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Il ne manque pas de culot, saint Pierre. « Vous aviez renié Jésus en présence de Pilate qui était décidé à le relâcher. Vous avez renié le Saint et le Juste. » Deux fois, il dit aux gens qu’ils ont renié Jésus, lui, Pierre, vous vous rendez compte ? Il semble oublier qu’il leur avait donné l’exemple, le mauvais exemple, trois fois. Il s’était pourtant déclaré prêt à aller avec Jésus en prison et à la mort. Jésus l’avait prévenu : « Le coq ne chantera pas aujourd’hui avant que toi, par trois fois, tu aies nié me connaître. » Il aurait pu être piqué au vif, être d’autant plus décidé à faire ses preuves. Même pas : identifié par une jeune servante, il a renié Jésus. Trois fois. Et maintenant, quelques semaines plus tard, il dit à de braves gens tout surpris de voir bondir sur ses pieds un infirme qui n’en croit pas ses jambes : « C’est vous qui avez renié Jésus. » Il faut le faire, tout de même. Où va-t-il puiser une telle audace ?

La réponse à cette question se trouve peut-être quelques lignes plus loin, dans le même discours de Pierre. C’est la dernière phrase de l’extrait que nous avons entendu ce matin : « Convertissez-vous donc et tournez-vous vers Dieu pour que vos péchés soient effacés. » Saint Luc ne nous raconte pas comment Pierre et Jésus se sont réconciliés. Tout ce qu’il dit, c’est que Pierre, au chant du coq, en se souvenant de la prédiction de Jésus, a pleuré amèrement. Mais on peut tenir pour certain que ces larmes amères l’ont tourné vers Dieu pour que ses péchés soient effacés.

Effacés. Voilà le mot qui explique tout. Voilà ce dont Pierre est certain. Ses péchés sont effacés, on n’en parle plus, il n’y pense plus. Et il voudrait offrir la même paix à ses auditeurs : « Tournez-vous vers Dieu pour que vos péchés soient effacés. » Tant qu’ils ne l’ont pas fait, ils portent le poids de leur reniement. Pierre ne fait plus mention du sien, il n’y pense plus : c’est effacé.

Alors que nous entassons dans notre mémoire et dans nos tiroirs tant d’archives malveillantes pour alimenter nos rancœurs, alors que la presse nous parle chaque jour de personnes qui sont rattrapées par leur passé, Dieu nous offre un pardon qui efface tout.

Cela me fait songer à ce que saint Claude La Colombière disait à une abbesse : « Je ne sais ce que vous voulez dire avec votre désespoir, on dirait que vous n’avez jamais entendu parler de Dieu, ni de sa miséricorde infinie. Je ne puis plus vous pardonner ces sentiments ; je vous prie d’en prendre l’horreur que vous devez et de vous souvenir que tout le mal que vous avez fait n’est rien en comparaison de celui que vous faites en manquant de confiance. »

Fr. François Dehotte

Lectures de la messe :
Ac 3, 13-15.17-19
Ps 4, 2, 4.7, 9
1 Jn 2, 1-5a
Lc 24, 35-48

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