Co 12, 4-11
Jn 2, 1-11

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