Marie est la femme qui a accueilli Jésus en elle, avant de le mettre au monde, de le donner au monde. Accueillir ou recevoir et donner, n’est-ce pas la vocation de toute maman?
Je me rappelle, il y a des années, une dame m’avait confié qu’elle n’avait jamais été désirée par sa maman et qu’elle avait trouvé en Marie un accueil qu’elle n’avait jamais connu auparavant.
En ce jour de la fête de la glorification de Marie, nous sommes dans la joie. Il a été demandé à Marie de porter et d’enfanter Jésus. Elle est invitée aujourd’hui à participer aux joies célestes, joies qui nous sont également promises par le Christ. En effet, par sa résurrection, il nous entraîne dans le même mouvement vers sa demeure véritable. Marie qui a accueilli Jésus dans son Corps puis dans sa maison, une pauvre maison en forme de mangeoire sur le bord du chemin, est accueillie aujourd’hui dans la demeure de Dieu.
Il y a dans la rencontre de Marie et d’Élisabeth, une joie réciproque. Un accueil inconditionnel de l’autre et une joie partagée au don de l’autre. Marie et Élisabeth se rencontrent d’une manière nouvelle, elles s’éclairent toutes les deux sur la présence de Dieu en chacune. Une maman a la vocation d’accueillir son enfant et de lui donner la joie.
Alors que l’Église, depuis plus de 2000 ans, est passée et passe encore par des moments de découragement où les chrétiens se sentent tristes, aujourd’hui Marie refait l’expérience du don gratuit de l’amour véritable par lequel elle a reçu Jésus. Ces dons de la vie et de l’amour dont Marie est la bénéficiaire ne sont pas des dons réservés, mais des dons promis. Tous, nous recevrons une mesure débordante de ce don, comme à Cana.
Par sa sensibilité, Marie n’avait pas besoin de grandes explications pour comprendre et entrer dans le mystère de Dieu. C’est d’ailleurs Dieu qui est entré en elle pour ensuite se manifester dans le sein d’Élisabeth. Par la rencontre de Marie et d’Élisabeth, Luc met en image le don de l’Esprit et de la foi qui grandit en chacun de nous; en disant à Marie : « tu es bénie ou bien le fruit de tes entrailles est béni, Élisabeth veut dire : Dieu agit en toi et par toi et Dieu agit en ton fils et par ton fils. L’Esprit Saint nous donne de découvrir dans nos vies et celle des autres –tous les autres-, la trace de l’œuvre de Dieu.
Dieu continue à naître et à renaître dans le monde par notre personnalité, notre charisme, notre couleur. Si le mal destructeur est toujours à l’œuvre dans le monde, la glorification de Marie nous rappelle que l’amour dans la force de sa gratuité aura le dernier mot.
Je me rappelle, il y a des années, j’étais à Banneux avec une amie et on voyait une pauvre femme déambuler dans une allée du sanctuaire avec des sacs et faisant les poubelles une après l’autre, et mon amie me dit: « Tu vois cette dame… eh bien, c’est pour elle que Marie est venue. »
Fr. Pierre Gabriel
Lectures de la messe :
Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab
Ps 44, (45), 11-12a, 12b-13, 14-15a, 15b-16
1 Co 15, 20-27a
Lc 1, 39-56